29 - ROXANE

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Dimanche 10 octobre

Marcus me retient légèrement alors que Paul nous regarde et semble comprendre que Marcus souhaite me parler seul à seule. Alors, je referme un peu la porte et me retourne pour lui faire face. Il a un petit sourire désolé sur le visage et un objet dans ses mains attire mon attention.

"Il me semble que ça t'appartient, non ? Dit-il en me tendant la figurine que j'avais déposée sur la desserte près de la porte d'entrée.

- En effet... Répondis-je sur la réserve, le cœur serré au souvenir de cette soirée horrible.

- Je suis désolé de t'avoir parlé comme je l'ai fait. Je n'aurais pas dû, j'étais blessé dans mon égo et...

- Laisse, ce n'est rien... Ce n'est pas... C'était ma faute.

- Non, la façon dont je t'ai parlé ne concerne que moi. Je tenais vraiment à m'excuser pour ça. Je sais que je t'ai blessée, et sur le coup je l'avoue c'était exactement ce que je souhaitais mais... Je regrette."

Les larmes aux yeux d'entendre ses excuses auxquelles je ne m'attendais pas, je plonge mes yeux dans les siens qu'il baisse presque immédiatement, honteux. Il prend doucement une de mes mains pour y glisser la figurine qui retrouve sa place naturellement au creux de ma paume. Il referme mes doigts sur cette dernière et relève les yeux. Sous le coup de l'émotion, et pour la troisième fois de ma vie en si peu de temps, je me faufile dans ses bras, contre son torse chaud, et je me sens comme à la maison. C'est à ce moment que Paul décide de venir voir si tout va bien et se plains que lui n'a jamais de câlin. Alors, en riant, Marcus et moi ouvrons un bras pour l'inviter à rejoindre notre étreinte dans laquelle nous restons de longues secondes. Notre trio est bel et bien là, à nouveau, et je crois que je ne pourrais pas être plus heureuse.

Mercredi 13 octobre

Pour la centième fois depuis une heure, je passe le pouce sur le dessous de ma figurine rendue par Marcus, et sens le relief de ses gravures. Les lettres "M.L" pour Marcus Leroy, qu'il a gravées il y a de nombreuses années, puis le symbole de l'infini, qu'il a gravé avant de me rendre la figurine dimanche. Je trouve cette attention vraiment mignonne, et un peu kitch aussi. Ça représente notre amour aussi fort que celui d'un frère et d'une sœur, puis les années qui sont passées après lesquelles nous nous sommes retrouvés. Ça me touche beaucoup.

Je me remémore à nouveau notre étreinte, à Marcus, Paul et moi, devant sa porte entrouverte dimanche soir. Ce doit être la centième fois en quelques jours mais ce souvenir me rend tellement heureuse que je pourrais y penser toute la journée. J'ai retrouvé ma vie, ma place, mes deux piliers, mes points de repères, et ça, c'est la plus belle chose qu'il pouvait m'arriver dans la vie.

Je frappe à la porte de Paul qui me dit d'entrer avant de me faire remarquer qu'il serait temps que j'entre sans frapper. Ce à quoi je répond en riant que je ne suis là que depuis quelques jours. Il enfile ses chaussures, puis nous nous rendons ensemble chez Marcus pour voir le dossier final de ce dernier qu'il présentera demain au conseil municipal. Il paraît serein, mais sa façon de nous fuir du regard nous prouve qu'il est bien plus anxieux qu'il ne veut bien le laisser paraître. Je lui souris tendrement alors qu'il commence à nous présenter son dossier, de la même façon qu'il le présentera aux membres du conseil qui ne connaissent pas du tout son projet. Il parle calmement, de manière claire et précise, et sa voix grave emplie la pièce. Il a un charisme dingue, et c'est la première fois que ce trait de caractère me frappe chez lui. Nous l'écoutons parler de son projet pendant de longues minutes qui s'écoulent à la vitesse de l'éclair tant son récit est bien préparé et plaisant à écouter. Lorsqu'il termine, j'ai l'impression de devoir déconnecter d'un bon roman et je le félicite en lui montrant tout mon enthousiasme. Paul fait de même en lui disant simplement que c'est très bien préparé et qu'il va "tout déchirer". Nos encouragements et commentaires semblent donner le peu de confiance qu'il manquait à Marcus et il retrouve son sourire chaleureux.

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