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Le repas n'avait pas été différent des autres soirs,  je m'étais simplement contentée de manger toute mon assiette avec cette fois-ci du pain. Ma mère n'avait quant à elle fait ne serait-ce que me regarder détaillant mon assiette plus obstinément encore tandis que mon père ne se satisfaisait que du fait d'avoir sa famille réunie autour d'une seule et même table décorée d'une simple nappe.

Seulement, me voilà maintenant à épier tous les mouvements extérieurs, séparés par la fine vitre de ma chambre. Même si les rues ne sont maintenant qu'éclairées par la lune et des lampadaires plutôt grands, l'allée en face de moi n'en est pas moins clairement visible. Tout compte fait, cette vie étrangère n'est pas si éloignée puisque ma fenêtre est encore entrouverte... À m'en donner des idées.

— Féraille.

Je tournai la tête vers lui affalé sur mes vêtements propres encore désordonnés au dessus du bureau.

— Tu restes ici n'est-ce pas ?

Il me décocha alors un regard plutôt neutre qui suggérait l'indifférence face à la question dont j'espérais pourtant obtenir une réponse satisfaisante.

— Bien.

En soulevant la couette qui me couvrait peu jusque là, je me redressai et pris par la même occasion mon sac déjà remplis, rien de plus. Je posai un pied sur le rebord de ma fenêtre calmement et enjambai avec l'autre jambe le toit. Heureusement, il y avait été installé juste en dessous un bout de plafond qui était devenu en fait l'extension ressente de la cuisine. Comme tout cela fut nouveau un jour, il m'avait été impossible autrefois de ne pas m'en servir pour explorer le nouvel endroit qui s'offrait à moi alors c'en est devenu un bon moyen pour descendre doucement.

Je l'avais déjà prévu mais me voir prendre la direction du parc en pleine nuit est étonnant puisqu'avant, je ne sortais que par ici pour aller m'assoir sur la balançoire de mon jardin sentant le vent à chaque bascule.

Les bruits des télés présentes dans la plupart des appartements, immeubles ou maisons ne m'étonnèrent pas, sans compter les lumières des fenêtres voisines que je vis progressivement s'éteindre sans un bruit. Je ne croquai plus que la tige de ma sucette en regardant les quelques nuages dans le ciel, les mains propres dans mes chaudes poches.

En arrivant, je regardai minutieusement la devanture de l'entrée, chose que je faisais honnêtement rarement. Les beaux motifs de métal sont agréables à observer bien qu'un peu rouillés, cela leur donne une couleur rosée. J'avançai soudainement, rassurée comme par automatisme à la vue du lampadaire proche du banc que j'occupe si souvent éclairé par celui-ci.

Je vais pouvoir lire.

M'installant alors, tout en prenant mon livre d'une main, je pus entendre tout un tas d'événements surprenants. Ma respiration, le frottement des pages, mes légers gigotements. Aucun bruit n'y fait face. Aucun ne dérange mon repos.

Puis, des pas agitant mon ouïe perturbèrent soudain ma concentration. Ils se rapprochèrent de plus en plus, se distinguant de par leurs intervalles régulières. Il y eu un doux soupire et ensuite un bruit discret mais audible. Quelqu'un s'est assis, ou plutôt s'est il jeté comme une pierre sur le banc à mon dos. Je ne dis rien durant un premier temps, comprenant que cette personne me fait face tout en m'étant opposée.

Ma main tourna délicatement la page de mon livre. Sans m'en rendre compte, mon esprit avait directement comprît de qui il s'agissait il y a de cela quelques secondes alors je n'eu pas besoin d'attendre une quelconque parole pour me rassurer.

Il n'y a pas de quoi s'en faire.

— Eh bien, vous êtes bien motivée à lire sous cette nuit sombre. M'affirme-t-il.
— Oui, c'est plus facile quand il n'y a personne pour m'observer.
— Ma présence ne vous dérange pas ?
— Je serais partie depuis bien longtemps si ça en était le cas.
— C'est, gentil ?

Our Book [Dᴀʙɪ x ᴏᴄ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant