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   Nos regards se croisèrent de nouveau mais l'expression de nos visages était des plus découvertes. Chaque fois que je voyais ses yeux bleus, c'était comme si tout cela était une nouvelle expérience.

   Le vent se soulevait peu, l'air était un peu frais, ma peau symbolisa donc cette accalmie par des frissons malgré le large blouson que je portais. Un blouson très grand, peu être agréable à porter pour les motards, je ne sais pas.

   Les champs environnant dressaient de leurs plus grandes longueurs les plantes, leurs cultures mouvantes dans ce même vent qui cache le silence.

   Quant à lui, il était debout un peu plus loin derrière moi. Les mains dans les poches et le regard vivant, observant les alentours anciennement, maintenant encré dans le mien.

   Je ne me relevai pas, encore accroupie. Lui ne bougeait pas. La culpabilité m'empêchait de prononcer un mot. Le regret aussi. La relation que j'appréciais ne cesse de survenir dans ma tête, remplie de souvenirs.

   Mon soucis n'est pas ce silence qui me laisse réfléchir a plein temps, non, c'est l'infime sentiment, l'infime réflexion m'obligeant a croire que c'était réel et qu'il n'était pas en mission lorsqu'il me parlait. Lorsque je discutais avec lui. Lorsque je lisais.

   Finalement, et ce depuis le début, ces moments là n'étaient rien qu'une partie de mon temps où deux personnes s'étaient indirectement dites qu'il n'y avait aucun dû. Aucune obligation et je m'en suis tenue. Simplement, le fait que ça puisse être orchestré m'était impossible à imaginer, malgré la multitude d'idées se mélangeant dans mon esprit.

Tant pis.

   Et ce n'est même pas dommage car je n'ai rien perdu, j'ai juste faussement eu. Dorénavant, nous devons nous voir régulièrement à cause de l'alliance, tel est le fait le plus pertinent, le plus indécent, le plus ahurissant. Celui que je veux contrer.

   Je fus soudainement surprise par son action à lui. Il s'approcha tout en restant debout laissant pour cette fois peut être deux mètres entre nous. Entre nos deux êtres. Était-ce un hasard ou un fait déjà écrit ?

— Je ne savais pas. Commence-t-il.

   Sa nouvelle phrase emplit en moi une autre réflexion. Un nouveau fait, que je me devais d'interpréter. Je crois vouloir lui parler.

   Parce que je suis dans un nouvel environnant m'obligeant à côtoyer du nouveau, m'obligeant à construire de nouvelles discussions, ou parce de tout mon espoir, je souhaite continuer malgré le mirage qui s'oppose.

— Quoi dont ?

   Il me regarda de nouveau en face symbolisant la confiance qu'il détenait envers ses propos, sa vérité ou son mensonge. Sa réalité, ou la mienne.

— Que ça tomberait sur toi.
— Je vois. Dis-je en tournant la tête, déversant mon attention vers le devant.

   Le silence fait partie inclusive de nos dialogues, là n'en est pas l'exception nous laissant réfléchir à nos futurs propos, ou juste faire une pause dans ces événements.

— Tu as donc accepté la proposition.
— J'aurais pu mourir, alors oui.

   Étrangement, il ne démenti pas mes anciennes affirmations, moi non plus. Je voulais sincèrement le croire avant, je le veux encore. Je suis passive, passive de ma propre existence. Tout me semble irréel, si ça doit se passer, ça se passera. Pas vrai ?

Je ne sais pas.

   Je n'ai pas affirmé la confiance que j'ai en lui et je ne l'ai pas prouvé non plus, ma bouche a communiqué les affirmations de ma raison doutante. Et voulant après croire. Ou plutôt emmagasiner un fait. Son fait.

Our Book [Dᴀʙɪ x ᴏᴄ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant