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— Chérie... me chuchote une voix indescriptible au premier abord. On va manger.

   Dans un premier temps, je maudissai l'incapacité de ma mère à ne pas comprendre la différence entre plusieurs situations. Cependant bien malgré moi, je serrai mon chat dans le creux de mon ventre pour ensuite dans un second temps basculer tout mon corps dans une position assise.

— Tu dormais ? Viens, il faut manger, pour être la meilleure sur le terrain.

   D'un rude mouvement de tête, j'observai dans le personnage de ma mère une attitude dérangeante que j'admis pourtant écouter. Ma main frôla l'amas de poils roulé dans mon lit pour par la suite me mettre debout. Mon dos se craqua alors même que j'avais somnolé seulement quelques minutes. Une période qui me parut bien plus longue, complaisant ainsi mon esprit fatigué.

   Nous avons ensuite mangé en famille. Un repas qui ne fut gère mouvementé par les discutions habituelles, ce qui m'étonnai d'ailleurs. Mon père était toujours usé comme une espèce de voiture que l'on utilise tout le temps et qui doit garder la forme. Ma mère elle était souriante analysant chaque recoin de mon visage cherchant à décrypter ainsi l'essence de ma fatigue.

   Avant même que je monte l'étage, ma mère commença une phrase pour supposément ne pas se faire oublier pendant cette nuit ou seulement après avoir confirmé chaque mot qu'elle souhaitait m'énoncer.

— Ma fille. Tu es fatiguée ?
— Oui ?

Un regard similaire à un mouvement vicieux s'immisça dans ses yeux qui colportèrent leur attention sur l'homme assis en le canapé du salon. Elle prit une inspiration accompagnée d'un sourire satisfait par la conclusion qu'elle avait faite.

— Tu vois mon coeur, c'est parce qu'elle s'entraîne ! J'en étais sûre ! De tout manière avec l'éducation que nous lui avons donné, elle ne peut qu'être la meilleure.
— Oui. Dit-il en s'adressant à sa femme puis tourna la tête le regard complaisant vers moi. Tu as raison.

   Je ne peux cacher au fond de moi que je suis déçue, cette sensation arrive de plus en plus souvent déstabilisant toute l'assurance que j'avais dans ces expériences. Autrefois, j'acceptais cette aisance à affirmer mes sentiments que ma mère avait, elle était normale. Bien plus logique que ce que je pouvais en penser cependant maintenant... j'en vois seulement une fausse prétention que mon cœur persiste a vouloir accepter. Je sais que ça ne durera pas mais pourquoi ?

   En montant dans ma chambre, je retrouvai cet endroit bien familier qu'elle représente. Un endroit que j'apprécie retrouver avec cette multitude d'objets reflétant les indices de ma personnalité. J'en suppose ceci tout au plus. Féraille est quant à lui toujours allongé et n'a pas bouger, un fait qui me rassura bien familièrement. Je ne peux le cacher car il représente l'être me rassurant le plus puisqu'il ne dit rien. Il ne pose pas de question. Il est simplement là à faire l'objet de toutes mes interprétations.

   En m'allongeant une soudaine réflexion hanta mon esprit. J'avais oublié ce que m'avait fait ressentir mon après midi. Cette sensation frappa mon être de plein fouet comme si on m'enfonçait une barre de métal le long de ma colonne vertébrale. Mes mains devinrent moites et ma respiration plus rapide cependant je n'en faisais rien. J'écoutais seulement mon cœur battre et mes soupires de plus en plus forts.

D'un coup d'œil, les possibilités s'offrant à moi illuminèrent mes pensées. La fenêtre... je peux y aller et sortir...

   Une très claire inspiration vint à moi et d'un seul mouvement d'ensemble, j'emportai ma veste et laissai mes pensées ici. Dans ma chambre. Dans cet antre.

Our Book [Dᴀʙɪ x ᴏᴄ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant