Les voies de la nature [BakuDeku]

Chapitre 12 : préparation

- hér, altari helgisiðanna.

Avec lenteur, Toru désigna de la main une grande structure en pierre, puis, ses deux orbes sombres s'ancrèrent en lui pour s'assurer qu'il avait bien compris.

Izuku fixa l'objet solennel à son tour. Les bords lissés de la pierre grise indiquaient clairement que l'objet était ancien. Très ancien même. Il se dégageait de cette roche un je ne sais quoi qui imposait le respect. Ce n'était pourtant qu'un grand bloc de pierre grise, taillé en une structure rectangulaire. Sur chaque côté, on pouvait distinguer plusieurs gravures un peu abîmées par le temps. Izuku était incapable de s'y intéresser. Il ne le voulait pas de toute façon.

Autour et sur l'objet, il n'y avait pas la moindre trace de neige. Tout avait été nettoyé en prévision du rituel.

Demain.

La gorge sèche, Izuku observa en silence Toru faire quelques pas autour de l'autel, le lui présentant encore et encore, insistant sur chaque aspect. Raide, ses doigts fins tirèrent les bords de son poncho comme pour mieux s'y cacher dedans. Mais il était là, bien visible, au centre de cette grande clairière.

Quand Toru lui avait expliqué qu'un évènement d'une telle ampleur allait avoir lieu, pire, qu'il allait devoir y participer, il avait failli s'évanouir. Sa courte nuit, sans rêve, n'avait pas arrangé ses affaires. Izuku avait bien du mal à contenir son envie de détaler dans l'autre sens.

Presque en tremblant, le jeune daguet relâcha sa prise sur son poncho pour porter ses doigts à ses lèvres. Il se mordilla la pulpe de la main, essayant tant bien que mal d'écouter et de comprendre en même temps. La pouliche parlait vite, trop vite. Il avait beau essayer de se concentrer, c'était difficile de tout saisir. Alors, insidieusement, ses doutes profitaient de chaque seconde d'incompréhension pour l'accabler encore plus. Ses angoisses l'étranglaient. Un carnage allait bientôt avoir lieu ici.

Prenant laborieusement une inspiration, Izuku essaya de se concentrer sur la voix de la jument. Encore. De faire abstraction des chuchotements terribles qui lui vrillaient le crâne. Encore.

Demain. Demain. Demain.

Une douleur aigüe le fait soudainement sursauter.

Izuku retire ses doigts de ses lèvres, regardant son pouce en sang sans vraiment le voir.

- Izuku ?

Le daguet sursaute. Il tente un faible sourire et cache son pouce ensanglanté dans son poing, derrière son dos. Toru, l'air soucieux, le fixe un court instant en silence. Son regard dévie de haut en bas, cherchant les raisons de la dissipation de son élève. Ne trouvant rien, elle finit par reprendre ses explications.

Il se sent seul au monde.

Pourtant, il a accepté ce destin qui semble vouloir être le sien. Il est résigné.

Mais rien que le fait de devoir sortir de sa yourte pour venir ici a été une épreuve. Sur le chemin vers les montagnes, il a bien senti que quelque chose avait changé. L'air fasciné de ces gens a changé. La tonalité de leurs murmures a changé. Ils paraissent inquiets, méfiants.

C'est encore sa faute. Comment va-t-il pouvoir être à la hauteur ? Toutes ces choses. Tellement de choses à gérer. Trop de choses à gérer...

Il voit bien que tout le monde doute de lui et de ses capacités. Lui aussi en doute !

Son cœur s'emballe.

Pourquoi est-ce Chiyo ne lui a pas appris tout ça ? Il ne comprend pas. Ne devait-il pas simplement devenir guérisseur ? Pourquoi toutes ces choses arrivent maintenant ?