Dix-Neuf Décembre

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Louis, Présent

Cette nuit mon esprit fut tourmenté, partagé entre l'envie d'avancer et celle de le retrouver. Jouant encore et toujours les mêmes souvenirs et plus on approche de la date fatidique plus les souvenirs deviennent vraiment douloureux à vivre et me tiennent éveillé la plupart de la nuit.

Ce matin quand les larmes ont fini de couler abondamment, j'ai décidé de me lever, laissant dormir profondément ma chienne qui n'a pas bougé une oreille quand je suis sorti du lit silencieusement. Je lui ai lancé un dernier regard nostalgique alors qu'elle occupe désormais sa place dans le lit, comblant cette sensation de froid qui m'entourait depuis que je suis de retour dans la maison familial.
J'entrebâille la porte, passant discrètement dans le couloir, marchant sur la pointe des pieds pour ne réveiller personne. Je descends les escaliers avec lenteur essayant au maximum de ne pas faire craquer le bois sous le poids de mon corps. Je frissonne lorsque mes pieds rentrent en contact avec le carrelage froid du rez-de-chaussée, m'engouffrant plus chaudement dans mon gros sweat.

Je passe dans la cuisine et je sursaute légèrement quand je vois une silhouette, attablée à l'îlot central, une tasse dans les mains. En relevant la tête, les longs cheveux bruns qui cachaient le visage de ma mère le laisse être baigné par l'éclairage de la hotte de cuisine et les faibles rayons de soleil. Son regard se pose sur moi, légèrement brillant, me souriant avec une tendresse infinie.

Le bleu de nos yeux ne se lâchent plus alors qu'elle esquisse un geste en ma direction, faisant glisser une tasse fumante vers moi, fronçant les sourcils, je m'installe à ses côtés la regardant toujours. Je me tourne vers elle pour lui faire face alors qu'elle tourne également son tabouret pour être face à moi. Je remarque, grâce à la lueur de la nuit, ses joues humides mais alors que je veux l'enlacer, ses mains chaudes d'avoir tenu une tasse entre elles, se posent sur mes joues humides elles aussi encadrant mon visage.

Son regard retrace chaque trait de mon visage comme si elle le découvrait pour la première fois, ses pouces caressent le passage imaginaire de mes larmes et ses doigts les plus long jouent avec les mèches de cheveux dans ma nuque. Elle replonge son regard dans le mien prenant une grande inspiration.

- Tu n'es plus ce jeune garçon insouciant et ce n'est pas parce que tu as grandi. Je t'entends pleurer tous les soirs, Louis parle-moi. Je souffre de ne pas pouvoir t'aider dans ce que tu traverses.

Des larmes brillent dans son regard bourré de détresse et je prends conscience que je ne suis pas le seul à détruire mais je fais également du mal à ceux qui se soucient de moi. Et comme depuis trop longtemps déjà je ne peux retenir plus longtemps d'autres larmes qui dévalent mes joues et s'échappent entre les doigts de ma mère. Elle se lève me serrant si fort contre sa poitrine en murmurant des mots doux et caressant mes cheveux. Mes bras l'encerclent également pour me raccrocher à elle et lui demander silencieusement de ne jamais me lâcher. Après plusieurs longues minutes épuisantes pour moi, nous nous levons, allant dans le canapé avec nos tasses de thé, on s'installe l'un en face de l'autre nos genoux se touchant. Je pose mon regard à l'extérieur d'abord, sentant mon cœur battre à vive allure alors que des mots ne demandent qu'à franchir la barrière de mes lèvres puis en prenant une grande inspiration, j'entre-ouvre la bouche faisant sortir d'une voix timide les premiers mots qui me tourmentent.

- J'étais amoureux de lui, de Harry.

Je m'arrête un instant, posant cette fois-ci mon regard sur ma mère qui me sourit tendrement en prenant ma main posée sur l'accoudoir du canapé entre ses mains douces.

- Je sais mon ange, dit-elle doucement.

J'hoche la tête me rendant compte que nous étions simplement les seuls à ne pas le voir.

Sous Le SapinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant