Chapitre 26 : Renard blanc, renard noir

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Comme prévu, le petit groupe attendit que la nuit tombe avant de quitter leur cachette. L'estimation au doigt mouillé de Mnémosyne indiquait qu'il leur faudrait encore une nuit de voyage avant d'apercevoir Gonaro aux flancs des grands pics de neiges de Lapes.

Cette nouvelle nuit s'écoula plus tranquillement que la précédente. Cette fois-ci, ils ne furent pas poursuivis en passant relativement proche de quelques villages et maisons isolés. Ils ne croisèrent pas non plus de poste avancé ou de camp provisoire de l'armée lyrdine. Tout était calme. D'après la jeune femme, il y avait des sortes de non-dits sur l'autorisation des armées de la capitale de s'approcher de Gonaro et ses alentours. Même si, sans aucun avis préalable, elle pouvait débarquer, elle ne s'y risquerait qu'en étant sûr de leurs actions.

A l'aube du nouveau jour, les grandes falaises enneigées apparurent sous les rayons de soleil. S'étendant sur des kilomètres, l'horizon ne laissant se dessiner que des pics sous une marée de nuages grisonnants. Le temps s'était rapidement rafraîchi alors que les premiers haut bâtiments de Gonaro laissaient voir leurs sommets. Une ville forteresse, cerclée d'une large muraille, semblant s'ériger sur la hauteur plutôt que de s'étendre dans la vallée qui l'entourait. Des champs et quelques maisons paysannes éparses balisaient les quelques kilomètres qui les séparaient de leur destination.

Ils prirent la décision de ralentir le rythme ainsi que d'éviter soigneusement tout ce qui pouvait s'apparenter à un champ afin de se prémunir d'une quelconque représaille. Et après s'être rendu compte que tout le monde s'éveillait, ils révoquèrent totalement Dzikhot et continuèrent à pied. Même s'ils n'attiraient plus l'attention auditive, il était évident qu'avec Néates, ils ne passeraient jamais aussi inaperçus qu'ils le souhaiteraient. Et deux jeunes femmes se promenant seules sur la route n'étaient pas non plus l'approche la plus classique.

Ils prirent alors la décision de quitter la route en direction d'une des collines environnantes, ce qui ne manquait pas du tout dans ce terrain vague de plusieurs mètres de haut. Pas un seul bois ou bosquet à l'horizon, il se contentèrent d'un renfoncement entre deux collines, où coulait un petit ruisseau semblant avoir fendu le rocher qui s'y tenait en deux pylônes se soutenant mutuellement, pour cacher Néates.

"Prenons quand même une pause, il nous reste quoi... Des pommes... Du riz froid... C'est maigre mais si on arrive à revendre les quelques plantes qu'on a pu trouver dans la forêt d'hier on devrait avoir de quoi se payer un vrai repas demain !"

Mnémosyne et Néates acquiescèrent alors qu'ils savouraient l'équivalent de leur repas du midi à base d'un savant mélange des ingrédients cités plus tôt par Jeena. Après avoir jeté le trognon à quelques mètres, Mnémosyne prit la parole :

"Comme je vous l'ai déjà dit, Gonaro n'est pas connue pour être la ville la plus accueillante... Mais pour des réfugiés comme nous, elle est parfaite ! Tout le monde est louche... Et nous aussi ! On a juste à faire profil bas et tout se passera bien..."

Et avant de se tourner vers Néates :

"- Même si on pourrait croiser des espèces bien plus imposantes ou spécifiques que la tienne, ça ne va vraiment nous attirer que des ennuis si tu viens avec nous... Personnellement je n'avais jamais vu de... Sylve-colosse ?...

- Sylcolosse.

- Sylcolosse. Et je ne pense pas être la seule. Les avis de recherches sont forcément parvenus jusqu'ici alors autant se la jouer discrète."

Les deux autres eurent un geste bref d'approbation de la tête avant de la laisser continuer :

"- On va simplement attendre un peu que les chars et voitures reprennent du rythme et on se faufilera dans la foule en direction de la ville. On peut même faire du stop, ça nous donnera un air naturel et pas forcément sans-le-sou si on paye. Une fois à l'intérieur, on doit se diriger vers "La Ménagerie" c'est dans la ville-d'en-dessous...

La Couleur de l'IrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant