Chapter 14 : Open-hearted

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 -On s'est embrassés, je dis en souriant timidement.

Je me sens comme une adolescente qui vit son premier amour lorsque je me confie à mon meilleur ami, Fionn, sur la dernière fois que j'ai vu Tom. C'était il y a deux jours, et j'en suis constamment retournée. Il me regarde, sourit puis se mets à rire. Je le frappe gentiment sur l'épaule.

-C'est pas drôle, arrête !

Mais je me mets à rire avec lui. J'attrape un coussin sur le canapé et le lui lance à la figure mais il rigole de plus belle.

Nous ne sommes que tous les deux, il est passé chez moi voir comment j'allais et sa présence me réchauffe sincèrement le cœur. J'adore Alex, et j'aime infiniment leurs fils Léo, mais le retrouver, nous retrouver, ça fait un bien fou, c'est inimaginable. On n'avait pas eu de moment rien qu'à nous depuis très longtemps et il m'avait beaucoup manqué.

Il s'arrête de rire doucement et prends ma main dans la sienne, d'abord sans me regarder. Quand il lève la tête vers moi, je remarque qu'il a les larmes aux yeux. Ça ne lui ressemble pas.

-Qu'est-ce qui se passe ? Je lui demande.

Son changement d'émotion a été si inattendu que je crois avoir loupé un épisode.

-Est-ce que c'est vraiment ce que tu veux ? Me demande-t-il.

-Comment ça ?

-Être avec lui, dans l'état qu'il est et connaissant votre histoire.

-Oui, je l'aime, Fionn. Je l'aime comme j'ai jamais aimé personne. Je l'aime avec chaque cellule de mon corps. Il fait vibrer mon cœur et j'ai constamment envie de le sentir près de moi, de le rassurer, de le protéger, de prendre soin de lui et de le voir sourire et véritablement heureux. Je sais qu'il ne va pas bien, mais c'est pas une raison pour laisser tomber. Il ne m'a jamais laissé tomber quand moi j'allais pas bien. Il m'a quitté parce que je l'ai trompé et que je lui ai brisé le cœur, pas parce que je m'enfilais toutes les drogues derrière son dos et que j'avais envie d'en finir. Il a toujours été là pour moi jusqu'à ce que je le trahisse. Je veux faire pareil pour lui.

-Tu lui dois rien, tu sais.

-Je sais. Je le fais parce que j'en ai envie.

-Comme ça ? Soudainement ? Tu le revois suite à une lettre de son fils et tu vis le grand amour ? Tu trouves ça normal toi ?

Je hausse les épaules et baisse la tête. Je me sens ridicule et lui demande :

-Qu'est-ce que tu as en tête ?

-J'ai peur que tu te fasses des idées et que tu en finisses plus blessée que tu ne l'es déjà.

Je serre un peu plus sa main et l'apporte à mes lèvres puis à ma joue et reste quelques secondes sans bouger, les yeux fermés avec son contact pour me guider. Quand j'ouvre de nouveau les yeux et croise son regard, je lui souris et réponds :

-J'ai peur aussi.

Ma voix tremble d'émotions.

-J'ai tellement peur. Constamment. Mais je l'aime si fort que ça dépasse mes peurs.

J'abaisse sa main et desserre mon emprise en me rendant compte de la force avec laquelle je le tenais.

-Des fois, l'amour ne résout pas tout, dit-il. Tu peux aimer quelqu'un de tout ton être mais ça ne te garantie pas une relation saine et durable, qui te fait avancer et qui te rend heureuse.

Il me regarde un instant en silence et reprends :

-Tu es sobre depuis combien de temps, Lily ?

-Neuf ans, cinq mois et dix-sept jours.

-Neuf ans, cinq mois et dix-sept jours, répète-t-il d'une voix douce. Souviens-t'en.

-Je m'en souviens tout le temps.

-Ce que je veux dire c'est que je ne veux pas que le compteur retourne à zéro.

-Tu crois que je vais replonger si je reste près de Tom ?

-Il est alcoolique et tu es une ancienne toxicomane. Ce que je vois, c'est une grande porte ouverte sur la tentation.

-Tom ou pas Tom, le manque est toujours là.

-Je sais. Mais c'est pas la même chose quand on te mets exactement ce que tu veux sous le nez et que t'es pas censé y toucher que de ne rien avoir à portée de main.

Je souris gentiment face à sa maladresse mais décide de ne pas lui faire remarquer. Il sait très bien que c'est toujours à portée de main mais je comprends ce qu'il me dit.

-Merci de veiller sur moi, je lui dis.

-Je m'inquiète sincèrement pour toi en ce moment. Je sens très bien qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette histoire avec Tom et je ne veux pas que ça finisse mal.

-Ça ira.

-Non, écoute...

Il soupire, cherche ses mots un instant et reprends.

-Je ne veux pas briser tes espoirs mais je ne veux pas non plus que tu te fasses de faux espoirs. Et j'ai l'impression que tu en espères trop avec Tom.

Mon vissage s'aggrave et je fronce les sourcils.

-Tu ne l'as pas revu. Tu ne connais pas la personne qu'il est devenue.

-Toi non plus, Lily, en fait, c'est bien ce qui me faut peur. À ce que tu m'as raconté, il est plutôt imprévisible, à la limite du dangereux, complètement perdu et torturé et je ne veux surtout pas que tu oublies le mal qu'il t'as fait et la façon tordue avec laquelle il a utilisé ton passé contre toi. S'il l'as fait une fois, il est très bien capable de recommencer.

-J'ai confiance en lui.

-Pourquoi ? Comment ? T'es la personne la moins rassurée sur le confiance que je connaisse et là tout va bien ? Il t'étrangle, blesse son fils et tu sais toujours pas ce qu'il s'est passé avec son ex, pourquoi elle est partie, mais tu lui fais confiance ? Arrête de me raconter des conneries. Arrête de te mentir à toi-même. Tu sais très bien qu'on a pas besoin de filtre entre nous alors viens en aux faits.

-Je veux y croire, c'est tout. J'ai été dans le déni trop longtemps par rapport à Tom et j'en ai marre de me retenir. Je veux le bon et le mauvais s'il le faut mais je veux pas tout gâcher une autre fois.

-À te dire que tu as confiance en lui alors que c'est pas le cas, ça reste du déni. Et je suis pas en train de te dire que tu vas tout gâcher mais que je crains surtout que lui va le faire.

-C'est lui qui m'as embrassé en premier. Il m'a dit à quel point il m'aime et qu'il n'a jamais cessé de m'aimer.

Mon ami se lève du canapé et s'éloigne de moi, marchant dans le salon.

-Désolé mais face à son comportement, ce qu'il dit c'est tout le contraire donc je ne suis pas sûr que ça veuille dire grand-chose.

-Tu crois qu'il ment ? Je réplique avec douleur.

-J'en sais rien, réponds-il en arrêtant de marcher et posant ses yeux sur moi. Ça me paraît louche, c'est tout.

-Il est alcoolique, en manque et quasiment tout ne vas pas dans sa vie.

-Pourquoi tu lui cherches des excuses ?

-Je lui en cherches pas. Ça n'excuse en rien ce qu'il fait. C'est juste que... dans ma tête, ça fait du sens parce que je le comprends parfaitement vu que j'ai vécu et vis la même chose.

-J'ai l'impression que tu te rassures en disant ça, que tu veux adoucir la réalité.

-Qu'est-ce que t'essaies de faire, Fionn ? Pour une fois que je suis positive, tu peux pas me soutenir ?

-Non, parce-que je te dois la vérité. Je veux être honnête et je veux le meilleur pour toi. Je veux te protéger et c'est plus dur quand tu te fais de faux espoirs.

-Tu crois pas en moi, je dis en baissant la tête pour cacher mes larmes naissante.

Mais Fionn me connaît que trop bien et il sait que je veux pleurer. Il se rassoit à côté de moi et me prends dans ses bras. Il me rectifie :

-Je crois pas en Tom, c'est différent.

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