25 - ROXANE

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Vendredi 8 octobre

"Salut, Paul. Dis-je, un sourire dans la voix. 

- Viens, entre. Tu as fais bon voyage ? Dit-il, souriant en plaçant une main sur ma chute de reins.

- Oui, c'est bien allé, on est en semaine alors il n'y avait pas grand monde, heureusement pour nous ! Répondis-je en enlevant ma veste avant de la poser sur le dossier de la première chaise qui vient. 

- Tu n'enlèves pas ton foulard, tu as froid ?"

L'angoisse m'étreint immédiatement alors que je porte la main à mon cou, cherchant une excuse.

"J'ai, hum... J'ai un peu mal à la gorge, je dois avoir attrapé froid dans le déménagement."

Il me regarde d'un oeil suspicieux, et je devine qu'il sait que je ne lui dis pas la vérité. Aller Roxane, c'est le moment d'être courageuse. 

"Ne me ment pas Rox, j'entends bien que ta voix est cassée. Tu vas enfin me dire ce qu'il se passe depuis mercredi ?"

Les mains tremblantes, je ne lui réponds pas immédiatement, baissant la tête, incapable de soutenir son regard emplis de questions auxquelles je n'ai aucune envie de répondre. Pourtant, je lui dois, il a déjà patienté jusqu'à maintenant, je ne peux décemment pas lui en demander plus. Je dois être honnête avec lui, sinon il ne me refera jamais confiance. Alors, d'une main peu sûre, je dénoue mon foulard et tire lentement dessus, découvrant mon cou ainsi que les marques des doigts d'Alban , devenues violettes et jaunâtre. Je puise en moi la force de le regarder, et ce que je vois dans ses yeux me fait perdre pieds. Il ne bouge pas, les yeux fixés sur les marques. Je le sens bouillonner de plus en plus alors qu'il jure et frappe du poing sur la table, me faisant sursauter. 

"Putain ! Je suis désolé. Je suis désolé."

Ayant vu mon geste de recul, il s'approche de moi, les yeux larmoyant dans lesquels gronde une colère noire. Je fonds en larmes alors qu'il me prend dans ses bras, chuchotant des paroles réconfortantes contre mon cou.

"Je suis tellement désolé, je ne voulais pas te faire peur. Je n'arrive pas à croire... Putain, qu'est ce qu'il t'as fait ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Pourquoi...

- Je... Je ne sais pas, je voulais... Être là, avec toi. Je veux juste être avec toi et ne plus y penser, je veux juste le sortir de ma tête, Paul."

Il soupire longuement, provoquant un frisson qui me parcourt des pieds à la tête. Il se desserre un peu de moi et j'ai immédiatement froid alors je m'accroche à sa chemise pour qu'il revienne plus près.

"Roxane. Tu aurais dû me le dire avant. Dit-il en embrassant le sommet de mon crâne."

Ses gestes sont tellement doux et naturels avec moi que j'ai la sensation de ne jamais avoir quitté ses bras et en même temps d'être de retour chez moi après une mauvaise journée. Je lève la tête, mes bras autour de sa taille et plonge dans ses yeux sombres. Je vois toujours de la colère, mais aussi de la peine, et surtout, beaucoup d'amour. Alors, je passe une main sur sa joue râpeuse, puis tire un peu sur sa nuque pour qu'il se penche, il je pose mes lèvres sur les siennes. Un flot immense d'émotions me transperce, et je sens mes larmes couler à nouveau alors qu'il me serre contre lui à m'en couper la respiration. Je découvre poindre en moi un sentiment pressant, quelque chose qui me pousse vers Paul, une envie irrésistible de rattraper le temps perdu. Je crois qu'il le ressens aussi, parce qu'il me porte pour me reposer sur le plan de travail. Je laisse mes jambes autour de sa taille alors qu'il m'entraîne dans le baiser le plus vertigineux de toute ma vie. La chaleur de ses lèvres me ramène dix ans plus tôt, quand nous nous bécotions en cachette alors que personne n'était dupe. Ici, aujourd'hui, je me sens transportée quelque part entre le passé et le présent, quelque part où nous ne sommes que nous, juste Paul, Roxane et une multitudes de sentiments. Le bonheur de le retrouver efface mes larmes de tristesse pour les remplacer par des larmes de joie. Il n'y a définitivement que Paul pour me faire passer d'un état à l'autre en quelques secondes. Il grogne contre moi alors que je m'écarte un tout petit peu pour reprendre mon souffle. Il me regarde comme s'il ne m'avait pas vu depuis une éternité, comme si j'étais la femme la plus précieuse au monde, comme si j'étais tout son univers.

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