Les voies de la nature [BakuDeku]

Chapitre 28 : tradition

Pensif, Izuku observa le bucher brûlant, et les flammes s'élever lentement dans les airs avec un crépitement solennel.

Le daguet avait l'impression que l'ambiance autour de lui avait pris un air plus mélancolique alors que pourtant, les oiseaux chantaient comme d'ordinaire et que le ciel était bleu. Il savait qu'il n'avait qu'à jeter un coup d'œil aux alentours pour voir au loin une petite créature sauvage vagabonder dans les environs en toute quiétude. Derrière lui, on pouvait apercevoir les palissades délimitant les fortifications du village.

À ses côtés et tout aussi silencieux, Toru et les centaures venus assister à la crémation prenaient place.

Assez sensible, Izuku préférait ne pas trop leur porter attention. Car il savait que cela risquait de l'émouvoir jusqu'aux larmes. C'était un aspect de son métier pour lequel il fallait du détachement. Or, une telle distance était très difficile pour le jeune daguet qui restait naturellement très émotif.

Le chaman lança un bref coup d'œil à la pouliche installée sur sa droite. En sentant son regard sur elle, Toru l'observa avant d'acquiescer, l'encourageant.

Izuku fit alors quelques pas, sentant les regards se porter sur sa personne. Lentement, bol en main, le daguet versa un peu de graisse sur le brasier.

Puis, comme il avait appris, l'enfant de la nature revint avec quelques fleurs qu'il jeta à leurs tours dans les flammes. Enfin, le chaman écarta les bras et ses lèvres remuèrent en silence.

Izuku pria Eldvörn. Il lui demanda d'accorder au défunt une place à ses côtés, pour qu'il puisse continuer de veiller sur les siens depuis l'au-delà. Les mots lui vinrent naturellement, comme si cela faisait des années qu'il exerçait cette activité. Pourtant, ce n'était pas le cas. Mais c'était la preuve que son apprentissage portait enfin ses fruits.

Après plusieurs minutes de murmures, accompagnés du crépitement du brasier, le jeune daguet se détacha du tas de paille brûlant. Il se déplaça sur le côté, puis invita silencieusement le reste des centaures à s'approcher.

Reculant peu à peu, pour leur laisser plus de place, Izuku finit par rejoindre Toru qui lui fit un sourire tendre. En croisant son regard brillant, le guérisseur comprit qu'elle le félicitait à sa façon pour sa bonne gestion du rituel. Le daguet hocha doucement la tête, acceptant son compliment en rosissant légèrement. C'était la première fois qu'il gérait le rituel de crémation sans son aide directe. Ses félicitations le soulagèrent et le rassurèrent tout à la fois.

Il reporta à nouveau son attention devant lui. Quelques centaures, famille du défunt, amis proches et simples connaissances, venaient chacun leur tour jeter un peu de graisse dans les flammes. Puis, ils se penchaient, récupéraient l'une des nombreuses possessions réparties tout autour du feu, la tendait au-dessus des flammes en murmurant avant de disparaître un peu plus loin.

L'attention du jeune daguet se porta sur ces fameux objets qui avaient été disposés au sol.

Le bucher était entouré des plus importants souvenirs de l'existence du disparu.

Çà et là, des objets d'apparat, armes, et même un bouclier, rappelant que le centaure avait occupé la fonction de garde, étaient disposés. Mais seuls les bijoux, tissus et autres babioles pouvaient être récupérés par les endeuillés. Le reste allait rester ici jusqu'à ce que les flammes s'éteignent.

Maintenant, Izuku savait ce que tout ceci signifiait.

Chaque centaure allait garder précieusement l'objet choisi, afin que le défunt puisse leur transmettre sa force et l'accompagner durant cette terrible phase qu'est le deuil.