TALENTED III

Chapter 22 : Little blue ring

La petite boîte bleue que Tom avait confiée à Harry se tenait là, au creux de sa main. Le velours brille sous la lumière artificiel du salon. La bague au doigt depuis qu'il me l'a donné une heure plus tôt, je n'arrête pas de la regarder. Un anneau d'argent surmonté d'un petit saphir. 

Je me souviens lorsqu'il m'avait demandé en mariage, des années plus tôt. J'avais rompu nos fiançailles. Mais pas aujourd'hui. Je ne compte pas le faire. Je ne compte pas me séparer de lui une nouvelle fois. 

Tom et moi avons invité quelques personnes pour l'occasion. Il m'avait techniquement déjà fait sa demande, et je l'avais déjà accepté, mais nous voulions réunir nos proches pour sceller nos fiançailles officiellement. Avec la bague, cette fois. 

Les frères et les parents de Tom sont là, ainsi que Harrison et sa petite-amie de toujours, Jane. Puis  Robert Downey Junior et sa femme, Susan. Fionn, Alex et le petit Léo, bien sûr, sont venus, malgré le froid entre Fionn et moi. Et enfin, Zendaya et Lily James, mes plus proches amies.

Je décide d'aller me réfugier dans la cuisine et me servir un verre d'eau, pour être un peu à l'écart de tout ce bruit. Mais je suis vite rejointe par Robert. Il arrive derrière moi et pose sa main sur mon épaule mais je sursaute.

-Oh, désolé! s'exclame-t-il. Je ne voulais pas te faire peur.

-Ce n'est rien, je réponds en rigolant. 

-Ça fait du bien de voir des sourires sincères sur vos visages, à Tom et toi, me confie-t-il en baissant sa voix.

-Je te cache pas que c'est toujours compliqué, des fois, mais on y arrive, peu à peu.

-Oui, je comprends bien. Je suis rassuré de savoir qu'il peut compter sur toi, et qu'il n'hésite pas à m'appeler. 

-Il le fait souvent, d'ailleurs? je lui demande. T'appeler.

-Légèrement plus qu'il l'a fait, ce qui est plutôt bon signe. C'est qu'il veut réellement continuer sur ce chemin. 

Je ne réponds pas, regardant mon verre d'eau un instant, et Robert reprends:

-Il a beaucoup de force, tu sais. Mais se confier, c'est pas la chose la plus facile qui soit. Ne lui en veut pas s'il n'arrive pas à tout te dire. Il ne me dit pas tout non plus. Et la plupart du temps, on ne fait que discuter simplement, sans mentionner son addiction. 

-Je ne lui en veux pas. 

-Alors, qu'est-ce qui ne va pas ?

-Rien. Tout va bien, je réponds en souriant.

-Je te connais, Lily, je sais que tu te caches derrière un sourire.

Je bois mon verre d'eau d'une traite et le pose dans l'évier. Je sais qu'il sait que j'essaie de retarder le moment où je dois répondre, mais il n'insiste pas et me laisse prendre mon temps. 

-J'ai l'impression de ne pas exister, je lui dis.

Il fronce les sourcils.

-Comment ça ? 

-J'ai l'impression que mon seul est unique but, c'est d'empêcher Tom de replonger. Comme ci je n'étais même pas quelqu'un mais un programme, ou une barrière. Alors que je l'aime et que je ne souhaite rien d'autre que d'être heureuse avec lui. 

-Ce n'est pas parce-qu'il traverse une phase compliquée et difficile, que tu dois en oublier qui tu es ou ce que tu veux. 

-Je sais, je murmure. C'est juste que je ne sais pas comment vivre autrement qu'à travers quelqu'un d'autre. Et le voir traverser tout ça, même s'il arrive enfin à s'en sortir, c'est compliqué pour moi aussi. Je dois tenir ma sobriété aussi. Et je sais que tu peux nous comprendre, Tom et moi, c'est pour ça que je te le dis. Mais si tu savais toutes les fois où j'ai voulu tout foutre en l'air une fois de plus. Ca me fait peur. Je veux pas retoucher à cette merde et pourtant ça m'appelle. Constamment. Et je me dis, si c'est comme ça pour moi, est-ce que Tom va ressentir ça toute sa vie aussi ? Est-ce qu'il va devoir souffrir, tout le temps ? 

-Tu sais aussi bien que moi que c'est toujours par phases. Surtout avec le temps. Des fois, tout va bien, et des fois, c'est dur. Il n'en ai qu'au tout début. C'est toujours le plus dur, le début. On n'y peux rien. C'est comme ça. Tout ce qu'on peut faire c'est se tenir à notre promesse et ne pas agir sous le coup de l'impulsivité. 

Je lui souris.

-Tu nous donnes de la force à tous les deux, tu sais, je lui dis.

Il me sourit aussi.

-Je suis un battant, Tom est un battant et tu es une battante. Et puis vous allez préparer votre mariage et partir en lune de miel... Vous serez bien. Vous serez heureux. 

Je le prends dans mes bras et il me rends mon étreinte. J'entends Tom arriver, en plein fou rire, Harrison accroché à son bras, également plié en deux. Robert et moi nous écartons gentiment l'un de l'autre, le sourire me monte aux oreilles à la vue de mon fiancé et à l'entente de son rire.

-Eh ben, s'exclame joyeusement Robert. Ils y en a qui s'amusent, ça c'est sûr !

L'un et l'autre essaient de parler à tour de rôles, mais ils sont tellement pris dans leur fou rire, qu'aucun des deux n'y arrive. Ce qui rends la situation d'autant plus drôle, et ils redoublent de rire, entraînant Robert et moi avec eux. Quand ils se calment enfin, ils ne savent même plus ce qui a commencé à les faire autant rire. 

Tom se détache de Harrison pour passer son bras autour de moi et il me dépose un baiser sur la joue. Je le regarde, les yeux tendre. 

-Tu es beau, je lui dis à l'oreille. 

Je le vois rougir légèrement, toujours aussi timide sous les compliments. 

Nous restons dans la cuisine un bon moment, tous les quatre, à discuter de tout et de rien, rythmés par nos rires. 

Léonard, mon filleul, finit par nous rejoindre, un peu réservé au départ. Il se cache derrière moi et s'agrippe gentiment à mon bras. Je tourne ma tête vers lui en souriant et passe mon bras autour de lui. Je l'attaque de bisous sur ses joues rondes et adorables et son rire rempli la pièce. 

-Tatate Lily ! s'écrie-t-il entre deux rires. 

Il reste collé à moi quelques instants avant de repartir explorer la maison ou retrouver ses papas. 

Ça me fait bizarre, que Tom et moi en soyons là. On va se marier. Après tout ce temps, ça me paraît dingue. Les choses paraissent en meilleur état qu'elles ne l'étaient, et pourtant il reste beaucoup de travail à accomplir, autant pour Tom que pour moi.

Malgré tout se bonheur qui semble arriver, le doute ne s'en va pas. La douleur non plus. Et Tom et moi savons que partager notre douleur a été destructeur auparavant. Peut-être était-ce parce-qu'on ne savait pas comment bien le faire. On a toujours navigué à l'aveugle, tous les deux. Et c'est si facile de se perdre, quand on navigue à l'aveugle. 

Et il y a aussi Fionn, qui est toujours distant avec moi, qui m'inquiète. Il faut qu'on parle, je le sais. Mais j'ai peur qu'on s'éloigne d'autant plus. J'ai peur de dire les mauvaises choses, ou qu'il me dises les mauvaises choses, et que rien ne s'arrange. Mais si on n'essaie pas de se parler, ça ne risque pas de s'améliorer. 

Puis il y a Zendaya. Tom et elle ne vont pas pouvoir continuer à simplement s'ignorer à chaque fois qu'ils sont dans la même pièce.