Chapitre 16 : ce petit imbécile

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- Je te jure ! C'était incroyable ! Il a posé ses mains sur mon dos et d'un coup, tout mon corps s'est redressé !

Emballé, Eijiro sauta par-dessus une vieille souche sans y prêter attention et renchérit :

- Je m'étais même pas rendu compte que ma position était bizarre ! Maintenant, j'ai l'impression d'être léger comme tout !

- Encore en train de fantasmer sur les pouvoirs étranges de Deku à ce que je vois. ricana Katsuki.

En tête du duo, le chef et son bras droit faisaient route vers le camp. Un beau sanglier mort sur le dos d'Eijiro, et deux daims sur celui de Katsuki. La chasse avait été excellente aujourd'hui, à la plus grande satisfaction des deux individus. Correctement couvert en fonction de leurs besoins, leurs sabots s'enfonçaient dans la neige épaisse sans difficulté. L'hiver était bien installé en cette mi-janvier.

Même si Katsuki ne l'admettrait jamais, il aimait pouvoir passer un peu de temps loin de ses responsabilités, avec l'un des seuls centaures qu'il pouvait supporter. Maintenant qu'il était chef, il avait moins de temps pour lui. Moins de patience aussi. Ses vieilles habitudes lui manquaient. Pouvoir passer du temps avec Eijiro, en dehors de son travail, était devenu essentiel pour le jeune étalon. Cela lui permettait de se vider la tête et d'oublier ses obligations pendant un temps.

Aussi, le chef ne put retenir une grimace en voyant que le camp n'était déjà plus qu'à quelques foulées. Ignorant les réactions de son camarade, Eijiro continuait de déblatérer des âneries sur le jeune guérisseur alors qu'ils empruntaient l'un des sentiers déneigés aux alentours du village. Un rictus mi-moqueur, mi-exaspéré prit place sur les lèvres du chef.

Depuis six jours, et sur autorisation explicite de sa personne, les gardes se pressaient pour aller voir Izuku et ses fameuses « mains magiques ». Encore une histoire à dormir debout ce machin. Le guérisseur devait juste les masser histoire de bien se faire voir, et ça y est, tout le monde lui prêtait des pouvoirs fantastiques.

Il leva les yeux au ciel, lorsqu'Eijiro lui répéta pour la quatrième fois qu'il n'avait jamais autant été en forme que depuis qu'il avait été ausculté. Le village en faisait décidément beaucoup trop dès que cela touchait de près ou de loin le guérisseur. Ce gamin n'avait pourtant rien de spécial !

Katsuki maugréa doucement. 

Au fond, il était surtout en colère de la facilité avec laquelle le jeune daguet s'était fait une place dans la communauté. Lui, avait dû en baver juste pour pouvoir être considéré comme un successeur potentiel. Même aujourd'hui, certains continuaient d'estimer qu'il était indigne d'être chef. Mais lui, ce petit Izuku se ramenait comme une fleur, et voilà qu'il était déjà accepté. Tout ça parce qu'il avait eu une « vision » ! Tch. Lui aussi pouvait inventer des fantômes du passé s'il en avait envie !

- Qu'est-ce qui t'arrives encore Katsuki ? rigola doucement Eijiro en voyant son chef tirer la tronche.

- Rien. Avance.


Faisant mine de l'ignorer, Katsuki suivit du regard les quelques traces de pas autour d'eux, s'arrêtant notamment sur celle d'un lapin. La plaine était recouverte d'un beau voile blanc parsemé de quelques taches sombres provenant des autres centaures qui divaguaient dans les environs. Parfois, un oiseau ou deux se posaient sur la neige, sautillaient un peu avant de s'envoler derechef au moindre signe de danger. Lorsque la chance était de son côté, Katsuki pouvait même apercevoir un renard se faufilant entre deux bordures de forêt ou une biche guettant le danger.

- N'empêche, continuait Eijiro, c'est dingue que t'aies une dent comme ça contre Izuku. Enfin, il y a bien eu le souci avec ton nom, c'est vrai, mais...

Les voies de la nature [BakuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant