Chapitre 14 : Merci

855 1 0
                                    


Un mois était passé.

Les affaires étrangères avaient sonné chez les Leylid au jour prévu. Leur équipe était composée d'une vingtaine de personnes, ils avaient pris Cyrus au sérieux. Dix gardes royaux, un architecte, deux comptables, trois diplomates, trois mécaniciens dont un conducteur qui avait amené la troupe et enfin un membre de la famille royale, Cédric de l'Echen, neveu du Roi.

Après les salutations officielles et le discours de Cédric sur l'importance que notre bon Roi accordait aux exilés, ils s'étaient dirigés vers la sortie de la ville en direction du camp de réfugiés. Le trajet s'effectuant à pied, plusieurs badauds ainsi que des journalistes s'étaient amassés tout le long de leur chemin, et Cédric en bon noble, s'était paré de son plus grand sourire alors que les passants lui demandaient sa bénédiction.

Une fois sur place, ils ont discuté avec les rescapés. D'abord méfiants puis comprenant leur situation, ils ont commencé à dresser des plans. N'ayant nulle part où aller, leurs chariots allaient être acheminés jusqu'au quartier Elixir où la main d'œuvre artisanale était vivement réclamée en attendant de trouver un travail qui conviendra à chacun. Les enfants, eux, ont tous été inscrits à l'école. Ce n'était pas la première fois que des humains intégraient l'éducation laefvi mais c'était tout de même assez rare pour en parler !

Les Dabomés firent la une des journaux pendant deux semaines, et on entendit également parler de la visite de diplomates lyrdiens. Aucune guerre à l'horizon mais entre l'affaire de l'arbre-monde exploité au nez et à la barbe d'Eostys et l'acceptation d'exilés dabomés, on pouvait tout de même s'imaginer une certaine tension latente.

Certains Eostyens, prenant l'exemple des Leylid avaient accueilli chez eux des rescapés en attendant la fin des travaux de leurs appartements. Béran et d'autres commencèrent également des cours du soir pour apprendre à lire et à écrire. Les tâches qui leur furent attribuées étaient grandement liées à leurs forces. Même une femme dabomé des plus chétives pouvait porter jusqu'à trois fois ce qu'un homme laefvi en pleine santé pouvait se permettre. Ce fut ainsi en toute logique qu'ils devinrent principalement forgerons, manœuvres, manutentionnaires ou agents d'entretien, mais c'était loin de leur déplaire ! Ils travaillaient à des heures respectables, leurs fatigues ne furent plus jamais un problème et ils mangeaient à leur faim. L'économie laefvi se basant majoritairement sur les services et le troc, ils surent s'adapter à leur nouveau rythme de vie rapidement.

De leur côté, Jeena et Néates étaient restés chez les Leylid. La jambe de Jeena était redevenue sensible, elle avait encore quelques difficultés à marcher droit mais les médicaments ainsi que la forte capacité de régénération des Laefvis lui avaient permis de se remettre vite d'aplomb. Ses journées étaient presque entièrement occupées par la réécriture du livre qu'elle avait emprunté. "La théorie intensifique" était le nom, plus adapté, qu'elle avait décidé de lui donner. Au début, très réfractaire, elle n'était finalement pas si déçue de son choix. Elle avait appris beaucoup de choses, notamment que la matière était composée à cent pour cent d'intensités. Que tout existait en tout, que dans la plus petite feuille d'un arbre se trouvait un échantillon de flamme, que dans la plus petite goutte de pluie se trouvait une microscopique partie de métal ou encore de bois.

Néates, quant à lui, avait, littéralement, pris racines dans le jardin. Déployant plusieurs corbeaux aux quatre coins de la ville, il se plaisait à écouter Jeena raconter ce qu'elle apprenait alors qu'il lui narrait et décrivait ses périples aériens. Une belle osmose qui ne manquait pas de ravir leurs hôtes qui avaient vu leur quotidien chamboulé par leur présence.

La journée, ni Cyrus, ni Aneth n'étaient à la maison. Tous deux travaillaient, Cyrus à son cabinet et Aneth à la menuiserie, où elle avait d'ailleurs accueilli Béran. Ce n'était qu'au crépuscule que tous les cinq se réunissaient, partageant un repas, se racontant leurs journées avant de rapidement aller se coucher et laisser de nouveau nos deux voyageurs en tête à tête sur la terrasse. Il n'était d'ailleurs pas rare pour Aneth de retrouver la jeune druidesse allongée sur ses fiches le matin, l'aidant alors à se lever et à retrouver son lit.

La Couleur de l'IrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant