Chapter 13 : Truth

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 Au final, malgré le temps qui passe, il y a certaines choses qui ne changent jamais. Certaines choses restent intactes, ou presque. Le temps, il nous aime et nous déteste à la fois. Mais si on prends soin de lui, il prends soin de nous. Et certaines choses restent tout aussi évidentes qu'au premier regard. Parce-que moi et Tom, on est rien de plus qu'une évidence. Deux âmes brisées qui ont besoin des pièces de l'autre pour se recoller ensemble. On ne sera jamais complet l'un sans l'autre, on ne tiendra jamais debout l'un sans l'autre. Il y a un moment, ce moment fatal où tout bascule, lorsqu'on n'est pas ensemble. Lorsque nos mains ne se touchent pas ou lorsque nos cœurs ne battent plus au même rythme. C'est ça qui nous fait du mal, qui nous détruit et qui nous abat au sol sans pitié. Et il y a cette chose, ce petit détail qui nous retient et on ne sait même pas pourquoi. Est-ce qu'on a peur ? Est-ce qu'on est trop fier pour admettre quoi que ce soit ? Il nous suffit juste de plonger, cœur en premier, et à oublier le reste. Oublier pour toujours et se perdre l'un dans l'autre pour finalement se retrouver. Mélanger nos chemins pour finir ensemble à la ligne d'arrivée et gagner la course, main dans la main, le sourire aux lèvres et le cœur apaisé. On ne veut rien d'autre que d'aimer et d'être aimer en retour. Pourtant, les choses restent difficiles. C'est toujours plus facile à dire qu'à faire. Toujours. Il faut choisir de se battre et surtout choisir de gagner, il n'y a aucune exception à cette règle. Et je pense qu'après tout le temps qui est passé, tout ce que Tom et moi avons traversés, nous méritons d'être récompensés par la vie. De ne pas seulement voir cette lumière si tentatrice mais également de l'atteindre et de se laisser submerger par elle. Bien sûr, ce n'est pas si beau que ça. Non, la vie, surtout quand elle a été tâchée par l'addiction, l'abus, la souffrance, l'abandon et la peur, c'est moche. Et on pense qu'être nous c'est moche et dégueulasse mais c'est là qu'on se trompe. Nous on est beau et on est incroyable. C'est ce qui nous ronge qui est affreux et repoussant et seulement ce qui nous ronge, rien de plus. Et moi je voudrais pouvoir le croire. Tout ça. Tout ce que je viens de dire. Mais encore une fois c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais je voudrais encore plus que Tom le croit. Je veux qu'il aille mieux, qu'il aille vraiment mieux et non qu'il montre une façade soigneusement construite pour dupé la Terre entière. Sauf que moi il ne peux pas me duper. Parce-que je sais exactement le poison qu'il y a dans son cœur et son esprit, il pourra essayer autant de fois qu'il veut de me duper mais j'aurais toujours les quatre as en mains face à lui, quoi qu'il fasse. Le challenge, et là où on sent qu'il y a quelque chose qui cloche, c'est que lui aussi a les quatre même as en main face à moi. Les mêmes. C'est justement ce qui nous sépare et nous réunis à la fois, aussi triste et aussi beau que cela puisse paraître. Mais c'est loin d'être beau, en fait, parce qu'être addict et souffrir de notre passé qui ne veut pas nous quitter, c'est jamais beau. C'est une souffrance et un combat continu. Non, même pas. C'est une guerre. Parce-qu'on gagne ou on perd les combats, mais on ne doit jamais perdre la guerre. Perdre la guerre c'est la fin et gagner les combats sans jamais gagner la guerre, c'est la porte qui s'ouvre enfin sur la vraie vie. La vie à laquelle on peut sourire et face à laquelle on ne pleure pas, ou plus. Je pense avoir versé assez de larmes et je ne veux plus en donner aux personnes qui ne méritent pas que je souffre pour eux. Mais pour Tom... Pour Tom j'endurerais toutes les souffrances si cela signifie que je peux le serrer dans mes bras à la fin de la journée. Je serais prête à marcher droit vers les flammes destructrices si je peux avoir un effleurement de sa peau contre la mienne, un regard brillant, un sourire qu'il me dédie, des mots murmurés au creux de mon oreille ou un baiser oublié sur mes lèvres. Et ce n'est qu'aujourd'hui que je me rends compte, ou que j'accepte de me rendre compte, que sa présence, sa chaleur et son amour est tout ce qui me manque réellement. La dernière pièce du puzzle pour qu'il soit enfin complet. La dernière chose à faire pour entamer le début de la fin. Notre fin. Celle qui nous appartient, à Tom et à moi, et rien qu'à nous. Comme un petit secret partagé comme des enfants, un rire qui se perds dans l'infinité de l'univers ou un coucher de soleil qu'on a enfin admiré jusqu'au bout et plus encore, quand les étoiles s'installent et que le silence apaisant de la nuit prends place. Et moi je ne veux plus rien louper. De nos voix perdues en passant par toutes les nuances du ciel, je ne veux rien manquer ni rien oublier. Je veux que les étoiles se souviennent de nous. Je veux que le sol reste marqué par notre passage et que le sourire sur nos visages parlent d'eux-mêmes. Et je dis tout ça mais au final je suis peut-être pathétique parce que je ne sais même pas si les mêmes pensées et les mêmes sentiments font vibrer le cœur et le corps de Tom de la même manière que mon être vibre. Parce que nos places sont maintenant échangées et que je me souviens très bien, il y a quinze ans, que je l'aimais mais que je ne pouvais pas l'aimer correctement. Je faisais tout de travers, je détruisais tout volontairement parce que je croyais que j'allais moins souffrir de cette façon là alors que la vérité, c'est que je n'aurais jamais dû nous abandonner. Je nous imagine parfois, Tom et moi, où nous en serions aujourd'hui si tout s'était bien passé une fois ensemble. On aurait un enfant, peut-être même plusieurs. Ils seraient adolescents mais encore des bébés pour nous. On aurait notre propre maison et quelques chiens. On aurait été si heureux, je le sais. Mon cœur souffre en pensant à ça. Parce que ce ne sera jamais nous, désormais. Mais cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas nous construire une histoire meilleure. Parce que face à toutes les épreuves, en fin de compte, Tom et moi on est toujours là. On a dû mal, on boitte, on voit pas très bien parce qu'il y a trop de brouillard mais au moins on est debout. Et le pire dans tout ça, c'est que peu importe à quel point on va bien ou à quel point on va mal, peu importe si on sourit ou si on pleure, peu importe si on avance on si on recule parce que les coups seront toujours là. Il y a toujours quelque chose pour nous abattre et nous, on ne doit pas se laisser abattre. On est plus fort que ça. Ou on veut croire qu'on est plus fort que ça, parce que c'est peut-être pas vrai. Malgré tous ces coups de marteaux aussi violent les uns après les autres, tout ce que je recherche c'est que les personnes que j'aime soient à mes côtés jusqu'au bout du chemin. Et je sais que je ne devrais pas sombrer à chaque épine qui transperce mon esprit et mon cœur, et aussi fort que je souhaite ne pas être affectée fois mille, je le suis quand même et ce sentiment de sombrer m'engouffre toute entière sans me lâcher. Aussi fort que je le souhaite, je n'y arrive pas toujours. Et ça me fait peur parce que je ne veux pas entraîner Tom avec moi ou que Tom m'entraîne avec lui, pourtant je sais que c'est inévitable. On est forts ensemble ou on se détruits ensemble, il n'y a pas de juste milieu. C'est un risque à prendre entièrement ou pas du tout. Et quitte à souffrir, je préfère souffrir en sachant que j'ai plongé de la tête aux pieds pour ce que j'aime de tout mon cœur.  

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