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Avril 20xx, 11mois avant la chute

   Cela doit faire dix minutes que mon réveil a sonné mais je suis comme scotchée à mon lit. L'envie n'est pas présente et encore moins existante. Mon chat est allongé sur mes draps, juste à l'angle de mes genoux qu'il comble subliment avec son surplus de poids.

   La vie de Féraille ne se résume qu'à manger, dormir et obtenir des caresses en miaulant de temps en temps tandis que je dois me lever chaque matin, à une heure fixe parfois modulable, travailler et ensuite me coucher. Ce cycle sans fin me lasse. Il n'y a aucun moment de la journée que j'espère atteindre ou que j'ai hâte de vivre puisque tout cela m'est étranger. Je ne me contente que de l'habitude.

   Cette matinée semble peut être un peu plus différente que les autres. La rentrée de dernière année au lycée.

   Je me tournai une dizaine de fois dans mon pauvre lit maintenant désordonné avant de me redresser. Mon regard se porta sur le coin de ma porte afin d'observer Féraille marchant le plus vite qu'il puisse pour aller manger. Je tournai ensuite la tête, droite, devant ma fenêtre ne délivrant aucune lumière puisque mon volet est encore fermé.

— Aaaaah, fis-je en soupirant.

   En baillant pour la première fois de la journée, ma mâchoire craqua puis je m'étirai par la suite. Détendre ses muscles pour les brusquer après une nuit de sommeil est de plus en plus agréable au fur et à mesure des réveils fixes que nombreux s'imposent.

— Il faudrait que j'achète de nouveaux oreillers. Dis-je les regardant du coin de l'œil.

   Mon pied se posa alors par terre, ce qui fut la seconde erreur de ma journée hormis m'être réveillée. Le sol est tellement glacé que mon corps frissonna tout entier. J'ai probablement perdu mon autre chaussette dans le lit puisque la gauche est toujours là.

— Chaussette droite où es-tu ? Questionnais je entendant le silence pur émanant de la pièce. Si je te trouve je te brûlerai.

   Je pris alors cinq minutes à décider si je resterai dans mon lit à chercher ma chaussette ou simplement sortir de celui-ci toujours émergeante. C'est après une courte réflexion que ma conscience choisit pour moi : poser pour la seconde fois mon pied au sol.

Puis le deuxième.

   C'est donc, toujours peu réveillée que je descendis l'étage où se trouve ma chambre pour prendre mon repas. Un petit papier m'attendait. Il y était indiqué que je devais bien prendre mon petit déjeuné et ma veste lorsque je sortirai pour aller au lycée.

   Mes yeux se tournèrent, observant alors le repas tout en restant debout en plein milieu de la pièce, qui m'attendait sur la petite table ronde du salon. Il y a des gâteaux et des biscuits mais rien ne donne l'appétit à mon estomac qui semble plein.

— Féraille, il reste du riz ? Dis-je en penchant la tête vers lui qui mangeait jusqu'à lors paisiblement. Chat, tu ne me réponds pas ?

   Tout le monde semble m'ignorer ce matin. J'ouvris donc le frigo et eu la belle surprise de voir un bol de riz à moitié rempli. Ma main prit automatiquement deux baguettes pour ensuite déguster paisiblement assise en plein milieu du salon.

— Tiens il en reste un peu, tu peux finir.

...

— Féraille ?

   Il n'a jamais mangé de ma main mais je suis sûre que cela arrivera un jour. C'est donc en une vingtaine de minutes que ma tenue et ma toilette sont faites le matin pour aller en cours, rien de différent. Cette matinée ni faisait pas exception. Je peux même voir maintenant le soleil se levant et la nuit qui laisse place à ses rayons.

   N'aimant pas particulièrement la lumière, je peux admettre que c'est un peu agréable. C'est quelques minutes après que j'emportai la clef de la maison, l'ouvris puis sortis.

Féraille me regarda.

Il me regarde.

Pourquoi me regarde-t-il comme ça ? ... j'ai compris.

D'un mouvement ample, j'ouvris grand la porte; Féraille passa par celle-ci et partit sans se retourner.

Ne suis-je qu'une domestique pour lui ?

   Sans prendre ma veste, je me dirigeai vers le lycée empruntant deux virages, une ligne droite puis la fameuse montée de la colline qui surplombe Musutafu.

— Pour un lycée aussi connu, je n'acclimaterai jamais cette montée.
— T'as raison mais j'appellerais plutôt ça une colline, répondit une voix en mon épaule.
— Ne joue pas avec les mots.
— Je ne t'ai même pas fait sursauter !
— Si, si, bien sûr que si, dis-je en souriant.

   Elle était arrivée derrière moi, Nejire. Nous étions au centre de la foule que représentait les dernières années. Tout le monde se mit à parler dans son coin, puis ils se turent. Ne comprenant pas pourquoi, le silence m'était agréable.

— Regarde ! Sur les escaliers ! Me crie-t-elle.
— Quoi dont ?

   Mon sourire s'effaça rapidement lorsque je vis All Might s'avançant sur les marches de l'entrée du lycée. Plus personne ne parlait, nous étions nombreux mais aucun lycéen n'osait ne serait-ce qu'ouvrir sa bouche si subjugué par la présence d'une telle personnalité.

— Réellement ? M'étonnais je les yeux fixés en face.

   Nejire tourna lentement sa tête vers moi, elle avait de gros yeux et me regardait intensément. Je lui répondis à l'aide d'un regard plissé et un haussement de sourcil. Que voulait-elle dire ?

— Désolée, fis-je à voix haute après avoir compris que je me devais de garder une quelconque discrétion.

   All Might coupa alors rapidement le silence qui s'était installé en riant et parlant comme il en a l'habitude de faire. Sa voix était comme reliée à des enceintes imaginaires trop proches de mes oreilles.

— ... Tout cela pour vous dire les enfants que c'est votre dernière année dans ce lycée ! ...
— Peut-être même la dernière de toute une vie, dis-je en chuchotant.
— Non mais ça va pas ? Me répondit Nejire.
— Tu chuchotes ?
— ... Soyez sûrs de vous et devenez des bons super-héros les enfants, tout le monde compte sur vous, mon successeur à la première place est peut-être parmi vous ! Je serai donc cette année professeur dans cette école et je vous aiderai à devenir fort ahahah !

   C'est ensuite une pluie d'applaudissements qui succéda son discours. Le proviseur s'est ensuite prononcé sur quelques paroles pour après nous laisser entrer dans l'établissement.

— Il va être là pour notre dernière année !
— Oui c'est super, dis-je ironiquement.
— Si tu ne l'aimes pas, essaye de le battre !
— Pardon ?
— Tu vas voir, je suis sûre qu'on va devenir meilleures.
— Je sais, tu vas l'être.

   Après notre courte conversation, nous sommes rentrées dans le lycée découvrant ainsi nos classes avec lesquelles nous allons passer toute une année.

Our Book [Dᴀʙɪ x ᴏᴄ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant