3. 'Like a drug'

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Baji ne savait pas exactement où se trouvait la salle de musique. Et alors qu'il arrivait dans le couloir menant à la salle d'orchestre, la jeune fille aux longs cheveux blonds le dépassa.
Elle ouvrit la porte de la salle d'orchestre. Sentant qu'il lui emboîtait le pas, elle se retourna et le fusilla du regard.

— Tu t'es inscrit ?

Les sourcils d'Emma formaient deux arcs.

— Non je viens pour observer les gens. Je vais me cacher dans un coin et comparer vos performances.

— Très drôle. Sérieusement, pourquoi tu es là ?

— Pourquoi ça t'intéresse ?

Baji marcha vers ce qu'il supposait être les salles de répétition. Emma le suivit.

— J'ai vu ton nom sur la liste mais je croyais que c'était une blague.

— Surprise ! Ce n'en était pas une, dit-il d'un ton sarcastique.

L'air offusqué, elle rentra dans la salle. Suivie de près par le noiraud. Une dizaine de personnes s'y trouvait déjà. La pièce était petite mais agréable. Des murs blancs, un bureau avec un ordinateur, un clavier électronique et du super matériel d'enregistrement. C'était mieux que ce qu'il avait espéré.

Chifuyu vint vers lui directement et le salua d'un geste de la main. Le guitariste resta indifférent.

— 'lut l'intello.

— J'ai eu droit à toute sorte de surnom mais jamais celui-là.

— Une première fois à tout mon cher.

— Pourquoi tu fais comme si on était..amis ?

— Nuance, je suis amical avec tout le monde.

Baji jeta un coup d'œil autour de lui. Plusieurs personnes se trouvaient seules, alors pourquoi le blond décidait d'aller vers la plus 'étrange' d'entre elle ?

— Pourquoi moi, alors ? demanda-t-il.

— J'sais pas. Peut-être que je te trouve intéressant.

— Hein ?

Il cru mal entendre. Personne ne l'avait jamais qualifié d'intéressant.

— Au fait, il y a bien une guitare. C'était juste amusant de voir à quel point...

— Où ça ?! s'écria-t-il.

— Dans l'étui cabossé là-bas..., Chifuyu désigna un coin de la pièce.

Sans même attendre un seconde de plus, le plus grand s'empara de l'étui en question.
Impatient, il le coucha sur le sol pour l'ouvrir. À la vue de la guitare, un grand sourire s'épanouit sur son visage. Il passa ses doigts sur les deux grosses rayures qui barraient le vernis. Il manquait quatre des six cordes; les deux restantes étaient vieilles et poussiéreuses. L'instrument était usé mais peu importait. C'était une guitare. Le noiraud sortit un jeu de cordes neuves de son sac à dos et se mit au travail. Dès l'instant où il saisit la guitare, il sentit ses batteries se recharger. Il changea les cordes et les accordèrent en ignorant les gammes de violon à l'autre bout de la pièce.

Ça devait faire au moins dix minutes que le cours avait commencé mais il n'y avait toujours pas de profs.
Assis par terre, il gratta une corde avec son médiator. Sa main droite reposait sur la caisse. Quand le bois se mit à vibrer contre sa peau et que le son s'éleva, ce fut comme si il revenait à la vie. Comme s'il y avait six cordes à l'intérieur de sa poitrine, accordées sur la même fréquence que celle de la guitare et qui vibraient à l'unisson.

— Finalement..., il soupira d'aise.

— On dirait que tu viens de renaître, commenta le blond.

— C'est le cas.

— Depuis combien de temps tu joues ?

— Depuis mes sept ans.

— Ouah, j'imagine que tu as de la chance. Je n'ai jamais touché une guitare de ma vie, pourtant je rêverais de savoir en jouer. Mon truc c'est plutôt le chant.

Le regard de Chifuyu s'était posé sur la guitare avec envie, admiration. Mais il y avait une pointe de tristesse dans ses yeux.

— Moi j'suis une merde en chant. Ça n'a jamais été mon truc, avoua Baji.

Le plus petit se mit à rire, d'abord discrètement puis ses éclats devinrent incontrôlables. Mais c'était un joli rire, timide mais charmant. Contagieux aussi. Le guitariste ne put s'empêcher de sourire.

— C'est vrai ! Une fois ma mère a comparé ma voix au bruit d'une casserole.

— On ne peut pas être bon en tout...

— Ouais sauf que moi je ne suis que bon en guitare.

— En flemmardise aussi.

Il lui donna un coup de coude. Chifuyu mit ses deux mains contre sa poitrine et afficha une expression dramatique sur son visage.

— Horreur ! Vous m'avez brisé une côte coquin !

Baji leva les yeux au ciel mais dû se retenir de rire. C'était certes mal joué mais c'est ça qui le rendait amusent.

— Pfff.

Quelques minutes passèrent et le prof entra en trombe dans la salle en s'excusant du retard. Les élèves se rassemblèrent, ils firent du solfège et quelques exercices vocaux. Le temps passa étonnamment vite.
À quinze minutes de la fin, les musiciens eurent du temps libre. Baji en profita pour jouer de la guitare et il en était très heureux. Sa mère n'en saurait rien de toute manière. Comment pourrait-elle penser que son fils, si insociable soit-il, se serait inscrit dans un club ?
Il n'avait même pas besoin de trouver d'excuses pour son absence à la maison vu qu'elle ne rentrait pas avant 22 heures.

C'est quand la sonnerie retentit que le noiraud se sentit vide. Tout son enthousiasme l'avait quitté, il devrait attendre le vendredi suivant pour pouvoir rejouer de l'instrument. Une torture difficile à supporter mais c'était mieux que de ne pas jouer du tout.
Il prit son sac et se dirigea lentement vers la sortie, prêt à mettre son casque sur ses oreilles.

— Hé l'intello !

Il se retourna, parce qu'il savait de qui il s'agissait.
Le blondinet se tenait là, devant lui. Les mains dans son sweat blanc, il regardait Baji mais non dans les yeux. L'adolescent regardait ses pieds parce qu'il se sentait gêné de lui demander sa question. Une teinte rosâtre s'était même déposée sur ses joues.

— J'voulais savoir...enfin, je me demandais si tu serais d'accord de m'apprendre, balbutia-t-il.

T'apprendre..?

— Enfin tu sais...la guitare.

— Oh...heu ouais bien sûr.

Chifuyu leva la tête et lui sourit. Un sourire rayonnant et sincère. Un de ceux qui suffisent à vous remonter le moral.
Le noiraud en était curieux, Est-ce que sa voix, elle aussi est magnifique quand il chante ?

Happier than ever [𝘽𝙖𝙟𝙞 𝙭 𝘾𝙝𝙞𝙛𝙪𝙮𝙪 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant