Tentative 3 : passé dévoilé

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Shigaraki était revenu le lendemain. Plus tôt, car il détestait attendre comme un animal en cage. Ses travaux de libérateur ? Fini en un claquement de doigts ! Faire des plans, les mettre au point, apprendre d'identité de chacun des membres et se faire apprécier d'eux ; du gâteau. Re-Destro lui mâchait déjà les trois-quarts du travail. Alors il s'ennuyait. Et, même si se rendre à Yuei en pleine journée n'était clairement pas une bonne idée, il n'en avait rien à faire. Il faisait ce qu'il voulait !

Et le voilà maintenant, de nouveau à attendre, mais cette fois-ci que Shoto finisse ses devoirs. Cette situation était ridicule. Lui, le grand chef du front de Libération du paranormal et vilain le plus recherché, se trouvait incapable de tuer un gamin et devait en plus attendre dans un silence malaisant. Il était tombé bien bas...

Enfin bon, finalement, ça ne changerait pas trop de ce qu'ils avaient fait la veille. Après leur déclaration, ils s'étaient regardés dans les yeux, sans trop savoir quoi dire. Et cela, jusqu'à 3 heures du matin et que Shigaraki doivent partir ! Honnêtement, c'était la pire perte de temps du monde...

- Donc... Tu ne mets plus de cadavre de mains sur le visage ?

Shigaraki releva la tête et regarda bizarrement Shoto.

- Désolé, j'ai du mal avec les relations sociales.
- Ça se voit...
- ...
- ...
- J'aime les chiens.
- Cool, j'ai tué le mien.

Finalement, peut-être que Shigaraki n'était également pas doué en relation sociale. Shoto le regarda d'abord impassible, avant de poser la question qui pendait à ses lèvres depuis qu'il l'avait revu.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

Shigaraki le regarda durement, comprenant de quoi il voulait parler. Mais, sans se rendre compte, ses paroles sortirent, et ses traits finirent par se relâcher à chaque mot prononcé sur son histoire, comme libéré d'un poids.

Shoto était passé par plusieurs émotions en l'entendant, bien qu'en restant sur une façade neutre. Ce masque de glace commençait à l'exaspérer, même si voir une expression de pitié l'aurait bien plus agacé.

- Tu sais qu'All For One te manipule ?
- Peut-être, mais maintenant c'est moi au contrôle. Et je compte bien tout détruire.

Ils se jugèrent du regard longtemps, une nouvelle fois, avant que Shoto ne continue la conversation.

- Ça a dû être dur...
- De quoi ?
- Tout, de s'être inconsciemment handicapé à cause de son traumatisme, d'avoir vécu dans les quartiers sombres avec ce manipulateur et de n'avoir eu personne d'autre pour te tendre la main.
- ... Et toi ? Tu ne vas pas me dire que toutes ses années ont été bien meilleures avec Endeavor, c'est même étonnant que tu n'aies pas une autre énorme brûlure sur le corps.
- Ça a aussi été dur. Mais cette année, il y a des personnes qui m'ont tenu la main... Ils m'ont aidé à sortir de cette spirale de haine et l'internat me permet même de ne plus avoir à subir les coups de mon géniteur. Et puis je t'ai retrouvé ! Alors ça va.
- T'as quand même dû vivre avec ça seul pendant 10 ans, fait pas le fort. Rala Shigaraki prit d'un élan d'envie de protection.

Shoto ne répondit pas mais continua de le fixer.

- Tu veux savoir ce qui a été le plus dur ?
- Hum ?
- C'est de n'avoir jamais pu te retrouver.
- ...
- Tu sais, quand je suis revenu chez toi et que tout étais détruit, j'étais vraiment effondré. Une personne âgée m'avait expliqué la situation ; je n'avais pas voulu y croire. J'ai beaucoup pleuré à ce moment-là, mais j'avais réussi à les arrêter en étant persuadé que j'aurais pu te sauver. J'ai supplié infiniment mon père pour retourner dans le passé pour te sauver, il a toujours refusé. Tu représentais le grand événement destructeur qui avait permis à la fille d'aller dans le passé et qui, si changer, allait provoquer de graves catastrophes. Pour être honnête, ces catastrophes je n'en avais rien à faire, mais sans l'approbation de mon géniteur, je ne pouvais rien faire. J'ai vraiment beaucoup pleuré, j'ai même forcé mon père à faire des enquêtes sur toi. Mais ça n'a rien donné... C'est sûrement ça qui a été le plus dur. Je me sentais incapable et à nouveau abandonné.

Shigaraki resta dans le silence, à la fois blazer et touché par ses mots. Il n'aimait pas qu'une part de lui sois touché par ce discours larmoyant. Ainsi se passa un long moment, à nouveau brisé par Shoto.

- C'est bizarre, avant, on parlait tout le temps et on trouvait toujours un sujet de conversation.
- C'est normal, on était des enfants et nos sujets tournaient uniquement autour d'All Might, ce n'était pas très varié.
- On peut parler d'All Might si tu veux.
- Ok, je le déteste, je veux qu'il crève en atroce souffrance piétiné par mes nomus avant que je le détruise moi-même avec mes mains.
- ...
- ...
- Tu as vraiment changé.
- Il semblerait.
- J'aimerais bien apprendre à te connaître nouveau Tenko.
- Shigaraki. Qu'est-ce que tu veux savoir...
- Hum. Tu aimes quoi dans la vie ?
- ... Rien.
- Rien ? Même pas un petit truc ?
- Rien.
- ...

Ils restèrent à nouveau dans le silence, mais Shigaraki, en ayant marre, finit par la continuer.

- Et toi ?
- ... J'aime les soba.
- Et ?
- Et ?
- Rien d'autre ?
- Hum... Les soba du restaurant « Les Méduses ».

Shigaraki resta quelques secondes dans le silence avant d'éclater de rire, sous le regard incompris de Shoto. Et il osait le critiquer !

Shigaraki ne se retint pas pour se moquer de sa gueule, mais comme son ami ne prenait tout aux premiers degrés, c'était encore plus hilarant. Ils continuèrent ainsi la conversation sans s'en rendre compte pour ré apprendre à se connaître, avec Shigaraki y mettant de sien cette fois.

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