chapitre 21

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Elia.

Je me réveille en raison du bruit que j'entends de l'autre côté de ma chambre.

J'avais déjà le sommeil léger, mais maintenant c'est pire.

Je suis sans cesse sur mes gardes, j'analyse chaque bruit, chaque respirations.

Je suis dans le noir depuis sûrement des jours.

Je n'ai aucune notion du temps.

Ça fait six plateaux repas qu'on m'amène, alors sûrement trois jours.

Peut-être plus, peut-être moins.

Qu'est-ce que ça me fait au final ?

Trois jours qu'on m'a sauvé de là bas.
Trois jours que je pleure dans mon court sommeil.
Trois jours que je ne me nourrit plus.
Trois jours que je ne vois plus personne.
Que je n'ai pas ouvert mes volets, ni allumé la lumière.

La seule chose que je fais, c'est me doucher.
Encore et encore.

Essayant d'effacer les traces qu'ils m'ont fait.
Sans succès.

J'ai tellement vomi quand je me suis vue dans le miroir à mon retour, que je l'ai brisé.
Mes mains sont abîmées et je ne ressens aucune douleur.

Je crois qu'Eros était venu en panique.
Mais la scène est assez floue dans mon esprit.

***

Une fois douchée, je retourne dans mon lit, et me contente d'observer le plafond.

Je repense à tout.

Mais, je suis comme anesthésiée.

En dehors de la douleur que subit physiquement mon cœur et ma peine à respirer, je ne ressens rien.

Seulement du vide.
De la lassitude.

Je n'ai aucune envie.
Si ce n'est de mourir.

Eros

Une semaine.

Une putain de semaine que seul des cris, l'eau de la douche, et ses crises de paniques m'assurent qu'elle est toujours en vie.

Elle ne mange rien, alors, chaque matin je me bouge dans sa chambre, qui étrangement sent bon, lui laisse des bouteilles d'eaux qui contiennent des vitamines et du sucre.

Je ne peux rien lui donner d'autre.
Alors, j'essaye d'en mettre suffisamment dans son eau.

Et vu sa réaction quand je l'ai trouvé en sang dans sa salle de bain, une fois son miroir détruit, je ne suis pas pressé d'aller la voir tandis qu'elle est consciente.

Elle m'a agressé.

Littéralement.

Elle m'a frappé, m'a hurlé toute sa colère, sa haine, sa tristesse, sa douleur.
Elle a fini par m'achever en répétant le nom du fils de pute qui l'a brisé.

J'ai compris qu'elle était ailleurs et qu'elle ne me voyait pas.
Elle semblait voir son agresseur.

À ma place.

Heureusement pour lui qu'il est mort.
Sinon, même mes pensées auraient du mal à imaginer une vengeance à la hauteur.

Lui couper la queue ? La langue ? Lui peler la peau comme la cuticule d'une pomme ? Tuer sa famille devant lui ? Lui planter des clous des pieds à la tête en espérant qu'il meurt langoureusement ? Le brûler ? Le noyer ? Le démembrer ?

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