Retourne-toi

22 - PAUL

Mercredi 6 octobre

Mon téléphone sonne, me sortant de mes pensées. Je mets en pause le film avant de décrocher. Mon cœur loupe un battement lorsque je vois le nom inscrit sur l'écran : Catherine. La mère de Roxane. Je réalise qu'elle n'a pas répondu à mon dernier texto.

"Allô Catherine ?

- Paul... C'est Roxane, elle est à l'hôpital."

Je sens littéralement le sang quitter chacun de mes veines alors que l'information fait écho dans ma tête.

"Paul ?

- Je... Pourquoi ? Qu'est ce qu'il s'est passé ? C'est... C'est grave ? Demandais-je en paniquant.

- C'est Alban. Il a... Oh bon sang. Elle va bien, dieu merci."

Le soulagement qui m'atteint lorsqu'elle prononce ces mots est plus intense que je n'ai jamais ressenti. Elle va bien.

"Cathy, dites-moi ce qu'il lui a fait.

- Elle dormait, c'est Stéphanie qui m'a prévenue, elle est arrivée alors que les pompiers partaient pour les urgences. Heureusement qu'elle l'a accompagnée, ma pauvre petite Roxane...

- Cathy, ça va aller. Est-ce qu'ils... Est-ce que les médecins ont dit quelque chose ?

- Stéphanie va me tenir informée. Je te rappelle, Paul.

- Merci beaucoup, Cathy. Dites-moi si vous voulez que je passe ou... Ou quoi que ce soit d'autre."

Je me lève et commence à faire les cent pas alors que j'envoie un texto à Roxane. Elle le verra quand elle se réveillera.

"Rox, je suis vraiment désolé. Cathy m'a prévenu. Je ne pensais pas qu'il irait aussi loin. Bientôt tout ça sera derrière toi. Je prendrais soin de toi, comme nous tous. Je te le promets. Reposes toi, je t'embrasse."

Je dois retenir mes doigts d'écrire à quel point je l'aime et combien je suis inquiet pour elle. Ce n'est pas le moment. Ne tenant plus en place, l'inquiétude étant beaucoup trop forte, j'enfile une veste, mes baskets et fonce chez Marcus. Je lève la main pour frapper à la porte mais celle-ci s'ouvre en grand au même moment, sur un Marcus à la mine inquiète.

"Mec, je t'ai vu déboulé depuis chez toi. Qu'est ce qu'il y a ?
- C'est... C'est Roxane."

Il pali légèrement et me laisse entrer, le visage soudain soucieux.

"Elle est à l'hôpital.
- Me dit pas que ce connard...
- Si, si justement. Cet enflure l'a frappée. Je ne sais pas les détails, c'est sa mère qui vient de m'appeler, sa meilleure amie est avec elle, elle est arrivée au moment où les pompiers... Putain, mais quel enfoiré !
- Calme toi, viens t'asseoir.
- J'ai aucune envie de m'asseoir Marc' ! J'ai envie d'aller démolir le portrait de cet abruti ! J'aurais dû le faire dès que je l'ai vu arriver dans son taxi de faux riche ! Qu'est ce que je suis con, bordel !
- Paul...
- Vivement qu'elle rentre, bon sang. Qu'on entende plus parler de ce clown !
- Paul...
- Je savais qu'il allait se passer une merde, je le savais ! Mais non, j'ai rien fait pour...
- Paul bon sang !"

Je me retourne vers Marcus, qui fronce les sourcils, les bras croisés sur le torse.

"Quoi ? Non mais réagis toi aussi !
- Que je réagisse comment, Paul ? Je sais que t'as besoin de vider ton sac, mais tu n'as pas à culpabiliser. Ce n'est en rien ta faute. Ok ?
- Bien sûr que si !
- Ah oui ? Et t'aurais fait quoi de plus ?
- Je l'aurais gardée avec moi, tant pi pour ses affaires !
- Tu t'entends ? T'es ridicule mec, aller viens boire une bière, respires un bon coup, et attends de ses nouvelles. Que t'as dis sa mère ?"