Chapitre 2 : méfiance

814 88 58
                                    


Le jeune daguet grimaça dès l'instant où il étala l'étrange mixture, mélange de gris et de vert, sur le bras. Si la texture collante et grumeleuse n'était pas agréable, c'était surtout l'odeur qui l'indisposait. 

Izuku retroussa son nez bariolé de petites griffures rougeâtres, et prit sur lui pour réaliser correctement sa tâche. Il n'avait de toute façon pas le temps de chercher des herbes aromatiques pour améliorer l'odeur de son cataplasme. Pour cette raison, il s'appliqua à étaler la crème le plus efficacement possible malgré son dégoût plus que perceptible. Les mouvements de va-et-vient sur son bras droit avaient cependant l'effet positif d'apaiser son petit cœur animal toujours anxieux. 

Autour de lui, le vent siffla et l'entoura dans une brusque étreinte glaciale. Un frisson le traversa et Izuku regretta aussitôt d'avoir retiré son gilet pour éviter de se salir. Désormais torse nu, la brise ne faisait que renforcer la sensation désagréable de la mixture qui lui collait à la peau. Mais Izuku ne voulait pas faire de gâchis et s'appliquait à tout étaler sur chacun de ses membres éraflés. Et puis, s'habituer à l'odeur et à la texture ne pouvait pas lui faire de mal, lui qui était si sensible à toutes ces fragrances. 

Au bout d'un petit moment, le daguet s'arrêta enfin, arrivé à court de produit et constata le résultat, son œuvre. Il fit une petite moue en voyant les aspérités et les bosses que l'onguent avait fait çà et là. Décidément, il n'était pas très doué.

Izuku souffla avec dépit, car il savait qu'il n'allait pas pouvoir faire mieux et lava ses mains dans le ruisseau à côté duquel il s'était allongé, résigné à son sort. Il grogna de dégoût en voyant la mixture accrochée à ses ongles et dû batailler plusieurs minutes pour en retirer le moindre morceau. Après ça, il passa à son torse et nettoya les quelques gouttes de mixtures qui avaient giclé sur sa peau pâlichonne. Tout ce temps perdu à cause de quelques sombres idiots...


Quand ses mains furent sèches, le daguet décida de tirer à profit le temps d'attente et saisit son petit carnet pour gribouiller dessus quelques remarques pertinentes concernant les quantités d'argiles et d'eau à mettre dans un cataplasme. Son côté studieux et quelque peu fanatique ressortait clairement lorsqu'il se mettait à marmonner avec tant de passion au sujet de ses expérimentations. Dans ces moments-là, le jeune mâle était dans son monde à lui, dans sa bulle. Qu'importe qu'on soit capable de le comprendre ou non, puisque de toute façon, il n'y avait qu'à lui que s'adressait ces baragouinements intempestifs. Entre deux coups de crayon, le daguet se mordillait la pulpe des doigts, réfléchissant à la meilleure formulation ou tournure de phrase et de temps en temps, son pelage sombre frissonnait à cause du froid.


Finalement, le mâle décida que s'en était assez et arrêta de noircir les pages cornées de son cahier, rongé par l'humidité, pour le refermer. Il espérait obtenir de meilleurs résultats la prochaine fois. Délicatement, ses doigts parcoururent la fine reliure de l'ouvrage, cadeau de son ami Yagi, et un petit sourire nostalgique passa brièvement sur ses lèvres. 

Le daguet rangea son trésor dans son sac et se releva. Une douleur inattendue le saisit et Izuku grimaça. Il fixa ses pattes, où plusieurs longues griffures malmenaient sa peau en divers endroits, avec un air soucieux. Désormais masquées par la couleur verdâtre de l'onguent, elles restaient néanmoins clairement visibles entre deux touffes de poils. Ces fines blessures étaient superficielles, fort heureusement. Elles dataient de son séjour forcé dans les ronces, lorsqu'il avait tenté désespérément de se cacher de ces malotrus qui l'avaient attaqué sans raison.


Il souffla à nouveau, cette fois-ci dépité par le comportement de ses semblables.


Les voies de la nature [BakuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant