Wind and Risk

chapitre 11

Eros.

J'avais posté un homme tous les dix kilomètres pour qu'en cas de problème, je n'ai pas à attendre qu'ils fassent les cents bornes qui nous séparent.

Alors en rentrant, sur le chemin, un
homme se rajoutait à nous tous les dix kilomètres parcouru.
J'avais remis de l'essence dans son réservoir et elle avait pu démarrer.

Elle aurait pu me remercier, mais non, elle s'est contentée de me faire la morale.

- Tu n'étais pas obligé de les tuer. Elle avait marmonné.
- T'aurais préféré qu'ils t'agressent ? En plus, je suis tireur d'élite, alors ne crois pas que ça me perturbe. J'en ai clairement rien à foutre et ça me fait ni chaud ni froid.
- Moi si... Avait-elle répondue à elle même, parlant si bas que je ne suis pas sûr d'avoir bien compris.
- Pas mon problème.

Elle n'avait rien répliqué et s'était contentée de démarrer sa moto et partir en trombe.
J'avais ris.

Ce fut étrange de la voir comme ça, sans son blouson en cuir, ses longues chaussures et son rouge à lèvre.
Je suis même sûr qu'elle n'avait aucuns maquillage.

Mais étrangement, elle était toujours aussi belle et paraissait toujours aussi inaccessible. C'était son charisme qui nous le montrait. Même sans artifices, elle restait insaisissable.
Avec son petit nez en trompette et ses fossettes sur ses joues qui entourent une belle bouche pulpeuse.

Putain concentre-toi Eros.

Une fois qu'on était rentré au club, je m'attendais à ce qu'Edric lui tombe dessus, mais il s'est contenté de souffler de soulagement puis de la regarder avec un regard peiné.

C'est quoi leur problème ?

Je m'apprête à aller dans le self quand j'entends des reniflements dans les toilettes.

J'entre et demande si tout va bien.

- Euh, oui. Répond une petite voix douce.
- Livia ?!

Je me précipite vers elle et la trouve assise le long d'un mur.

Sa position me rappelle celle qu'avait Elia la nuit de son cauchemar.
En espérant que Livia ne me gifle pas, elle.

- Tu veux que j'aille chercher Edric ? Je lui demande inquiet en m'abaissant à son niveau.
- Non ! Avait-elle hurlé en écarquillant les yeux.
- Il s'est passé quelque chose ? Je demande en la scrutant.

Même si je fais confiance à mon président et sait qu'il ne fera jamais ça. Si jamais, il a levé sa main sur sa femme, supérieur ou pas ; je le défonce.

- Je pensais qu'il était passé à autre chose...Elle murmure à elle-même.
- Quoi ? Je demande perdu.

Elle me scrute longtemps, puis explose en sanglot.
Mon cœur se déchire, j'ai l'impression que cette petite femme est ma mère.
Depuis que je suis ici elle veille sur moi, alors la voir pleurer m'attriste.

J'ouvre mes bras et elle pose sa tête sur mon épaule.

- Merci mon bonhomme. A-t-elle murmuré.

Pas ça Livia...
Pas ce surnom.

J'avais envie de partir, j'étais en colère.
" Mon bonhomme " mon père m'appelait comme ça.
Cette ordure me surnommait de cette façon.

Mais je prends sur moi et la berce.

***

On attendait tous Walton, assis en rond autour de la table de réunion.

Quand enfin il arrive, il s'excuse et s'assoie rapidement.

- Eros. Explique-nous ce qu'il s'est passé ce matin. Me demande Edric.
- Grâce au traceur que tu as mis sur sa moto, je l'ai vite retrouvé. Mais elle se battait avec des hommes. Alors je l'ai observé faire. Elle s'en sortait bien ! J'ajoute en voyant le regard noir d'Edric.

Je n'avoue pas qu'encore une fois elle m'a surpris en visant parfaitement son poumon.
Elle savait tirer.
Alors pourquoi ne l'a-t-elle pas visé au coeur ?

- Lara Croft en mieux ! Ricane John.

Abruti.

- C'est pas le moment Jo'. Lui répond Keene.

C'est ça ce que j'aime chez Keene, il sait quand être sérieux et quand il peut plaisanter.
Contrairement à certains.

- Mais quand la situation s'est envenimée, j'ai simplement tiré. Et elle n'a pas perdu de temps pour récolter les informations qu'elle voulait. Je continue.
- Et quelles étaient-elles ? Me demande Walton avec intérêt.
- C'est son père qui les a envoyé.
- C'est qui son père ? Demande Keene.
- J'ai mené l'enquête, il s'appelle- Commence Darcy avant d'être coupé par Edric.
- Vous n'avez pas besoin de le savoir et elle ne veut pas que vous le sachiez. J'avoue que je ne comprends pas son choix mais je le respecte. Alors je vous demande de vous aussi le respecter et de ne pas chercher à en savoir plus.
- Et comment on est censé  cerner les attaques si nous ne savons pas qui en est l'auteur ? Je siffle irrité.

Putain mais quelle chieuse cette Elia !

- Retenez juste qu'il est dangereux. Marmonne Edric.
- La reunion est presque finie, avec vous des questions ? Demande Walton en balayant la salle du regard.
- Ouais. Elia est membre des Rebels ? Parce qu'on se plie en quatre pour la protéger mais-
- Je ne sais pas Eros. Je m'entretiendrai avec elle pour avoir son opinion sur la question. Me coupe Edric.
- Bien. Je marmonne.

Après nous avoir remercié, on a pu se retirer.

- Je vais chercher un truc dans ma piaule, j'arrive. Je préviens Keene avant de monter rapidement les marches qui mène au couloir des chambres.

Mais quand je m'apprête à entrer dans la mienne, un gros fracas se fait entendre à l'autre bout du couloir.

- Mais je pensais que tu avais tourné la page ! Hurle Livia.

Je me précipite au bout du couloir.
Je vois un vase valser et s'écraser contre le mur à côté de... Edric.

Quoi ?

- Mais je l'ai fait chérie ! Tu es ma femme, ma régulière ! C'est toi que j'aime ! Hurle en retour Edric.
- La preuve que non ! Tu me répètes son nom à longueur de journée ! Amanda par là, Amanda par ci ! Tu n'avais qu'à lui faire un enfant ! Ah oui, c'est déjà fait !
- Quoi ? Demande une voix tremblante dans mon dos.

Je ferme les yeux, inspire et me retourne en mettant ma main dans mes cheveux pour me détendre.
Mes yeux se posent sur Elia, les yeux remplis d'incompréhension et de tristesse.

- Elia sort d'ici. Ordonne Edric en se massant les tempes.
- Non. Je veux des explications.
- Tu n'auras rien ! Cris Edric.

Elia sursaute, alors je la prends par les épaules et m'apprête à la faire sortir mais elle se détache et fonce vers lui.

- Tu as fais un enfant avec ma mère et je ne suis pas au courant. Alors, Je. Veux. Des. Explications. Je suis ta fille ? Elle demande en haussant la voix.

Edric a un enfant avec la mère d'Elia.

Putain...

- Non ! Tu n'es pas ma fille bordel ! Dit-il précipitamment.
- Bien. Et donc ?
- Je ne veux pas t'en parler maintenant. On en parlera plus tard dans mon bureau.

Elle ouvre la bouche, puis la referme. Elle secoue la tête de gauche à droite puis sort en claquant la porte si fort, que le carreau se brise.

Une furie.
Mais une furie sacrément belle.