Chapitre 28 : La Force de la Connaissance

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Elles n'avaient pas eu le temps de réagir que des menottes, des billes bleues et des sacs leur avaient été placés sur les mains et la tête. Croassie de son côté avait été attrapé au niveau des ailes et du bec pour éviter qu'il ne fasse trop de bruit.

La sensation de malaise et de tournis n'avait vraiment pas manqué à la druidesse qui se voyait devenir impuissante une seconde fois en un laps de temps très court. Elles n'avaient plus aucun repère et furent très vite mises sur les épaules de grands gaillards qui les transportaient sur une relativement grande distance. Passant d'intérieurs en extérieurs, empruntant de longs escaliers et alternant entre espaces confinés et ouverts.

Pas plus d'une demi-heure plus tard, les deux jeunes femmes furent délicatement déposées sur des chaises, on leur retira le sac qu'elles avaient sur la tête ainsi que les billes bleues sur leurs joues, et après s'être assurés de leur calme, on leur enleva même les menottes. Alors que leurs yeux s'habituaient doucement à la lumière tamisée de la pièce où elles se trouvaient à présent, une voix gutturale s'échappa de derrière elles :

"On a fait au mieux pour pas trop vous secouer. On vous apporte votre corbeau, le chef va venir vous parler."

Elles ne répondirent pas, encore sous le choc de ce qu'il venait de se passer. Elles prirent le temps de se lancer un regard pour se rassurer. Mnémosyne avait toujours son idole autour du cou, il ne semblait rien leur manquer. La pièce où elles se trouvaient ressemblait à un bureau de vieux manoir : des murs de plusieurs mètres ornés de larges tapisseries, un grand tableau d'animaux nocturnes mis en évidence derrière un grand bureau de bois sertis de petites pierres et de rainures dorées.

La lumière tamisée provenait de plusieurs petits luminaires recourbés en coins de pièce, sublimant l'élégance de l'endroit. Même si le stress et l'anxiété de ne pas savoir où elles se trouvaient ni ce qu'on leur voulait prédominaient, l'étonnante chaleur de l'habitacle rassurait partiellement nos jeunes prisonnières.

Il ne fallut que quelques minutes d'attente pour que la porte derrière elles s'ouvre à nouveau, laissant entrer trois hommes en costumes noir ceintré très semblables à ceux portés par Finnéas et Garo. Tous portaient également des lunettes noires, un chapeau pour le plus petit d'entre eux.

Le plus grand avait une coupe afro bien lissée, il avait un sourire charmeur alors qu'il tendit délicatement Croassie à Mnémosyne qui ne se fit pas prier pour le récupérer des mains de leurs ravisseurs. Le second était plutôt rond, bien qu'il ne semblait pas moins costaud, ses joues enfonçaient ses lunettes dans un creux de chair, entre ses sourcils et ses lèvres. Contrairement au premier, celui-ci était chauve, les bras croisés, un air des plus patibulaires.

Le troisième retira son chapeau et le posa sur le bureau avant de le contourner, s'asseoir sur le grand fauteuil en cuir et retirer ses lunettes d'un geste ample. Il n'avait encore rien dit que l'atmosphère était devenue très lourde, à sa simple présence, on pouvait comprendre qu'il était le fameux chef. Il croisa les mains et les porta à son visage avant de s'adresser aux jeunes femmes d'une voix calme et grave :

"Mesdemoiselles, bienvenue chez moi. Navré d'avoir dû recourir à des méthodes aussi barbares mais je n'avais pas d'autre choix au vu de votre statut de fugitives... Il en manque un d'ailleurs... A moins que ce corbeau ne soit une de ses transformations ?"

Les deux femmes se regardèrent un instant mais cela suffit à mettre la puce à l'oreille à leur interlocuteur qui n'avait pas bronché.

"Je vois, c'est parfait. Cela nous évitera de nous répéter. Écoutez, sachez premièrement que si vous n'êtes pas nos ennemis, nous ne le serons pas envers vous. Nous ne sommes ni de Lyrdinamm ni de la régence de Gonaro. Nous sommes une... Association indépendante."

La Couleur de l'IrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant