Chapitre 55

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Eros

- Putain je savais que ça allait arriver un jour... marmonne-t-il en entrant dans ma chambre précipitamment.

Il a un mouvement de recul en observant l'état catastrophique de la pièce. Tout est ravagé, mes affaires sont par terre, les meubles sont retournés, les cadres détruits...

- Explique-moi tout de suite putain ! Dit Keene en avançant précipitamment vers moi, inquiet.

Je suis assis au sol, mon lit me sert de dossier et mon regard est dans le vague.

Mon ami s'assoit à mes côtés et souffle, conscient qu'il ne faut pas me brusquer et que je vais parler quand j'en aurais envie.

- Je l'ai perdue.
- Elia ? Il dit, ses sourcils se haussant et ses yeux s'écarquillant.

Je hoche péniblement de la tête et il relâche tout l'air dans ses poumons.

- Tu t'attendais à quoi ? Tu es parti voir ailleurs idiot ! Il dit en me lançant un regard remplit de reproche.
- J'en ai rien à foutre de l'autre ! Il n'y a que Elia ! Je ne l'ai même pas calculé. Je crois que j'ai fait une crise de panique. Je ne voyais rien, n'étendais rien, ni ne sentais rien. J'avais simplement notre dernière engueulade en tete. Je grogne en lui lançant un regard noir.
- Oh putain le bordel... tu le lui as dit ?

Je lui explique qu'elle m'a très peu laissé la parole. Alors, il se relève et me tend la main.

- Ça crève les yeux que tu l'aimes ! Alors pourquoi tu te comportes comme si c'était pas le cas ! J'arrive plus à suivre. Bats toi Eros ! Elle ne te laisse pas la parole ? Alors tu m'obliges à t'écouter. Tu ne vois que par elle ! Alors bouge toi merde ! Je crois que tu n'as pas conscience de la chance que tu as de l'avoir. Et que tu n'as encore moins conscience de tes sentiments pour elle.
- Je ne l'aime pas ! Je panique.

Il souffle et poursuit plus calmement.

- Tu es toi même contradictoire. Tu l'aimes Eros et il faut que tu t'en rendes compte sinon tu vas la perdre pour toujours. Et là, tu vas savoir ce que ça fait d'être abandonné, car tu seras le seul fautif de son départ, contrairement à tes parents.

Ses dernières paroles me donnent si fort la nausée que je place ma main sur mon cœur pour ne pas rendre.

- J'ai besoin de prendre l'air. Je dis en titubant pour sortir de là.

L'angoisse me sert la gorge et rend ma vison floue.
Putain ! Comment j'ai fait pour pas m'en rendre compte bordel.

Je ne patiente pas plus et file au garage.

Je m'habille rapidement, enfile mon casque et monte sur ma moto. Une fois le moteur en marche, tout s'évacue.
Toutes les émotions négatives sont mises de côtés afin de laisser place aux ondes positives.

Ma thérapie.

Je ne perds pas plus de temps et passe rapidement le portail.

Keene va me tuer. C'est irresponsable de conduire dans mon état.

Mais plus les kilomètres passent et plus la pression s'enlève de ma poitrine.

Et même si je me pose plein de questions, la même tourne en boucle dans ma tête.

Est-ce que je l'aime vraiment ?

J'ai envie de répondre oui. Mais je n'en sais rien. Tout ce que je sais, et ce dont je suis sûr, c'est que j'ai peur de la perdre à en faire des cauchemars, que je pense souvent à elle et que je ne peux même pas l'imaginer avec un autre sans sentir la colère monter et la douleur grandir.

J'ai tous les symptômes.

Je suis certain que Livia trouverait ça adorable de voir son petit garçon amoureux. Mais c'est tout sauf ça.
L'amour c'est dangereux. Tant d'hommes forts sont tomber par amour. Juste car ton cœur a décider d'investir davantage cette personne qu'une autre.
Ce n'est même pas un combat de raison. C'est simplement ton cœur qui bat pour une personne. Comme si sans elle c'était vide. Comme si ton cœur pouvait battre seulement en sa présence. Comme s'il était une lumière et qu'elle était l'électricité.

C'est vrai que je suis bien avec Elia, je me sens apaisé, calme. Comme si je n'avais aucun problème, que nous étions dans une bulle coupée du monde.

C'est ça l'amour ?

Vivre pour quelqu'un d'autre. Vivre grâce à son regard ? A son souffle ? A son sourire, son rire, ses paroles, ses pensées. Vivre grâce à elle ?

Qu'on ose me dire que ce n'est pas dangereux !

C'est comme une putain de drogue. Comme si on était rien sans elle.

Putain de bordel, je suis complètement tombé pour une femme.

Dans mes pensées, je n'entends pas tout de suite les moteurs dans mon dos.

Mais maintenant que mes pensées sont envolées, j'ai bien conscience de mon erreur.

Je relève doucement la tête et coupe précipitamment le moteur de ma bécane pour ne pas rentrer dans le biker qui se trouve devant moi, à moins de dix mètres.

- Eros !

Un Hells Angels.

Enfin, un, c'est bien gentil.

Ils m'entourent tous.
Ils sont une quarantaine.

C'est à mon tour de mourir pour une femme ? De mourir pour l'amour. Mes pensées pour elle m'ont fait oublier le danger comme la plus grosse des diversions.

- Tu vas gentiment nous suivre si tu ne veux pas mourir maintenant. Déclare le nouveau président des HA, que je reconnais à son cuir particulier.
- Quarante pour un seul homme ? Vous êtes si peu confiant ? Je demande en posant mon regard noir dans chacun d'eux.

Certains baissent les yeux, lâches. D'autres le soutiennent, suicidaires.

Je sors rapidement mon arme et tire sur cinq hommes en pleines têtes avant de sentir une pression dans mon ventre.

Heureusement que j'ai développé des reflex avec mon rôle.

Je ne fais pas attention et poursuis le massacre.

Je ne suis même pas en colère, simplement vide. Je ne ressens même pas une once de pitié pour les idiots qui meurent de mes balles.

Je sais qu'ils me veulent vivant, ils m'auraient déjà tué sinon. Alors j'en profite pour me défouler.

Mais quand il ne reste que trois hommes, dont le président, une deuxième balle est tirée dans mon torse. Je relâche alors l'arme et descends de ma moto.

L'adrénaline redescend peu à peu et je peux enfin sentir la douleur des balles.
Elle m'arrache un gémissement inaudible et je pose un genoux à terre pour ne pas m'effondrer. Je suis humain bordel.

Mais en voyant tout le sang que j'ai perdu, je comprends bien vite que je ne risque pas de l'être longtemps.

Ma tête commence doucement à tourner, mes muscles s'engourdissent, ma vision devient floue et mes oreilles bourdonnent.

- Il ne manque plus que la fille. Et ça ne risque pas d'être compliqué. Dit le président à un de ses hommes.

Un haut le cœur me prend et je m'écroule au sol, dans mon propre sang, à l'entente du plan pour récupérer ma Elia.
Malgré moi, je pose ma tête au sol, fatigué et doucement mes paupières se ferment.

Tant d'hommes forts sont tomber par amour.
Et j'en fais maintenant partie.

Wind and RiskOù les histoires vivent. Découvrez maintenant