Chapitre 14 : mon fils

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- Je préfèrerai rester ici.

- Hors de question.

Le ton ferme fit comprendre à Toru qu'il n'y avait pas de place pour la négociation. Elle fronça malgré tous les sourcils, exprimant clairement son mécontentement.

- Si jamais il lui arri...

- Il lui arrivera rien. Et les gardes sont là pour ça.

- Mais...

- Ecoute Toru. T'es gentille, mais tu m'énerves.

- P-Pardon ?

- T'es pas guérisseuse. reprit son chef. Tu vas juste le gêner. Et si cet abruti fait pas d'rêve, c'est sur toi qu'ça va retomber.

- Mais...

- Y a pas de mais, face de fantôme. Tu descends au village avec moi, un point c'est tout. J'veux que tout le monde en bas puisse voir ta tronche. C'est clair ?!

Penaude Toru baissa la tête. Katsuki avait raison. Mais tout de même...

Elle jeta un regard par-dessus son épaule. Couché, le dos droit, Izuku semblait pleinement conscient. Pourtant, elle avait vu de ses yeux son regard devenir vitreux et son esprit s'évanouir. La boisson avait été très efficace sur lui. Peut-être un peu trop d'ailleurs. Toru aurait préféré rester à ses côtés, au moins pour pouvoir le rassurer à son réveil.

- Devrait même pas y avoir de gardes ici... rouspéta Katsuki en grognant, s'adressant plus à lui-même qu'à Toru.

- Izuku ne s'enfuira pas. cru bon de faire remarquer cette dernière.

- C'est ça ouais...

- Il ne partira pas.

Le ton ferme de Toru parut surprendre Katsuki un court instant. Pas longtemps cependant. Très rapidement, le chef se remit à froncer les sourcils.

- Ouais ouais. Bon, on y va.

Coupant court à toute discussion, le mâle s'éloigna. Toru resta immobile un court instant avant de se précipiter vers lui. La forêt n'était clairement pas assez accueillante la nuit pour qu'elle prenne le risque de s'y promener seule et elle n'avait pas de torche pour s'éclairer.

- Rien ne garantit qu'il rêvera. Fit quand même remarquer Toru après avoir distancé les deux gardes postés.

Katsuki ne dit rien et leva plus haut sa torche pour éclairer le chemin. Toru n'insista pas, mais son front se plissa doucement, signe de son anxiété. Elle craignait que comme Katsuki, beaucoup pensent que rêver soit obligatoire pour qu'Izuku puisse être considéré comme leur chaman. Elle lança un regard derrière elle, mais ne distingua rien d'autres qu'une végétation noire et illisible. Un frisson la traversa. Elle n'aimait pas la forêt de nuit. Toru trottina pour rattraper Katsuki, laissant Izuku seul à son sort.

. . . . . . . . . . . . . . . . 

Malgré son immense envie de bâiller, Katsuki se retint sans rien laisser transparaître. Pourtant, il suffisait de voir sa queue fouetter régulièrement l'air pour comprendre son agacement. Ses yeux rubis, légèrement plissés, glissaient sur les habitants sans s'arrêter plus de quelques secondes.

Dire qu'il devrait être en train de dormir depuis plusieurs heures déjà. Et encore, il était généreux. Il ne pouvait même pas profiter de la situation pour avancer sur son travail. Non. Il devait faire acte de présence pour cette fête insipide.

L'œil scrutateur, le chef jaugea du regard les centaures éméchés qui dansaient autour du feu central. Mâle et femelle tournoyaient de façon hasardeuse sans la moindre harmonie. Un sourcil haussé en un signe évident de critique, Katsuki eut néanmoins le respect de ne pas faire de commentaires. De toute manière, qui allait l'entendre ? Il était seul et isolé. De son propre fais bien sûr. Être sociable n'était pas son genre. Il détestait également boire, car c'était prendre le risque de ne plus être maître de lui-même. Qui plus es, en tant que chef, il ne pouvait se le permettre. Alors, il préférait rester dans son coin et contempler toute l'étendue de la stupidité de ces villageois.

Les voies de la nature [BakuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant