TALENTED III

Chapter 9 : Denial

 On est assis sur le sol, s'appuyant contre le canapé.

On est fatigués. Tellement fatigués. De nous, de tout ça. De la douleur et de la vie, en fait.

Je tourne ma tête pour le regarder et j'ai mal au coeur, à ma main aussi, quand je vois que sa joue enfle légèrement.

-Tu devrais mettre de la glace dessus, je lui dis.

-Peut-être.

Je me lève et je lui tends ma main. Il la regarde, puis moi, puis encore ma main. Pendant un court instant, je crois qu'il va refuser mais je sens enfin le touché chaleureux de sa main dans la mienne pas moins de cinq secondes plus tard.

Il me suit. J'ai peur de voir Matthew à la porte mais il n'est finalement plus là. Je vois la porte de la cuisine ouverte et je l'emmène jusque là. Je lâche sa main et lui prépare des glaçons enroulés dans un torchon pour l'aider à apaiser la douleur du coup. Je le lui donne et je peux voir sur son visage qu'il se sent un peu mieux.

-C'est quand la dernière fois que tu as mangé, Tom ?

-Soudainement tu tiens à moi ?

-J'ai toujours tenue à toi.

-Tu m'as frappé, Lily. Tu m'as frappé dans ma putain de figure.

-Je sais. Mais tu m'as vraiment blessée aussi.

-Arrête cette merde.

-Je n'aurais pas dû te frapper, je le sais. Mais tu n'aurais pas dû non plus me dire ce que tu m'as dis. Ça va dans les deux sens. Arrête de remettre toute la faute sur moi. La faute est sur nous deux.

Il s'assoit sur une chaise et il me semble qu'il est plus pâle que d'habitude. Je lui re demande :

-C'est quand la dernière fois que tu as mangé ?

-Je ne m'en souviens pas.

-Tu as faim ?

-Non.

-Tu devrais manger. Tu as besoin de manger.

-Non.

-Tu as bu beaucoup d'alcool cette nuit, Tom. Tu dois te nourrir et t'hydrater aussi.

-Arrête.

-Non, toi arrête !

Il me regarde étrangement, comme s'il ne me croyais pas crédible. Je rajoute:

-Tu fais aucun effort.

-Moi, je ne fais pas d'efforts ? Répète-t-il en me fusillant du regard.

Il se lève et laisse le torchon sur la table. Il s'approche de moi, une lueur dans les yeux que je ne connais que trop bien. Il est blessé et en colère, encore.

-Sors de chez moi.

Je suis déstabilisée et j'en perds mes moyens.

-Q-quoi ?

Je comprends par le regard qu'il me donne que je n'ai pas intérêt à lui faire répéter les mots qu'il vient de me lancer. Malgré tout, je ne bouge pas. Je reste plantée là comme une conne. Il m'agrippe le bras et me pousse vers l'extérieur de la cuisine, puis vers la porte d'entrée.

-Va-t-en, dit-il simplement.

-Tom, je...

-Va-t-en.

-S'il te plaît.

-Va-t-en.

-Arrête.

-Va-t-en.