22. Regulus

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Sirius,

Au moment où j'ai saisi cette plume pour t'écrire, je me suis dit que c'était une mauvaise idée. Mais qui ne tente rien n'a rien.

Alors je me suis promis que dans cette lettre, je t'avouerai enfin tout ce que je ne t'ai jamais dit depuis tant d'années, que je me confierai enfin totalement à toi.

Mais je me rend compte que ça risque d'être plus facile à dire qu'à faire...

J'ai toujours été dans ton ombre, même si tu ne t'en rendais pas compte. J'étais plus jeune, plus petit, plus mince, moins beau, moins intelligent, moins doué scolairement, moins doué en Quidditch.

Je m'efforçais d'être le fils parfait, je partageais les idées de la famille, j'étais à Serpentard, mais malgré tout ça, malgré le fait que toi, tu sois le traitre, celui dont on ne voulait pas, j'étais quand même dans ton ombre.

Je n'étais que "le frère de Sirius Black". On ne m'a jamais reconnu pour ce que j'étais, pour moi-même.

Tu ne peux pas contester ça. Ton côté rebelle te faisais une certaine renommée, qui éclipsait toute ta famille, dont moi.

Seul Kreattur semblait m'aimer pour ce que j'étais vraiment.

Il ne m'aimait pas parce que j'étais un Black, ne m'admirait pas parce que j'étais ton frère, comme le faisait et les Serpentards et les autres maisons, mais il m'appréciait pour moi-même.

Quand on était enfants, avant ta rentrée à Poudlard, on s'entendait bien, tous les deux.

Alors cette concurrence, cette rivalité pour te surpasser, n'était pas encore si forte. Tu étais le grand frère que j'admirais, et je me fichais de passer après toi.

J'admirais ton courage. Je te vénérais puisque tu te dénonçais à ma place et te prenais les punitions à ma place. Je t'aimais parce que tu étais mon frère.

Bella, Cissy, Andro, toi et moi, on formait une belle bande, et même si nos idées n'étaient pas les mêmes sur certains points, tu étais heureux, j'étais heureux.

Quand tu est allé à Poudlard, je suis alors resté seul dans la famille. Et c'est là qu'on a commencé à me comparer à toi.

En réalité, on le faisait déjà avant, mais je ne m'en rendais pas compte.

Maintenant que tu n'étais plus là, je prenais conscience de ces comparaisons, et elles me touchaient.

A chaque vacances, quand tu rentrais, tu étais plus beau, plus populaire, plus intelligent encore qu'avant, et inévitablement, on s'apitoyait.

C'était tellement dommage, disait-on, que tu sois un rebelle. Si seulement je pouvais être aussi intelligent, beau et doué que toi, mais fidèle à Serpentard.

Je n'étais même pas encore à Poudlard, que déjà une grande pression reposait sur mes épaules.

Et tu n'étais plus là pour m'en soulager, pour discuter avec moi, pour m'aider.

Bien sûr, tu revenais pendant les vacances, mais rapidement, tu t'es mis à parler du merveilleux ami que tu t'étais fait, ton nouveau frère, James Potter, et puis des Maraudeurs et de leurs incroyables expéditions nocturnes, de leurs blagues.

Tu ne te rendais pas compte que tu ne parlais plus que de ça, que tu ne me demandais plus comment ça allait, que ça me blessais.

Dès tes premières vacances, ta chambre avait été redécorée aux couleurs de Gryffondor. Toi qui auparavant était rebelle, mais ne l'avait jamais crié sur tous les toits, t'affichait maintenant fièrement, avec un air supérieur et méprisant face aux Serpentards et aux Blacks.

Lettres de Noël    [Calendrier de l'Avent - 2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant