La Couleur de l'Iris

Chapitre 20 : Imeldia

Le temps s'était vite gâté.

Le ciel si bleu de début d'après-midi s'était terni d'un gris tempétueux qui n'était pas sans laisser craindre des intempéries à venir. Le vent aussi s'était joint aux hostilités, joignant le froid au paysage déjà macabre.

"Eh ben, on arrive vraiment en enfer !" avait lancé Jeena encore convalescente.

Face à eux, de grandes plages de sable s'étendaient face à ce qui ressemblait à des jungles. Tant de verdure était étonnante pour ce que l'on appelait le continent de fer. Sans doute avaient-ils perdu la trajectoire idéale pour atteindre la ville portuaire jumelle de Sehuma dont ils ignoraient le nom.

Et ce n'était pas plus mal. Si leur fuite avait été signalée, il y avait fort à parier qu'ils auraient eu droit au comité d'accueil. La jungle était un refuge plus familier et plus accueillant, qu'ils s'empressèrent de rejoindre au vu de la météo qui ne donnait pas vraiment envie de s'attarder plus longtemps.

Quelques heures passèrent avant que la pluie ne se mette à tomber en grandes trombes et que le petit groupe se décide à s'arrêter pour la nuit. Une petite caverne sous un arbre creux semblait la cachette idéale après cette longue traversée épuisante. Jeena en profita pour se changer entièrement, le sel de la mer s'était immiscé dans les moindres recoins de ses vêtements. Et ses rechanges n'étaient pas forcément plus douces. Il faudrait attendre un village ou au moins une rivière pour enfin se laver paisiblement.

De son côté, Néates n'avait même pas pris le temps de manger. Il s'était enterré à quelques pas de l'arbre, sous la pluie, fermant immédiatement les yeux, complètement exténué. La druidesse le contempla quelques instants avant de commencer à faire un feu et commencer à cuire ce qu'il leur restait. Des poissons grillés suffiraient pour ce soir, l'eau venant à manquer. La douleur s'était estompée et la plaie avait commencé à bien cicatriser, tout allait pour le mieux, et même si la pluie n'était pas une excellente cérémonie d'accueil, le fait de voir un paysage familier l'avait apaisée.

C'est avec comme berceuse, les gouttes qui frappaient les feuilles et le crépitement du feu de camp que Jeena trouva le sommeil après cette longue journée.

C'est Néates qui se réveilla le premier. Encore brumeux de la veille, il se rapprocha du campement pour attraper l'un des poissons grillés que Jeena avait laissé à son attention et le dévora en une seconde. La pluie ne s'était pas arrêtée et ce n'était pas pour lui déplaire. Ne ressentant ni le froid ni la chaleur, la pluie ne lui apportait qu'une sensation de sérénité qu'il ne pouvait expliquer. Il entreprit de faire le tour des environs à la recherche de petits bois ou champignons avant le réveil de son amie.

Moins d'une heure après, ce fut au tour de la laefvi de s'éveiller. Néates était déjà de retour, avait fini de manger sa part du repas de la veille et était déjà prêt au départ :

"Alors, bien dormi ?" avait-il lancé voyant les petits yeux du matin de la jeune femme.

"On va dire ça ! Je t'avoue que je me suis habituée aux lits maintenant !"

Elle eut un rire pour se moquer d'elle même, les habitudes peuvent très vite changer !

"Laisse-moi boire un café et on se remet en route ! Un village ou une ville serait vraiment la bienvenue pour qu'on puisse commencer à s'orienter !"

Elle attrapa quelques grains, les moulut et commença son infusion à l'aide de l'eau de pluie. Elle profita de l'attente pour s'habiller, se coiffer - ou plutôt remettre ses cheveux en place derrière ses cornes - , et ranger tout le matériel sorti la veille. Ce fut une fois le café prêt qu'elle enfila sa capuche et se dirigea vers son ami, deux tasses en main :