-Je suis sincèrement désolé pour la merde que je suis.
-Tu n'es pas une merde, Tom. Tu es humain.
-C'est probablement la même chose, réponds-t-il en ricanant.
-Et moi, je suis sincèrement désolée pour la merde que j'ai été.
Il me regarde un moment.
-C'est fou comme une seule personne peut chambouler notre vie entière, pour toujours, dit-il. En bien comme en mal.
-Je peux te poser une question ? Mais je veux que tu me répondes honnêtement, parce que je ne sais pas si tu étais sincère avant.
Il hoche la tête.
-Ne m'en veux pas, mais en voyant Matthew, je lui ai demandé si tu lui avais déjà physiquement fait du mal auparavant. Il est resté silencieux. Dis-moi la vérité, s'il te plaît.
Je remarque une certaine peine dans ses yeux, mais aussi de la culpabilité et de la haine envers lui-même.
-Pourquoi est ce que tu as tant besoin de savoir ?
-Parce que je suis proche de toi, je t'aide et ton fils est inévitablement lié à tout ça. Moralement, j'en ai besoin.
Il acquiesce, je sais qu'il comprends mon point de vue.
-Je n'ai jamais levé la main sur Matthew et je n'ai jamais levé la main sur mon ex femme.
Je suis soulagée.
-Tu me crois, maintenant ?
-Oui, je réponds.
Nous restons silencieux un moment, avant que je reprenne la parole, hésitante.
-Je ne sais pas si tu le sais, Tom, ou si tu t'en rends compte mais... Il y a quinze ans, tu m'as vraiment aidé.
Il ricane un instant, nerveusement.
-Tu as rechuté, tu faisais des trucs qui n'étaient pas toi, tu as changé. Je ne vois pas en quoi je t'ai aidée.
-Ces choses-là, c'était ma faute. C'est sur moi, Tom, uniquement sur moi. En aucun cas ce que j'ai pus faire ou dire n'a été de ta faute. La drogue, les addictions, ça change les gens. Tu crois que j'ai rechuté à cause de toi ?
-Pourquoi est-ce que tu as rechuté alors ?
-Pourquoi n'importe qui rechute ? C'est le principe de l'addiction. Il y a des jours où la maladie l'emporte, et on est pas assez forts. Il y a des jours où on a beau résister, on perds quand même et il y a des jours où on choisit de perdre. Mais ça reste de ma faute et non de la tienne. C'est moi qui est rechuté à ce moment-là, pas toi. Tu ne m'as jamais forcé la main, au contraire. Tu sais ces choses-la.
Il hoche la tête et soupire.
-Avant ma rechute, outre cet épisode, tu m'as aidé. Et même pas sans compter cet épisode, en fait, parce que en étant le pire de moi-même tu es resté un long moment à mes côtés malgré toutes les crasses que je t'ai faites et dites. J'allais mieux, entre notre rencontre et ma rechute. J'allais vraiment mieux. Je le voyais peut-être pas sur le moment mais avec du recul, je le vois bien.
-Tu te souviens du deal qu'on avait fait ? Tu me racontais ce qui n'allait pas et je t'aidais à aller mieux.
-Bien sûr que je m'en souviens.
-Je n'ai jamais eu l'impression d'avoir fait quoi que ce soit.
-Je n'avais pas besoin que tu fasses quoi que ce soit, je voulais juste que tu sois là et que tu restes. C'était suffisant.
-Pas tout le temps.
-Je te l'ai dit, les addictions changent les gens.
-J'aimerais te dire certaines choses, mais je ne sais pas comment faire. Je ne sais même pas comment toi tu as pus faire.
J'ai mal au cœur, et je sais que lui aussi. Je dis :
-On peut... on peut refaire un deal.
Je rigole légèrement mais lui me regarde sérieusement. Je me calme rapidement et répète :
-On peut refaire un deal.
-Non, me dit-il.
Il se dirige vers la cuisine et je le suis.
-Tu veux un truc à boire ? Ou à manger ?
-Non, merci, ça va, je réponds.
Il ouvre le frigo. Il y a des bières et je vois bien qu'il les regarde avec envie. Il ne bouge pas. Il est complètement immobile et je me rends compte, au bout d'un moment, qu'il ferme les yeux très forts. Je m'approche de lui, passe ma main dans son dos et remonte jusqu'à son épaule, comme si je le protégeais avec mon bras. Ses joues sont humides, je vois les larmes couler. Je restes à côté de lui, lui faisant sentir que je suis là et que je n'ai aucune envie de partir.
Et c'est vrai, je n'ai pas envie de partir.
Non, j'ai envie de rester. J'ai envie de le rassurer, de le prendre dans mes bras, de l'embrasser, de l'aimer, de lui redonner goût à la vie, de l'aider à surmonter ses propres démons, d'être là pour lui et le comprendre, savoir ce qui se passe dans sa tête et trouver un moyen pour qu'il avance malgré tout ce brouillard et cette bête qui ne fait que le guetter constamment. Je le veux lui.
15 ans ont passés et pourtant, je le veux lui. Tom.
Je me détache légèrement de lui, prends sa main qui tient la porte du frigo et le lui fais lâcher. Il ouvre les yeux et me fixe. Je ferme le frigo, cherche un verre encore en état dans les placards et le rempli d'eau. Je le pose face à lui. Je sens à quel point c'est difficile pour lui, il n'aime pas être aussi vulnérable, encore moins face à moi après tout ce qui s'est passé. Mais il commence à accepter mon aide, il me rejette de moins en moins et c'est un bon début. Je lui demande, un peu timide :
-Pourquoi est-ce que tu veux me dire ce qui se passe dans ta vie, à moi ?
Il hausse les épaules et réponds :
-Pourquoi est-ce que toi tu as eu besoin de me dire ce qui se passais dans ta tête ?
Je reste bouche bée, souris nerveusement et baisse la tête, essayant d'enlever la peau autour de mes ongles. Il prends le verre d'eau et bois quelques gorgées fraîches.
Il a raison : pourquoi ? Je le connaissais à peine, je n'avais que des sentiments naissants, je n'avais même pas encore confiance en lui. La seule chose que je savais, c'était que je voulais me laisser une chance d'aimer sans avoir peur et pour cela, je devais éliminer ces dites peurs.
Est-ce qu'il veut m'en parler parce-qu'il veut nous laisser une autre chance malgré toutes ces années passées l'un sans l'autre ?
-La seule vraie chose qui n'allait pas ces quinze dernières années, dit-il. C'est le fait que tu n'étais pas là, Lily.
Je le regarde, troublée, le cœur battant de plus en plus vite. Il m'offre un sourire peiné.
-Tu n'étais pas avec moi, tu n'étais plus là. Plus du tout. Pas seulement le fait qu'on se soit séparés mais le fait qu'on ne s'est plus vu ni parlé. Je ne sentais plus ton odeur malgré mes essais de la retrouver. Je ne voyais plus ton sourire. Je ne sentais plus ta peau sous mes doigts. La seule chose qui est restée c'est ta voix dans ma tête. Constamment, cette voix dans ma tête qui me semblait être la tienne mais qui m'a poussé à faire des choses qui m'ont fait me haïr et me dégoûter parce que ce n'était pas moi. Je cherchais uniquement un moyen de te sentir à nouveau, c'est tout.
-Je suis là, maintenant. Tu peux t'autoriser à laisser partir cette voix. Je ne te ferais jamais faire des choses qui ne sont pas toi.
Il s'approche de moi et s'arrête si près de mon visage que je sens son souffle chaud sur ma peau. Il lève la main et me caresse la joue du bout des doigts, délicatement, tendrement. Il replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et retraverse ma joue jusqu'à mes lèvres. Il passe ses doigts sur ma bouche avant de l'embrasser. Son baiser est doux, lent et terriblement rempli d'amour, d'envie et de manque.
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TALENTED III
FanfictionTOME 3/3 DE TALENTED Lorsque Tom et Lily-Rose se revoient quinze ans après leur rupture, ils découvrent l'impact qu'ils ont eu l'un sur l'autre à long terme. Beaucoup de choses ont changés, excepté une seule : leur sentiments. Lily va-t-elle venir a...