TALENTED III

Chapter 17 : Time

 Le temps passe, et avec viens le changement.

Son fils est reparti chez sa mère, aux États-Unis et je vois tous les jours à quel point il souffre de ne pas avoir la relation qu'il souhaite avec son enfant.

Notre relation, à Tom et moi, est exposée au public par des paparazzis, comme toujours. Et avec viens la surprise, les commentaires et les opinions des autres que l'on essaie d'ignorer au maximum.

Au bout de quelques temps, nos agents respectifs nous parlent, quasiment en même temps, d'un projet de film pour nous réunir de nouveaux à l'écran. Mais nous ne sommes pas à l'aise avec l'idée. Je ne veux pas faire de ma relation avec Tom un coup de publicité, en tirer des profits, faire parler de nous et du potentiel film. Ça ne m'intéresse pas et me répugne rien qu'à y penser.

Le temps passe, et avec viens le combat interminable pour Tom.

C'est dur. C'est épuisant. C'est accablant. C'est étouffant. Il ne veut pas aller en centre de désintoxication. Et je me dois de respecter son choix, surtout que je ne voulais pas non plus, il y a quinze ans. Mais traverser ça seule avec lui, c'est effrayant. Je n'avais jamais été de ce côté-là et je me rends compte que je ne savais rien de ce que Tom avait pus traverser. Je croyais le savoir quand j'ai commencé à le revoir, mais ce n'est rien comparé à maintenant. Et j'en souffre encore plus de savoir une partie de ce qui le ronge. Je m'en veux d'autant plus. Je me trouve horrible, pathétique et inhumaine. Pourtant, actuellement, il est à ma place. Et je ne veux surtout pas qu'il ressente cette aversion que j'ai profondément dans le cœur aujourd'hui. Je veux qu'il guérisse mieux que moi. Je veux qu'il croit que je vais bien pour qu'il est l'espoir d'atteindre ce bien-être et qu'il soit à son tour réellement apaisé. Je veux y croire pas seulement pour qu'il y croit mais qu'il y arrive. Exactement comme un effet placebo. Je veux me donner corps et âme pour lui pour racheter toutes mes erreurs et mes faux-pas avec lui, pour rattraper le tord que je lui ai causé et le traumatisme que j'ai laissé derrière moi.

Le temps passe, et avec viens la confiance puis, les confidences.

Allongés dans son lit, les draps doux et chaud de la nuit passée et les premiers rayons de soleil sur son visage souriant face au mien me font ressentir un réel bonheur. Je caresse sa joue et ses cheveux ébouriffés. Il passe sa main sur ma hanche et m'attire contre lui pour déposer un baiser d'abord sur mon front, puis sur mes lèvres.

Je repense à Matthew et à la façon dont Tom va observer sa chambre de temps en temps, ou la façon dont il vérifie constamment que la photo de son fils est bien dans sa poche. Comme si nos esprits étaient connectés, il me dit :

-Il me manque.

-Tu le reverras.

-Il me manque quand même.

-Je peux te poser une question peut-être... délicate ?

Je m'appuie sur un coude et tiens ma tête dans une main en le regardant. Il hoche la tête, alors je continue :

-Pourquoi ton fils n'était pas une raison suffisante pour que tu veuilles devenir meilleur ? Pourquoi il a fallu que je revienne pour te convaincre ?

Il détourne la tête de mon visage et fixe le plafond, les deux mains sous sa tête.

-Le destin ?

Il ricane mais redevient vite sérieux.

-C'est pas son rôle. Il est trop jeune. Je veux pas le mêler à mes histoires.

-Mais c'est ton fils. Il est inévitablement lié à tes histoires. Il voit ta souffrance et ça le marque. Et il a essayé de t'aider, ne l'oublie pas. Je ne serais pas là s'il ne m'avait pas contacté.

Il hausse les épaules, ne sait pas quoi répondre ou ne veut pas en parler. Il s'assoit sur le bord du lit, prêt à se lever, mais je m'accroche à lui avant qu'il sorte du lit et le prends dans mes bras, collée à son dos. Il caresse mes bras, et on reste comme ça un moment, nos cœurs temporairement soulagés par la chaleur du corps de l'autre.

-Je t'aime, je lui dis.

-Je t'aime aussi, murmure-t-il.

Je devine le fin sourire qui s'est dessiné sur ses lèvres et a fait écho dans sa voix, et je souris à mon tour. Je dépose un baiser sur son épaule et il s'en va.

Le temps passe, et avec viens les doutes.

Une fin d'après-midi, alors que je coupe des tomates pour préparer le dîner, perdue dans mes pensées, je me coupe accidentellement le doigt. Je lâche immédiatement le couteau que je tenais et jure alors que je presse un mouchoir autour de mon doigt. Il devient rouge. Je monte vite à l'étage et va dans la salle de bain. J'y vois Tom qui replace rapidement une boîte de médicament et ferme l'armoire à pharmacie rapidement, visiblement surpris à un moment où il ne s'y attendait pas.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? Me demande-t-il lorsqu'il remarque ma blessure. Tu vas bien ?

-J'ai mal mais ça va.

Je m'approche de lui et il ouvre de nouveau l'armoire à pharmacie et en sort ce qu'il faut pour me soigner. Il désinfecte ma coupure avant de faire un pansement. Il est très doux, très engagé dans sa tâche et je souris en l'observant. Il est concentré mais je sais que son esprit est déjà occupé par autre chose. La façon dont il soigne mon doigt, si délicatement, si gentiment, sans parler juste en le faisant... Je veux faire la même chose avec son cœur et son esprit, du mieux que je peux. Avec autant d'attention qu'il m'en apporte à ce moment précis.

-Quoi ? Me demande-t-il une fois qu'il a terminé et vu que je l'observais.

Je baisse la tête et regarde mon doigt blessé.

-Rien, je réponds.

-Ça va mieux ?

Je hoche la tête.

-Et toi ?

Il me sourit, m'embrasse, me dit qu'il a des choses à faire ce soir et s'en va rapidement. Je reste plantée là jusqu'à l'entendre refermer la porte d'entrée derrière lui. Il est sortit. On devait manger ensemble. Je faisais le repas pour nous deux.

Je descend les escaliers et m'assoie en bas, sur une marche. Je reste l moins de deux minutes quand la porte d'entrée s'ouvre sur Tom, légèrement essoufflé. Je me lève en même temps et il me serre dans ses bras puis m'embrasse tout en essayant de parler.

-Je suis con. Ça me sert à rien de m'éloigner quand ça va pas. Ça me fait plus de mal qu'autre chose. Je veux juste être avec toi. Près de toi. Collé à toi. Tout le temps. À tes lèvres. À ton cœur. Je veux pas qu'on se quitte. Plus jamais.

Je rigole et l'embrasse en retour. Je passe ma main dans ses cheveux, je m'agrippe à lui et le caresse comme si je voulais que mon corps fonde et fusionne avec le sien. Il passe ses mains sous mes cuisses et me soulève pour me porter jusqu'à notre chambre.

Mais il y a toujours ce moment où vient la relâche.

Et avec ça, le temps passe, mais pas la douleur.