23 - ROXANE

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Jeudi 7 octobre

"Oui Paul, je t'assure je vais nettement mieux ! Je viens tout juste de sortir là, on va passer à la pharmacie chercher deux trois trucs. Je serais bien chez toi demain soir, j'espère que tu vas me cuisiner un bon petit plat !
- J'ai surtout hâte que tu m'explique ce que ce pauvre bouffon a pu te faire. Je le détestais déjà avant mais là ! En plus tu as la voix toute cassée...
- Paul... Soupire-t-elle. Je vais tout t'expliquer d'accord ? Mais plus tard, pour l'instant je n'ai pas le temps. Mais... Est-ce que tu pourrais le détester un peu moins lui et m'aimer un peu plus moi ? Dis-je, taquine pour tenter de lui changer les idées.
- Tu sais t'y prendre, hein ? Répond Paul, un sourire dans la voix.
- Je suis plutôt douée, j'avoue. Dis-je en souriant à mon tour tout en massant ma gorge douloureuse. Je vais t elaisser, nous arrivons sur le parking. A très bientôt."

Je raccroche après qu'il m'ait demandé de bien me reposer ce soir pour être en forme demain. Stéphanie me regarde, de la désaprobation dans le regard.

"Tu ne devrais pas parler autant, tu te fatigues pour rien !
- Je sais mais...
- Mais tu ne veux pas qu'il s'inquiète. Tu sais qu'il verra les marques sur ton cou, pas vrai ?
- Je sais.
- Tu repousses l 'échéance, c'est tout.
- Je préfère qu'il s'inquiète quand je serais avec lui.
- Il n'est pas tout seul tu sais, il a sa famille, ses amis.
- Bon, on peut arrêter d'en parler ?"

Stéphanie soupire lourdement et prends mon ordonnance et ma carte vitale. Elle ne veut pas que je parle alors elle préfère y aller à ma place. Je souris en la voyant piétiner derrière une femme d'un certain âge. C'est vrai que ça me fait mal de parler, mais je ne peux pas non plus ne pas parler du tout ! Stéphanie a été un amour avec moi. Elle a pris soin de moi, m'a apporté des affaires de rechange, m'a coiffée pour que, je cite, "tu n'aies pas l'air d'un chien mouillé qui aurait traverser l'autoroute et serait passé sous les roues d'un semi remorque". Elle m'a divertie quand j'avais mal, elle a fait passer le temps de cette journée beaucoup plus vite. Elle a pris congé cette fin de semaine plus la prochaine et a pris la décision de me conduire chez mes parents demain. Elle m'a dit que ça ne la dérangeait pas et quand j'ai demandé où est-ce qu'elle allait dormir pendant toute la semaine, elle a rougit avant de prononcer un timide "chez Nathan". J'ai alors essayé de rire mais la douleur a irradiée ma gorge et elle s'est jetée sur moi en me disputant comme une mère l'aurait fait. Depuis, elle ne veut plus que je parle.

Je suis heureuse qu'elle m'accompagne. je ne sais pas comment j'aurais fait pour conduire si longtemps toute seule, j'aurais ruminer mes pensées sombres et certainement pleuré quelques litres d'eau salée. Nous conduirons ma voiture qu'elle utilisera à sa guise une fois dans le Jura. Je soupçonne qu'elle ait sauté sur l'occasion pour prendre des congés et aller voir son Jules, mais je ne lui en veut pas le moins du monde et l'ait déjà remerciée une bonne vingtaine de fois pour son aide.

Elle revient de la pharmacie avec un petit sachet en papier qu'elle dépose sur mes genoux. Je prends en photo le sachet que j'envoie à Paul accompagnée de cette légende : "Meilleure amie au top, même pas besoin de descendre de la voiture !". Il répond quelques secondes plus tard.

"Tu en as de la chance, mais bientôt il faudra qu'elle te partage avec moi !"

Je souris devant sa réponse. J'ai tellement hâte d'être avec lui que les heures me paraissent durer des jours entiers. Arrivées chez Stéphanie, nous commençons à nous organiser pour demain. Nous devons partir tôt pour terminer de préparer ce qu'il faut à l'appartement avant l'arrivée des déménageurs. Heureusement, il n'y a plus grand chose à faire. Mon angoisse est descendue d'un cran lorsque j'ai su qu'Alban n'aurait pas le droit d'être présent. Je ne le verrais plus. Plus jamais. Je n'aurais pas cru il y a quelques semaines pouvoir être heureuse de ne plus voir son visage ni entendre sa voix, mais à cet instant, je suis tellement soulagée que je me moque bien de tout ce que nous avons pu vivre ensemble. La seule chose qui me fait mal au coeur, c'est de voir à quel point les choses ont pu s'envenimer en si peu de temps.

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