Chapitre 34 : innocence

563 88 58
                                    

Tout en s'étirant intensément pour faire craquer les muscles de son dos, Katsuki observa les alentours avec attention. La grande place était peu bondée pour le moment, mais cela n'allait pas durer. Il suffisait d'apercevoir le nombre croissant de petites têtes agitées dans un coin de l'espace pour s'en rendre compte. Il poussa un bref soupir.

Assister à la représentation des jeunes poulains du village ne l'emballait pas. Le simple fait de se dire que cela allait durer toute l'après-midi le déprimait. Il aurait mille fois préféré gérer la course d'obstacles supervisée par Mezo.

Pourquoi Eijiro ne pouvait-il pas le remplacer ? Nul doute que lui aurait adoré voir ces mioches sautiller dans tous les sens. Katsuki expira profondément tout en marmonnant doucement. Il leva les yeux un court instant, mettant sa main en visière pour voir où en était le soleil. Bon, il n'allait pas tarder à prévenir le professeur qu'il pouvait commencer à envoyer les gamins sur scène. Alors qu'il le cherchait du regard, il posa les yeux sur la petite place vide à sa gauche. Parti assister la course d'obstacle, où il y avait toujours des idiots qui réussissaient à se blesser, Izuku n'allait probablement pas réapparaître avant une bonne heure, voire deux, si la course prenait du retard.

Déjà que ce spectacle allait être barbant...

Une silhouette peu joyeuse attira son attention et Katsuki put enfin faire un signe à Shinso pour lancer le début des représentations. Celui-ci hocha simplement la tête puis disparût de nouveau. Katsuki ne le connaissait pas beaucoup et c'était probablement mieux ainsi. Il avait le même petit air hautain que son fichu père, toujours si détaché, même lorsqu'il parlait de ses élèves. Parfois, Katsuki se demandait s'il pouvait exprimer d'autres émotions.

Enfin.

Maintenant qu'il avait accompli l'une de ses seules tâches de l'après-midi, il pouvait se remettre au travail. Parce qu'il n'avait pas que ça à faire ! Il y avait encore bien trop de choses à organiser et à gérer pour prendre le temps de se relâcher. Froissant le front, concentré, Katsuki étala quelques documents devant lui.

De temps en temps, il accordait un bref regard en direction des petites silhouettes qui piaffaient d'impatience, s'assurant que tout était sous contrôle. La chorégraphie ne l'intéressait pas et de toute façon, la majorité des poulains étaient bien plus intéressés à l'idée de faire coucou à leurs parents. Même Shinso n'avait pas l'air d'y croire.

Honnêtement, Katsuki ne voyait vraiment pas comment il faisait pour supporter ces mioches à longueur de journée. Ils étaient tous si maladroits à cet âge.

En les voyant bafouiller avec leurs quatre sabots, cela lui fit un peu penser à Izuku et à ses maladresses répétées. Katsuki eut un petit rictus. Dommage que ce petit daguet soit parti ailleurs. Il aurait préféré qu'il reste près de lui. Surtout avec un tel accoutrement.

Maudit Yuga...

Il croyait peut-être que l'étalon n'avait pas compris son petit jeu ? Tout ça pour des bouts de tissus...

« N'est-il pas magnifique, Katsuki ? »

Plutôt crever que d'admettre qu'il avait raison.

L'esprit de Katsuki dévia sans s'en rendre compte, se remémorant la scène qui avait attisé son cœur.

Son corps, couvert de vert et de blanc, avait un je ne sais quoi qui l'avait perturbé plus que de mesure. Peut-être était-ce son pelage flamboyant et bien toiletté, luisant sous le soleil d'été ? Les pompons blanc et vert ? Ou alors ce tissu, si fin, qu'il paraissait dénué de masse ? À moins que ce ne soient ces jolies bandes blanches qui le drapaient soigneusement çà et là ? Katsuki avait l'image gravée en lui. Comme pour attirer le regard dessus, deux d'entre faisaient le tour de sa croupe, s'harmonisant parfaitement bien avec le croupion pelucheux du jeune daguet.

Les voies de la nature [BakuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant