Chapitre 56

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Elia

J'ai beau faire semblant, la situation m'inquiète de plus en plus.

Je suis sur le balcon depuis que j'ai entendu Eros partir, mais la nuit est tombée et il n'est toujours pas revenu.

Ses paroles tournent en boucle dans ma tête. "Je n'ai même pas fait attention à elle. Je te jure que je ne l'ai même pas vu. Je pensais à toi !"
Sur le moment j'ai trouvé ça absurde. Mais maintenant je regrette de ne pas l'avoir écouté davantage. C'est vrai que quand je les ai vu, il ne faisait rien, son regard était braqué sur quelque chose et il ne bougeait pas.

Alors j'attends qu'il revienne.

Il a déjà fait des balades longues qui duraient jusqu'à tard dans la nuit, mais j'ai véritablement l'impression que quelque chose ne va pas.

Je n'ai pas souvent de pressentiment, c'était souvent le cas quand j'étais enfant, mais plus maintenant. Or, depuis que la nuit est tombée, j'ai vraiment le ventre barbouillé, des images ne cessent de défiler dans ma tête. Des images qui montrent un scénario absolument pas envisageable.

Et mon palpitant ne se calme pas.

Une fois de plus, je change le bandage de ma cheville afin de renouveler la glace qui tient en place sous celui-ci.

Quelle galère ça, au pire moment venu.

J'entends alors quelqu'un toquer à ma fenêtre et me tourne pour trouver Keene, sa tête dépassant du rebord.

- Il commence à faire nuit, Elia tu ne veux pas rentrer ? On ne sait pas ce qui peut arriver. Il dit en grattant sa barbe de trois jours.
- J'attends son retour. Je dis en me re concentrant sur la vue.

J'entends alors qu'il bouge, puis des pas lents sur le toit.
J'observe alors, le blondinet avancer vers moi, vraisemblablement mal à l'aise par la hauteur.

- Tu as le vertige ? Je demande en souriant gentiment quand il s'assoit sur la chaise à mes côtés.
- Oui. Eros n'est pas revenu ?
- Non. Il t'a prévenu qu'il partait pour la nuit ? Il ne le fait pas d'habitude ? Je demande en tentant de calmer les battements rapides de mon cœur.
- En général il m'envoie un message quand il a oublié de le faire... Il murmure à lui même.

Mais je me tends à l'extrême.

- Keene... je ne le sens pas. J'avoue en l'observant se tendre également.
- T'as toujours accès au gps de son traceur ? Il me demande, faisant augmenter ma panique.

Je hoche la tête et il saisit mon ordinateur pour me le donner, afin de limiter mes déplacements.

Je fais quelques manipulations que Darcy m'a gentiment appris et arrive enfin à localiser sa moto.

- Le signal est faible, il n'a pas énormément de réseau. Conclu Keene.
- Il n'est pas proche de la route... c'est quoi ce bordel... Je me murmure à moi même, continuant de manipuler le logiciel pour avoir des coordonnées plus précises.

Keene envoie rapidement un message à Darcy afin qu'il obtienne un résultat plus concluant que le mien.

- On va le voir. Me dit le blond en m'aidant à me lever.

Il m'aide à marcher jusqu'à ma chambre, me porte pour passer la fenêtre et me pose à terre, éteint mon ordinateur et me donne mes béquilles.

Le médecin a été clair, moins la cheville est utilisée et plus la cicatrisation sera rapide.

On arrive rapidement dans le bureau de Darcy.

- Il y a un truc qui cloche. Il n'y a aucun bâtiments à des kilomètres à la ronde. Sauf ce petit hangars et il ne peut pas être arrivé là par hasard. Commence le brun aux yeux bleus.
- Ça veut dire quoi précisément ? Je demande en sentant l'impatience et la frustration me gagner. Qu'il s'est fait enlever par je ne sais pas qui encore une fois ?
- Elia calme-toi... Commence Keene.
- Que je me calme ? On ne sait même pas ce qu'ils lui font putain ! On doit aller le chercher !
- Certainement oui, mais clairement pas toi. Ricane Darcy en prévenant le club de se tenir prêt en salle de réunion dans dix minutes.

Heureusement qu'ils se couchent tard ici.

- Écoutes moi bien Darcy, si tu crois sincèrement que je vais rester ici avec mes petites béquilles et mes petits glaçons pendant que mon mec se fait bousiller la gueule par des fils de putes, alors tu es sacrément idiot. Je viens. Et que tu sois d'accord ou pas, je m'en branle. J'ai décidé que je viendrais alors sois sûr que j'y serais. Je dis hargneuse.
- Ton mec ? Elia je dois te rappeler que-
- Qu'il a failli baiser une meuf ? Non pas vraiment, je t'expliquerais. Mais ça, on le réglera plus tard, c'est pas quelque chose de majeur. Je siffle en lançant un regard mauvais au blondinet.
- Cool l'ambiance... bon très bien Katniss, si t'insiste. Ironise Darcy. Oublie pas que tu vas pas aller loin avec ta cheville, mais soit. Dit-il sans cacher son désintérêt.

***

Une dizaine de minutes plus tard et tous les documents imprimés, on arrive enfin dans la salle de réunion.

Le débriefing est rapide, Darcy prend la parole et expose la situation précisément. Il enchaîne ensuite avec le plan d'attaque, suite aux questions il annonce également le plan de secours et demande s'il y a des questions. Alors une fois que tout est clair pour tout le monde, les prospects nous apporte des armes chargées et rapidement, tous se dirigent vers le garage.

- Elia, qu'est-ce que tu- Commences Edric.
- Je viens.
- Je prends la voiture pour la prendre avec nous, j'aurais besoin de tous les logiciels à l'arrière de toute façon. Alors autant la prendre avec moi. Annonce Darcy à son président.
- Tu restes dans la voiture ?
- No-
- Elle restera dans la voiture, ne vous inquiétez pas. Me coupe le brun avec un regard qui m'impose le silence.

Je souffle de résignation mais reconnais que c'est déjà une chance que je vienne, alors je ne vais pas tout gâcher.

Je hoche la tête et tout le monde se disperse. Je récupère les clés du range rover et monte difficilement dedans. La hauteur est une torture pour les béquilles.

Les prospects ainsi que Darcy arrivent rapidement pour tout installer à l'arrière et à la minute où ils annoncent que tout est en place, le portail s'ouvre et les bikers s'élancent avec rapidité mais organisation, vers le point d'arrivée. Situé à des dizaines de kilomètres du club.

-  Il a de la chance d'avoir une femme comme toi. Me dit Darcy en brisant le silence angoissant qui régnait dans l'habitacle.
- Il ne doit pas s'en rendre compte. Je réponds froidement en gardant le regard dur, droit devant moi.
- En effet. Mais tu sais, c'est un type bien. Il est toujours là pour les gens du club. C'est un homme de confiance. Mais pour l'amour c'est plus compliqué. Ça ne faisait pas partie de ses plans. Alors il va falloir du temps pour qu'il le comprenne.
- En attendant, il est dans un hangar avec je ne sais qui. Alors si tu pouvais accélérer au lieu de me faire l'éloge du mec qui joue avec moi, ça m'aiderait. Je dis en le foudroyant du regard.
- T'es toujours aussi piquante ou c'est seulement quand tu es sous tension ? Il ricane en accélérant.
- Tu serais aux anges si tu savais que l'homme ou la femme que t'aimes est peut-être mort à l'heure d'aujourd'hui, qu'il lui manque peut-être un bras ou une jambe, qu'il a peut-être une balle entre les deux yeux ou qu'il s'est vidé de son sang ? Parce que oui, je suis sous tension là. Je grogne.

Il ne répond rien, le regard soudainement sombre et se contente d'accélérer encore, suivant de près les bikers devant nous.

- J'ai confiance en lui Elia. Il ne va pas nous lâcher. Ça va aller. J'en suis sûr. Il me dit après quelques minutes de blanc avec une voix rassurante et un regard doux.

Puis il tourne et la route change. Les bikers devant nous envoie de la poussière sur le pare brise et on éteint tous nos feux, signe qu'on approche du lieu où il est retenu.

- Pourquoi on est si nombreux à aller le chercher ? Je demande en m'accrochant à la poignée de la porte, afin de ne pas sauter sur le siège en raison des graviers et appuyer sur ma cheville.
- Car on sait que c'est l'arbre qui cache la forêt.

Je ne comprends pas tout de suite, et m'apprête à poser des questions, mais quand les Rebels commencent à tirer sur tout ce qui bouge et que de nombreux hommes répliquent, je tilte enfin.

Oh bordel de merde.

Wind and RiskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant