Après un repas mouvementé et ma tentative ratée, nous sommes chacun retournés en classe dans une atmosphère assez paisible. Cette après-midi fut dédiée aux cours pratiques, les entraînements. Non pas que l'activité sportive me déplaise mais recevoir des coups d'autres n'est pas agréable. J'ai pu finir plus tôt alors tellement soulagée par cette liberté, je n'ai posé aucune question et suis précipitamment sortie.
Après m'être changée, nous nous sommes dit au-revoir avec Mirio qui lui décida de rester s'entraîner dans une des salles disponibles. La sortie du lycée se fit sans encombre sous un ciel resplendissant, j'ai même eu la chance de goûter à la descente qu'offrait la montagne sur laquelle le lycée se trouve encore. Mon corps marcha donc sans but ou même direction dans la ville m'ayant vu grandir.
La musique était depuis avoir passé l'entrée de Yuei à mes oreilles, assez basse pour entendre le bruit du vent ou encore des feuilles mortes aux bas des arbres. Ces mêmes petites feuilles, déplacées par les lézards apeurés ou écrasées par les passants. L'automne me manque mais l'hiver plus encore. Tandis que mes pas sont en rythme avec la musique, j'observe tout mais ne prête attention à rien. C'est en marchant que je vis un parc, un parc que je n'avais jamais fréquenté alors sans réellement réfléchir, mon attention se porta en son entrée.
— Ça m'a l'air bien, dis-je à voix haute.
Je vis alors un banc non loin de l'entrée. Il est assez grand pour que deux personnes s'y installent alors ma direction finale fut désignée en ce point marchant et écrasant les petits graviers sur le chemin. Après avoir atteint l'assise, mon corps tout entier s'y bascula en sortant le livre par la même occasion que j'avais emporté dans mon sac ce matin.
Plus qu'une année et je serai surchargée, sûrement prise dans une agence et la base de mon avenir sera déjà tracée alors je ne m'inquièterai plus pour celui-ci. Plus d'option, juste un chemin à suivre.
*téléphone qui sonne*
D'un bref coup d'œil, mes yeux se tournèrent vers l'écran qui s'était allumé juste avant. C'est Nejire qui me demande où je suis. Les panneaux présents un peu partout dans le parc indiquent sûrement son nom mais je lui répondis alors naturellement que j'étais sur un banc laissant ensuite les minutes s'écouler.
— TROUVÉE ! S'exclame une voix m'étant familière, à l'arrière du mur où j'étais adossée. BOUH !
— J'ai peur, Nejire tu fais si peur.
— Je sais, merci, dit-elle satisfaite.Aucune de mes intentions n'étaient de me lever, je comptais rester allongée mais elle contourna le mur et s'assit sur mon ventre tout en entamant de son propre chef une conversation.
— Tiens, c'est pour toi, dit-elle en me lançant une barre de céréales au visage.
— Oh mais c'est- lui répondis je en toussant suite au choc entre ma bouche et cette nourriture.
— Je savais pas ou viser d'accord ?
— Ma main, je m'en serais contentée.J'ouvrai donc l'emballage qu'elle m'avait jeté en pleine face et constatai malgré moi que ça avait l'air bon, bien plus bon que ce que j'aurais imaginé en réalité.
— T'as pas beaucoup mangé aujourd'hui. M'explique-t-elle impliquée.
— Si tu savais tous les paquets de nourritures que je mange hors des repas.
— Vaux mieux trop que pas assez.
— Tu en as une toi ?
— J'ai dit vaux mieux trop que pas assez, conclut-elle en sortant de sa poche une seconde barre de céréales.
— Merci, lui répondis je en dégustant la nourriture qu'elle m'avait apporté.Mon corps se déplaça de sorte à ce que Nejire jusqu'à lors assise sur moi soit à ma portée et naturellement, elle me servit de coussin pour que je puisse lire tranquillement tout en finissant ma barre de céréales. Elle était attentive à son téléphone et moi à mon livre. Cette situation arrive parfois, lorsqu'elle me rejoint et que nous passons du temps ensemble sans faire quelque chose de très productif. Juste apprécier la compagnie de l'autre. Le peu de gens dans ce parc ne nous regarde pas, c'est dans ces moments-là qu'être invisible est agréable. Seulement, après avoir longtemps cherché sur son téléphone, elle me regarda et commença une phrase :
— Dans deux semaines, tu fais quoi ?
— Je ne sais pas, rien, sûrement.Nejire pencha alors sa tête au-devant de mon visage pour être juste en face de la mienne encore affaissée sur ses cuisses.
— Tu voudrais aller à la librairie qui vient d'ouvrir à la ville d'à côté ?
Mes yeux brillèrent alors involontairement. Nejire afficha un sourire satisfait que je connaissais bien malgré moi depuis longtemps.
— Je vais y aller.
Elle poussa délicatement ma tête la remontant pour que je m'assois et ne tombe pas. Une intention que je pus constater indirectement.
— On se voit demain ? Demande-t-elle.
— Si tout va bien ce soir.
— Au pire, tu frappes.
— Tu en prends les responsabilités ?
— Enfin, rentre bien.
— Non, je vis au grès du vent comme une feuille morte.
— Une feuille morte que j'attrape et garde dans ma main.
— Mais qui se brise... dis-je dramatiquement.
— Mais que je recolle !
— On ne peut pas réparer quelque chose de cassée.
— Si on en fait attention on le peut !
— Non on ne peut pas, expliquais je en me positionnant de nouveau.
— Au-revoir jeune pousse ! Me répondit elle en me souriant.
— Je suis déjà un conifère.Elle s'est éloignée tout d'un coup. Je supposai raisonnablement qu'elle n'avait pas entendu la fin de ma phrase alors observant la sortie par laquelle elle été sortie, vers laquelle elle allait rejoindre sa maison ou je ne sais qui, je pris une position pouvant me laisser ouvrir pleinement mes poumons et ma cage thoracique puis j'entamai :
— Un grand conifère, dis-je un peu plus fortement.
Pas de réponse. Les gens restant dans le parc savent maintenant que je suis un arbre vieux est mûr mais cela ne change rien au fait que Nejire ne m'a pas entendu ni écouté, activant en moi une frustration étonnante que je ne pris aucune peine à effacer. Après cette courte et irréelle conversation, je me remis à lire et continuai le livre maintenant intéressant, j'ai enfin passé le chapitre ennuyant.
— Quelle heure est-il ?
Je regardai l'heure. Mon téléphone affichait 19h23. Ai-je bien lu ? 19h23 ? Tant pis. Je décidai avec peu d'étonnement de finir d'abord mes activités dans un silence bien plus agréable avant de rentrer. Il n'est pas très tard.
— Je sens la chaleur d'ici, aimez-vous bien brûler des choses ?
Quelqu'un ?
— Simple décision raisonnable. Répondis je automatiquement sans réel contrôle car l'entrain montré envers mes activités fut quelque chose dont ma raison était curieuse.
Cette phrase provient de derrière. Derrière le mur qui me sépare de cette voix masculine, de cet inconnu dont je ne connais rien hormis la tonalité.
— Et qu'est-ce que c'est ? Me demande-t-il.
— Une chaussette.
— Hum, c'est assez improbable.
— Ne l'êtes-vous pas ?L'inconnu ria.
— Le feu représente quelque chose de gracieux, surtout dans la soirée. Dis-je cherchant à parler un peu plus que ce que je n'aurais dû.
— Je dirais plutôt quelque chose d'effrayant.
— Pourquoi ça ?
— C'est gênant.
— C'est votre point de vue.
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Our Book [Dᴀʙɪ x ᴏᴄ]
Fanfiction« Lire des livres a été pour moi le seul moyen agréable d'échapper à cette triste réalité. Songer à vivre une histoire qui n'est pas nôtre est parfait car on peut l'arrêter. Si j'avais pensé une fois que la mienne serait ainsi, je ne l'aurais peut...