1. Flâneur

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Baji Keisuke roupillait tranquillement dans sa minuscule chambre. Le son des klaxons résonna dans ses oreilles et il ouvrit les yeux après avoir cligné plusieurs fois des paupières. L'espace dans la pièce était minime, la fenêtre était tout juste assez grande pour y laisser traverser un peu d'air. Quand il reprit totalement conscience, le noiraud distingua un post-it collé sur son poster de Queen, accroché sur la porte de sa petite chambre.

Il s'assit, écarta une mèche de son visage et déchiffra le message.

Cher Baji,

Je te vois déjà grimacer en lisant ces mots...la suite ne te fera pas plaisir, malheureusement. Alors voilà, tu n'as pas respecté ta part du contrat. Cet été tu étais censé avancer dans tes lectures et rattraper ton retard en maths. Mais monsieur est resté cloîtré dans sa chambre à jouer de la guitare toute la journée. On dirait que tu ne peux plus t'en passer...c'est devenu une vraie drogue. Ça te coupe totalement du monde et c'est très malsain. Je sais que tu es capables d'avoir d'excellentes notes ! Si tu n'obtiens que des A pour ton premier semestre et si tu fais des efforts pour être un peu plus sociable, tu pourras récupérer ta guitare. Arrête de faire la tête au lycée, personne n'aime les gens qui font la tête. Et essaye de te faire des amis cette année d'accord ? Ça ne va pas te tuer.
Bisous,

Maman

(PS : Je suis sûre que d'ici quelques temps, te me remerciera !)

Il mit un moment à comprendre ce qu'il venait de lire. Sa mère avait...volé sa précieuse, unique et merveilleuse guitare ?! Baji se retint de crier en serrant les dents. Sa mère avait tout prévu. Elle lui confisquait sa guitare la veille de la rentrée pour qu'il n'ait pas le temps de protester. Un long soupire traversa sa bouche. Comme si il lui viendrait l'idée d'aller parler aux autres idiots de la ville.

Après avoir enfilé son vieil uniforme, il descendit dans la cuisine, sortit un paquet de nouilles au poulet et le mit dans son sac. Le seul plaisir qu'il pouvait encore se permettre après l'enlèvement de sa guitare. Le jeune homme referma soigneusement la porte derrière lui. Le quartier dans lequel il vivait était réputé pour ses nombreux vols et effractions, sa mère et lui s'étaient déjà fait cambrioler une fois. Un souvenir qu'il ne voulait pas revivre.

Devant le lycée, il mourrait d'envie de partir en courant. Il y avait trop de gens qui se tenaient devant le bâtiment, criaient, parlaient fort. Au moment où il pénétrait à l'intérieur, son épaule fut bousculée par un blond qui apparemment, ne connaissait pas les bonnes manières car il ne s'excusa même pas. Le garçon tourna légèrement la tête et adressa un regard indifférent au noiraud. Puis un autre garçon arriva, blond également. Il lui frappa l'épaule et entama la discussion en parlant d'une voix beaucoup trop forte pour Baji.

— Ah, Chifuyu ! Ça fait un bail !

Le dénommé Chifuyu, qui observait toujours le noiraud du coin de l'œil, coupa finalement le contact visuel et répondit à son ami sans grand enthousiasme.

— Arrête de gueuler dans mes oreilles crétint.

Ils continuèrent de parler mais ce n'était d'aucun intérêt pour le guitariste. Lui, il ne s'intéressait pas vraiment aux autres. Ce qu'il aimait c'était la musique et les animaux, ça lui suffisait amplement. À la sonnerie, Baji monta sur le toit plutôt que d'aller en classe. Les cours non plus, il ne s'y intéressait pas. De plus, il faisait beau. C'était un temps parfait pour prendre l'air.
Quelques heures passèrent, le noiraud dormait toujours sur le toit. Ses cheveux d'un noir ébène bougeaient avec le vent, il les avaient mi-long. Sa mère lui reprochait de trop les laisser pousser, que ce n'était pas 'conforme' et trop 'rebelle' pour ce genre d'école. Car oui, son école était privée. Elle avait cotisé tout son argent pour y mettre son fils mais voilà qu'il ne quittait jamais sa guitare et ne mettait jamais le nez dans un bouquin.

— Hé ! Je peux savoir ce que tu fais ici ?

Une voix autoritaire le sortit de ses songes. Il bailla longuement avant d'ouvrir les yeux. D'un certain point de vue Baji ressemblait presque à un chat.
Il resta couché et observa silencieusement la personne qui se tenait devant lui. C'était le petit blond de tout à l'heure. De près le noiraud remarqua le vert de ses yeux et...ce n'était pas un vrai blond. La racine de son undercut était noire. Il portait une petite boucle d'oreille et son regard n'avait pas l'air très amical.

— Je t'ai posé une question le flâneur, renchérit-il.

Ben ça se voit non ? Je me repose.

Le visage de Chifuyu se crispa. Il ne semblait pas apprécier la réponse insolente du musicien.

— Tu n'as pas le droit d'être ici. Retourne dans ta classe.

— Si je n'ai pas le droit d'être ici alors qu'est-ce ce que tu fais là toi ?

— Et bien je m'assure que ceux comme toi ne viennent pas ici au lieu d'être en classe.

— Pourquoi ?

— Tu...argh. Retourne en cours bordel. Je suis délégué.

Baji resta immobile et regarda le ciel, bleu vif. Accompagné de quelques nuages et oiseaux qui le survolaient. Dans l'air, on pouvait sentir cette bonne odeur de printemps, celle qui nous donne envie de voyager. Il rêvait de pouvoir quitter cet endroit un jour, aller visiter le monde et ses mystères.
Une ombre se plaça devant lui. Et cette fois sa voix n'était plus aussi sèche qu'avant.

— C'est quoi ton nom ?

— Baji.

Un y eut un silence de quelques secondes puis le faux blond rajouta :

— Et là tu étais censé me demander le mien.

— Bah ça m'intéresse pas trop, soupira le noiraud.

Ceci était un mensonge. Il le savait déjà son prénom, il l'avait entendu bien haut et fort lorsque son ami l'avait crié.

— Chifuyu. Enchanté Baji.

— Mhm, grogna celui-ci.

La sonnerie retentit. Le délégué réajusta son uniforme et adressa un dernier regard à cet étrange jeune homme qu'il avait devant lui. De toute évidence, Baji allait rester là. Délégué ou non.

— Le concierge ferme la porte à 17h, penses à revenir avant si tu ne veux pas être enfermé.

Et il disparut.

À 16h45, le noiraud se décida enfin à quitter le toit. Il rentra directement chez lui.
Pour un jour de rentrée, ça n'avait pas été trop épuisant, surtout sans sa chère et tendre guitare. Il avait même un peu sociabilisé si on pouvait appeler ça comme ça.


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Hi :)
Alors voilà...ça fait un moment que je voulais poster une ff bajifuyu et j'ai écrit ce premier chapitre x)
Je ne sais pas trop à quoi ça va mener mais, la vie est faite d'imprévu non ?

Happier than ever [𝘽𝙖𝙟𝙞 𝙭 𝘾𝙝𝙞𝙛𝙪𝙮𝙪 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant