La serveuse [Tome 1]

1. Shot de vodka

Il était encore tôt, le soleil se levait sur San Francisco et à peine réveillée ma vie était déjà une catastrophe.

Je savais que la journée commencerait mal à partir du moment où mon réveil qui sonnait depuis déjà cinq bonnes minutes refusait de s'éteindre. Je savais  qu'il dysfonctionnait depuis un moment mais là il était temps d'agir, ça devait cesser.

Je sortis de mon lit d'un bon puis de ma chambre pour aller chercher un outil indispensable à ma survie au sous-sol.

Je revenais d'un pas décidé et donnais des gros coups de marteau sur le réveil jusqu'à ce qu'il arrête de sonner. Bon sang, c'était mieux comme ça. Je posais le marteau sur mon bureau et m'asseyais sur mon lit en me massant les tempes.

Cette journée commençait très mal. J'étais dans mon lit depuis une bonne dizaine de minutes en me demandant "qui m'a envoyé ?". Si j'avais pu dormir davantage ça m'aurait arrangé.

Je devais m'habiller. J'optais pour une chemise rayée noir et blanche ainsi qu'un pantalon noir et des chaussures noires. Je préparais en vitesse mon sac de cours, c'est-à-dire un cahier pour les schémas, pour visualiser et faire des cartes mentales de mon cours et mon ordinateur.

Je descendais en vitesse, saluais mes parents et prenais un petit déjeuner rapide. Je montais dans la salle de bain pour me préparer, je me brossais les dents et repartais en vitesse pour ne pas louper mon bus.

J'aurai pu y aller en voiture mais vu le réveil que j'avais dû affronter je n'en avais pas la force. En plus les gens conduisaient comme des cons sur la route.

***

Je venais de finir une journée de cours interminable, malheureusement pour moi le travail n'est jamais fini. Je voulais être avocate, enfin, c'est ce que je voulais être car je ne voulais pas décevoir mes parents et qu'ils m'avaient toujours mis la pression pour faire un bon métier.

Mes parents étaient dans les affaires, il était donc logique pour eux que je reprenne les rênes, dommage que je n'en avais jamais eu l'envie. Ils étaient déçus lorsqu'ils l'avaient appris mais je m'en foutais.

Malheureusement pour moi je vivais encore chez eux du haut de mes 21 ans et je n'avais qu'une envie, partir dès que l'opportunité se présenterait.

Après un long trajet en bus, je devais rejoindre Chelsea. On n'était pas vraiment  amies parce qu'on ne s'appréciait plus vraiment, on traînait surtout ensemble pour des raisons pratiques.

C'était une jeune femme blonde aux yeux bruns de taille moyenne, elle était le genre de fille sociable, qu'on invitait à toutes les fêtes ou encore qui plaisait à tous les garçons qu'elle croisait.

Tout le contraire de moi finalement et heureusement, pour rien au monde j'échangerai ma vie avec la sienne. Elle m'attendait garée sur le bord du trottoir. J'allais vers sa voiture et ouvrais la portière. Je m'installais et tournais mon regard vers elle.

- Judith ma chérie, j'adore comment tu es habillée, me lançait-elle en démarrant sa voiture, tout cela d'un ton bien hypocrite.

- Merci, tu travailles encore ce soir ? Lui demandais-je en la suppliant du regard.

- Tu sais bien que je travaille tous les soirs, en plus on est vendredi et ce soir il y a plus de client que d'habitude.

Bien que Chelsea était une très jolie fille, scolairement son intelligence ne brillait pas autant que ses lèvres pleine de gloss ou de ses paupières pleines de paillettes.

Elle avait dû abandonner ses études pour travailler et gagner sa vie. Elle travaillait donc dans un bar comme serveuse même si je savais qu'elle ne se contentait pas que de servir ses clients avec des shots de vodka.