Tentative 5 : laisse moi te donner envie de vivre

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Shigaraki était à nouveau là le lendemain, fuyant la league qui commençait à être collante. Ainsi, encore plus tôt que la dernière fois, il dut encore attendre que Shoto finisse ses devoirs. Celui-ci lui avait donné pour patienter une sucette à la fraise et un de ses mangas, que le vilain lisait distraitement, peu intéressé par la romance. Ses pensées dérivèrent vers la journée de veille, qui lui donna une idée de conversation.

- Donc t'as vraiment joué la petite frappe avant ?
- Je ne me comportais pas réellement comme une petite frappe, mais j'avoue que mon physique y ressemblait. Je faisais même peur selon certaines personnes...
- Peur de ta face de bébé ? Évidemment ! Rigola Shigaraki.
- Je pense que mes cheveux rasés et mon tatouage n'inspirait pas confiance...

Le vilain manqua de s'étouffer avec sa sucette. Cheveux rasés ? Un tatouage ? Mais qu'est-ce qu'il s'était passé avec son innocent et bête Shoto ?!

Curieux, il enchaîna les questions pour savoir plus. Shoto finit par vite se lasser de ses devoirs pour parler d'une partie de sa vie qu'il avait gardé pour lui par honte ; même Izuku n'en avait pas connaissance.

Il appris donc que lui aussi en avait bien bavé durant toute ses années. Non seulement à cause de la maltraitance de son père, mais également d'une solitude qui l'avait rongé très longtemps et qui s'était exprimée par une énorme rage.

À sa mort, enfin celle de Tenko, il avait été dévasté. Il n'avait pas uniquement harcelé son père pour revenir dans le passé et le sauver, mais il avait également tenté de délivrer la prisonnière pour lui-même revenir en arrière. Il avait d'ailleurs réussi, mais la prisonnière avait refusé de l'utiliser, connaissant les conséquences monstrueuses qu'il pourrait avoir.

En avait résulté une énorme rage de Shoto. Une rage tournée sur le monde, qu'il considérait qui l'avait tué, mais surtout une rage encore plus forte envers son père, qui n'essayait même pas de sauver son ami. Il était donc passé par une longue phase de délinquance, qui s'était exprimée physiquement par une moitié de cheveux rasés et un tatouage de glace qui prenait tout son bras. Bien sûr, il avait du cacher tout ça pour son entrée à Yuei, son géniteur lui ayant bien fait comprendre que ça ne pourrait pas se passer comme ça s'il souhaitait entrer. Mais durant cette phase, il s'était passé par beaucoup de choses au niveau psychologique : une dépression et un grand mal-être.

Et pourtant, il n'était jamais tourné du côté des vilains. Pire, maintenant il se sentait mieux. Son père avait arrêté la violence et voulait même se repentir, il reparlait à sa mère, il pouvait enfin voir toute sa famille et il avait des amis sur qui il pouvait compter.

Mais une chose restait incomprise pour Shigaraki.

- Comment tu fais pour apaiser ta haine envers ton père ?
- Je ne sais pas... Au début ça me semblait inconcevable de simplement avoir une conversation avec lui. Mais maintenant, je comprends qu'il essaye de faire des efforts. Maman et Fuyumi veulent que je lui pardonne, mais je sais que n'y arriverais jamais complètement. Je ne pourrai jamais le pardonner, mais je peux accepter sa présence sans péter un plomb. Et honnêtement, ça fait du bien... C'était fatiguant de tout détester, de le détester à ce point. Maintenant, je me sens comme... Apaisé. Tu ne trouves pas ça fatiguant toi de tout détester ?
- ...
- Tu n'aurais pas envie de redonner une chance à la vie ? Tu n'as pas envie d'apaiser cette rage qui bouillonne dans ton estomac et qui te permet de profiter de rien ? Juste de pouvoir faire des choses sans penser à cette rage et à cette envie de détruire ?
- NON ! Cette rage est bien la seule chose qui me tient en vie ! C'est ce sentiment lorsque je mets la main de mon père sur mon visage qui me permet d'avoir mon identité de vilain, c'est cette rage qui me définit ! Je ne trouve pas ça fatiguant, au contraire même, ça me donne beaucoup plus de force et d'envie. Si je dois apaiser cette rage, ce sera uniquement lorsque j'aurai tout détruit !

Shoto le regarda quelques secondes en silence, digérant ses paroles puis réfléchissant, avant de regarder Shigaraki déterminer.

- Laisse-moi une chance de te montrer que tout ne doit pas être détruit !
- Hun ?
- Donne une deuxième chance à la vie s'il te plaît, en tout cas laisse-moi essayer de lui donner un autre sens. Viens avec moi dehors, comme ça je peux te montrer ce que j'aime ! Peut-être que tu changeras d'avis ?

Honnêtement, Shigaraki n'avait aucune envie de donner cette chance. Mais l'idée de passer son samedi loin du front de Libération et de Yuei le tentait assez bien.

- ... Si ça te fait plaisir. De toute façon, rien ne me détournera de mon objectif.
- Merci. Viens au centre commercial demain à 10 heures, j'aimerais te montrer des trucs.
- Ok...

Shigaraki regarda Shoto avec le sourire, curieux et impatient. Il aimait les surprises, ça au moins ça n'avait pas changé avec les années.

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