Mission 1 : être un héros

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- Mo- Monchaaaaaaan !

Tenko Shimura pleura une nouvelle fois de grosses larmes dans le pelage de son chien, Monchan. Son père avait découvert sa cachette super secrète et ainsi trouvé son super costume de super-héros. Et comme à chaque fois qu'il avait ou faisait quelque chose en rapport avec les héros, ça finissait par des coups et un enfermement dehors.

Mais, si les larmes étaient aussi grosses, ce n'était pas à cause des coups qui avaient étés plus violents, mais parce que sa tenue de héros avait été détruite... Il l'adorait ; il avait mis tant de temps et d'énergie dedans ! C'était lui-même qui l'avait fait avec ce que sa mère lui avait appris en couture. Il en était très fier et il se sentait si bien dedans ! Lorsqu'il déprimait trop ou que son père n'était pas là, il allait toujours dans sa super cachette (se constituant en réalité de l'espace précieusement caché par des vêtements derrière les cintres dans sa garde-robe) pour le mettre et ça allait toujours mieux. Comme si son costume avait un super pouvoir ! Il était persuadé que son costume de héros plus tard serait celui-là ! Sauf que, maintenant, à cause de son père, son costume était perdu à tout jamais.

Il pleura encore plus à cette idée. Être un héros représentait son rêve ! Il ferait tout pour que, lorsqu'il ouvre les yeux, il soit accueilli par sa famille encourageante pour ce métier qui lui donnait l'énergie le matin à la place d'une le regarder longtemps souffrir avec un regard lourd de parole. Souvent, il en faisait des cauchemars ; des coups et des regards. Sous les gémissements de douleur et des cris suppliants du reste de sa famille, son corps se détruisait lentement à chaque coups, se brisant comme du verre. Les morceaux tombaient sur le sol en sang et, lorsqu'il essayait de les récupérer avec ses mains, ils lui détruisaient les mains. Sa peau se fissuraient toujours un peu plus, sous les regards de sa famille qui semblait vouloir dire une chose : tu es coupable et ton père a raison.

Au souvenir de ce cauchemar répétitif, il s'accrocha au poils de son chien. Il voulait tellement que son costume revienne pour qu'il lui remonte le moral. Sauf qu'il ne reviendrait jamais : son père l'avait déchiré enragé devant lui avant de le battre et le jeter dehors. En plus, maintenant, son pantalon était couvert de boue et il ne pourrait pas rentrer avant l'heure du goûter, comme son père était très énervé et ne le laisserait sûrement pas venir pour manger à midi.

Il pleura encore quelque temps dans le pelage de son super-chien avant que celui-ci ne décide de partir. Tenko le regarda s'éloigner en se frottant les yeux, puis souris timidement en l'entendant aboyer.

- Tu as envie de jouer c'est ça ? Ne t'inquiète pas, je vais chercher la super-balle rebondissante dans la cabane !

Il se dirigea avec plus d'entrain et de joie vers la cabane avant de remarquer quelque chose... Pourquoi il y avait des traces de pas ? Personne n'était allé dans le jardin ce matin à cause de la boue.

Intrigué, il se dirigea à pas de loup vers la cabane et ouvrit discrètement la porte. Il n'y avait qu'une petite fenêtre qui éclairait à peine les outils de la cabane, mais il arriva à distinguer une forme repliée sur elle-même au fond.

- Est-ce que ça va ? Qu'est-ce que tu fais dans la cabane ?

Aucune réponse. Pourtant, Tenko était loin d'être effrayé. Bien qu'à première vue très timide et effacé, dès qu'on apprenait à la connaître, on se rendait compte que c'était surtout un garçon très curieux et insouciant. Il aimait découvrir, apprendre et créer de nouvelles choses. Alors il s'approcha, curieux, de la forme, qui s'était révélé être un petit garçon, sûrement de son âge, à la peau pâle et aux cheveux bicolores. C'était à peu près tout ce qu'il pouvait distinguer, comme il était replié sur lui-même.

- Tu es blessé ?

Toujours aucune réponse. En entendant sa respiration faible et régulière, il comprit qu'il était en train de dormir. Timidement, il approcha sa main pour le réveiller doucement. Toutefois, à peine sa main le toucha, que le garçon se réveilla en sursaut, attrapa sa main violemment puis recula.

Il respira rapidement alors que Tenko eut une grimace.

- Arrête... Tu me fais mal.

Le garçon le lâcha immédiatement, comme hanté par des souvenirs.

- Je... Désolé. J'ai cru que tu étais un vilain. S'excusa-t-il en reprenant son sang-froid.
- Des vilains ? Répéta Tenko, étonné.
- Oui. Hier j'en ai été attaqué par trois alors que je dormais. J'ai du m'enfuir et me cacher ici. Désolé du dérangement.
- Oh mais ne t'excuse pas tu ne déranges pas, haha ! Réconforta Tenko, confus.
- Mais je viens de vous mettre dans une mauvaise situation. Hier, quand j'ai réussi à me cacher ici, j'ai laissé un bloc de glace derrière moi pour monter la grille. Les vilains ont sûrement dû le voir et doivent rôder autour de la maison. Théorisa le garçon.
- Oh non !
- Si. Désolé, vous êtes en danger à cause de moi.
- Non ne t'inquiète pas ! Ce n'est pas de ta faute, mais celle des vilains !

Tenko ne savait pas trop quoi dire d'autres. Sa nature timide venait de prendre le dessus et le visage glacial qu'abordait le garçon ne l'aidait pas à engager une conversation. Il réfléchit alors à une autre solution au problème.

Instinctivement, il aurait pensé à demander de l'aide à sa famille. Mais il savait bien qu'elle ne réagirait pas. Parce que son père l'avait puni, et qu'ils l'ignoreraient en pensant qu'il viendrait pour les supplier de rentrer. Non, il ne pouvait pas leur demander. De toute façon, il était un peu fâché contre eux, il en avait marre de les entendre défendre son père et de ne pas réagir.

Mais à qui d'autre pourrait-il demander de l'aide ?

Il réfléchit longtemps, en se cassant la tête au possible, avant de trouver la réponse évidente.

Il n'avait qu'à demander de l'aide au héros ! Comment avait-il fait pour ne pas y penser avant ? Cette situation était faite pour un héros : une victime sans personne pour l'aider et des vilains n'attendant qu'attaquer, il ne manquait plus que le héros courageux pour la sauver !

Pourtant, alors qu'il allait se réjouir de son idée, il récupéra bien rapidement sa tête morose. Non, il ne pouvait pas appeler les héros. Son père prêterait un plomb. Et ce ne serait pas une gifle qu'il se prendrait, mais plusieurs coups de ceinture et de bâtons. Il soupira lourdement.

Si aucun héros ne pouvait venir, alors, que pouvait-il faire quoi ?

Son regard se perdit dans les étagères de la cabane et remarqua immédiatement une paire de ciseaux : celle qu'il avait utilisée pour son costume. Il eut alors une idée.

Si aucun héros ne pouvait venir, alors il deviendrait ce héros !

Ce n'était pas parce qu'il avait plus son costume qu'il ne pouvait plus en être un ! Il protégerait ce garçon et sa famille des vilains qui rôdaient autour ! Peut-être ainsi son père sera d'accord de le faire vivre son rêve, comme dans les films à la télévision ?

- Laisse-moi devenir ton héros !
- Hun ? Gémit Shoto, dans ses pensées.
- Je- Euh... Laisse-moi te protéger ! C'est compliqué dans ma famille et je ne peux pas appeler un héros professionnel mais je peux te protéger ! On ne dirait pas mais je suis fort ! Je m'entraîne pour devenir un héros ! Je m'assurerais qu'il y ait plus de vilain dans le coin pour que tu puisses rentrer chez toi ! S'écria-t-il déterminer.
- ... Ok.
- M-Merci ! Promis, je te protégerai ! Jura-t-il, tout heureux.

Shoto le regarda un peu sans comprendre, mais irrationnellement rassuré par cette promesse. Maintenant, en plus d'un château-fort, un chevalier veillait sur lui.

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