Chapitre 43 : Kremasjon

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La nuit était tombée sur la plaine. Une nuit sombre. Aujourd'hui, la lune n'allait pas leur fait honneur de sa présence.

Le ciel était couvert de quelques légers nuages, masquant l'éclat de l'astre et celui des étoiles qui commençaient à apparaître dans la voûte céleste.

Le bruit des tambours résonnait fortement autour du guérisseur. C'était un rythme assez pesant et soutenu. Alors Izuku redressait les épaules et fermait les poings. Il ne devait pas flancher sous le poids de l'émotion. Les musiciens s'étaient entraînés longuement pendant les dernières semaines afin de se caler à l'allure des pas du cortège. Désormais, chaque martèlement retentissait avec lourdeur dans sa poitrine. Le rendu était à la hauteur de ses espérances et le chaman se devait de garder la tête haute. Pour leur faire honneur à son tour.

Derrière lui, quelques centaures le suivaient lentement. Chaque mouvement était empreint d'une grande minutie. Il le fallait après tout, car le terrible fardeau qu'ils transportaient avait une immense valeur.

C'était pour lui qu'ils étaient tous là.

C'était pour ce moment précis qu'Izuku avait tant travaillé ces dernières semaines.

Pourtant, tout autour de lui et du cortège, ils n'étaient pas si nombreux que cela. Une vingtaine tout au plus. Mais leurs présences en ces lieux signifiaient énormément pour le jeune chaman. Il les voyait comme une récompense pour tous les efforts qui avaient été faits. Il espérait qu'il en était de même pour eux.

La procession derrière lui ne ralentissait pas son rythme alors qu'ils approchaient de la grande étendue translucide du lac.

Izuku observa l'eau sans vraiment la remarquer, l'esprit englué dans tout un tas d'émotions contradictoires.

Il ressentait de la joie, étrangement, car ce jour était enfin venu. De la peur et de l'appréhension, à l'idée que tout échoue, si près du but. Et puis, il y avait de la tristesse et une pointe de mélancolie. Ce méli-mélo embrouillé n'avait fait que s'accroître en lui jusqu'à cet instant. Ce moment précis où ils avaient quitté le village à la tombée de la nuit pour prendre la direction du lac.

Izuku se sentait étrange. Peut-être était-ce à cause de son passé et de ses origines ? Il avait mis tant de temps à se remémorer ces périodes de sa vie pour qu'aujourd'hui puisse avoir lieu.

Pourtant, il n'y avait plus ni douleur ni mal-être. Comme si, ce n'était plus quelque chose de désagréable de penser au passé. S'il était capable de le qualifier, le daguet aurait davantage songé à un doux-amer sentiment de réminiscence. Cette sensation était la même que ce qui survenait en lui lorsqu'il observait le fardeau derrière lui.

Enfin, le groupe s'arrêta. Les musiciens continuèrent d'avancer un temps, et se placèrent de part et d'autre du lieu de mise à l'eau sans cesser de jouer.

Du coin de l'œil, Izuku aperçut la moue concentrée de Kyoka qui veillait à ne pas perdre le rythme. Elle n'était pas la seule.

Cette motivation retourna le cœur d'Izuku une fois de plus. C'est un sentiment presque identique à celui où la vérité lui avait éclaté au visage, cet après-midi-là.

Malgré les craintes d'une énième fausse piste, les réflexions suivantes n'avaient fait que confirmer cette hypothèse, émise au hasard d'une conversation. Tout semblait concorder. Pire, cela lui paraissait presque évident à présent.

Il y avait un lien entre lui et cette pouliche. Depuis le premier jour.

Lorsque cette constatation s'était imposée dans son esprit chamboulé, Izuku avait tout fait pour réaliser sa volonté. Pour l'aider.

Les voies de la nature [BakuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant