Chapitre 17 : La ville portuaire

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Sehuma.

Cette immense cité, située dans une large enclave de hautes falaises comme la quasi-totalité de la côte Nord, possédait un port visible depuis la route qui y menait.

Nos deux voyageurs s'étaient arrêtés dès qu'ils l'eurent en vue alors que Dzikhot, leur monture, avait été révoquée à la sortie de la dernière forêt, quelques kilomètres plus tôt. La route était devenue très large, d'immenses véhicules et camions circulaient aux multiples entrées que la cité affichait. Laefvis, Humains et races inconnues, la pluralité raciale des conducteurs de ces machines était ici assez étonnante en comparaison d'Eostys.

A titre de comparaison, la capitale Laefvi n'avait rien à voir en terme de taille. De leur position, ils pouvaient observer l'ensemble de Sehuma. Même si tout leur paraissait minuscule, il aurait été impossible de refaire la même chose avec Eostys à moins de voler à plusieurs kilomètres de haut. Néanmoins, la vue n'en était pas moins somptueuse :

De grandes maisons blanches, pour certaines taillées à même la roche, décoraient les flancs des falaises abruptes. A leurs sommets, surplombant la mer, deux grands phares, l'un visant le ciel et à ses côtés, de larges tours arrimant des zeppelins et autres véhicules volants. A leurs pieds, on pouvait voir fourmiller les travailleurs et autres dockers, récupérant les marchandises, guidant les visiteurs vers de larges routes mécaniques qui semblaient monter et descendre automatiquement.

Si on lançait le regard vers la mer, on ne pouvait voir qu'une partie de la rade, l'autre étant cachée par lesdites falaises. Ce qui semblait être la partie centrale était remplie de bateaux, voiliers, vedettes et autres gigantesques embarcations de croisières. Un paysage très hétéroclite qui soulignait l'importance de cette forteresse dans le monde si on ajoutait à tout cela sa position de choix pour le commerce. Située entre deux continents, l'un des seuls ports maritimes de cette envergure au vu des côtes escarpées que proposait la côte Nord, ses grandes falaises blanches et ses tours éparpillées dans la ville ne laissaient que peu de places pour des habitations.

C'est après un bon repas constitué des restes qu'ils avaient chassés et cueillis, que Jeena et Néates s'avancèrent vers les grandes portes qui semblaient très surveillées. Ils avaient été renseignés quelques jours plus tôt sur les modalités d'entrée et avaient fait en sorte de récupérer des herbes médicinales et autres épices pour entrer dans la ville en tant que marchands. A cela, s'ajoutait également l'intérêt de récupérer un pécule dans le but de refaire le plein en provisions mais surtout de pouvoir payer un bateau pour les amener sur le continent humain.

Ils s'étaient d'ailleurs fait une remarque qui les gênait dans leurs conversations : si les continents avaient des noms, ils les ignoraient. Les Leylid auraient sûrement pu les renseigner sur ce sujet. Mais maintenant, demander ça à des inconnus, surtout dans une ville aussi agitée et peuplée ne ferait que les desservir. De plus, jamais ils n'avaient entendu de nom prononcé par qui que ce soit. C'était bel et bien un détail mais cela leur avait occupé l'esprit un bon moment le temps de leur voyage.

Pour l'occasion, et comme les regards vers son ami n'avaient fait qu'être de plus en plus insistants, Jeena avait cousu une longue cape pour cacher la cime de Néates. C'était rudimentaire, mais maintenant, on ne pouvait se douter qu'un arbre vivant se trouvait sous ce tas de haillons. Les regards n'étaient pas moins nombreux vers cette masse habillée mais l'admiration ou la curiosité de venir toucher ou parler s'était tout de même nettement atténuée, et c'était l'effet recherché ! Les humains n'étaient pas un peuple aussi amical et bienveillant que les laefvis : moins on laissait transparaître, au mieux les relations pouvaient se passer.

De son côté, Jeena avait enfilé sa capuche. Cachant ainsi ses longs bois et les faisant passer pour une masse de cheveux. C'est ainsi vêtus qu'ils se présentèrent à l'entrée de la ville. Il ne fallut que peu de temps pour prouver leur statut de marchand au vu des multiples herbes qu'ils montrèrent à la douane. La taille de Néates fut sujet à des questions mais rien de bien contraignant si ce n'est qu'ils durent passer par l'accès normalement réservés aux véhicules. Il n'était pas si peu commun de voir des créatures de plusieurs mètres entrer au sein de Sehuma.

La Couleur de l'IrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant