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   Aucune d'elle n'est réelle. Aucune d'elle ne sera réelle. Et pourtant j'apprécie cet imaginaire qu'elles apportent à chaque fois que j'en commence une nouvelle, d'histoire. Un insolite livre ou un banal ouvrage, tout n'est pas vrai mais j'aime m'imaginer y vivre, parfois.

— Nejire, lis-tu souvent ?
— Oh, tu me partages tes lectures.
— Tu ne m'as pas répondu.

   Entrain de marcher en direction du parc, notre attention se divise d'une part sur la route et de l'autre sur les différentes réponses que l'on pouvait s'apporter.

— Je lis de temps en temps, tu devrais me prêter des livres !
— Oui c'est vrai, répondis-je pensive, au même moment ma main droite pinça mon menton.
— Eh arrête ça ! Ça va te faire une marque ! Rigole-t-elle. Pourquoi, tu réfléchis ?
— Oui, mais je me demande pourquoi j'ai l'impression de moins envisager le fait qu'aller dans une histoire déjà écrite serait mieux.
— Hmm.
— Comment dire... l'inattendu, c'est sympa parfois.
— Ooooh... quel événement aussi exceptionnel soit-il t'a fait changé d'avis...

   Elle me prit les bras et les bloqua par la même occasion, surprise de ne pas savoir comment réagir, Nejire en profita pour sourire étrangement et me pincer les joues balançant ma tête de droite à gauche.

Hein ?! Dit moi !
— On pourra continuer ça ? Dis-je difficilement me lâchant partiellement de sa prise.
— De quoi ?
— Être comme ça.
— Mais... qu'est-il arrivé à ma Lim ?!

   Elle continua à me secouer jusqu'à m'en donner le tournis. Mes yeux ne virent dans un premier temps que le flou que représente l'avant de mon corps et la noirceur signifiant mon incapacité à faire une mise au point sur l'espace m'environnant.

— Eh, pourquoi tu prends par la gauche ? Dit-elle surprise par mon changement de route.
— Oh, j'en ai pris l'habitude.
— Mais le chemin est plus court à droite.

Ah... le chemin de droite. Oui, elle a raison. La route de droite permet de gagner quelques minutes sur celle de gauche pour rejoindre le parc mais c'est aussi par cette même route que j'ai entendu l'enfant crier. Une voix que je ne veux plus entendre, mon corps en frissonne déjà. Il me rappelle ce que j'ai fait, et n'ai pas fait.

— Bien bien bien, je suis vos directives acolyte Lim ! Affirme-t-elle assurément en posant sur son front sa main, faisant correspondre son geste au salut militaire.
— Oui, d'accord.

Je sentis son regard me scrutant de haut en bas s'intensifier, sans un mot mon corps continua machinalement à avancer en ne prêtant pas une plus grand attention à ses gestes divers.

— Mais où est passée la Lim de toute à l'heure ? Celle qui me parle de ses sentiments ?!

Ma tête se tourna vers elle, mon regard jusqu'à lors planter dans le chemin futur après celle-ci. Je la toisai naturellement partant d'abord de ses lèvres, montant ensuite vers ses yeux étincelants, remplis de gentillesse.

— Hum... Réfléchit-elle plissant les yeux. J'ai compris.
— Il n'y a rien à comprendre.
— Si.

...

— D'accord.
— Mais ?! Tu ne veux pas savoir ?! S'indigne-t-elle.
— Regarde... on est arrivées.

Nejire étonnement s'avança plus vite que ce qu'elle ne le faisait précédemment et afficha un sourire satisfait en face de moi sans bouger :

— Ton copain habite là-bas hein ?
— Non. Je n'en ai pas.
— Copine ? Chat ? Chien ? Cheval ?
— Mon chat sûrement.
— Tu sais qu'on n'a pas le droit d'entretenir ce genre de relation au lycée Lim... Me dit-elle comme si elle n'avait pas entendu ma dernière phrase.
— Oui c'est vrai.

Our Book [Dᴀʙɪ x ᴏᴄ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant