Chapitre 25 : Les collines de Gonaro

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Le soleil couchant ainsi que l'attroupement devant la taverne en bordure du village aidèrent grandement nos deux fuyardes à s'échapper de Velyst sans encombre. Les gardes à l'entrée n'étaient pas très regardants quant au passage de deux jeunes femmes sur le bord de la route entre charrettes, chevaux et marchands ambulants.

La nuit entamant sa venue, elles pressèrent le pas pour rejoindre le bosquet où elles avaient laissé Néates un peu plus tôt. Elles n'avaient pas vraiment accordé d'importance à Croassie jusque-là mais il s'était tenu tranquille dans la capuche de la druidesse, maintenant éloignées du village, Jeena le reprit entre ses mains pour lui adresser un sourire rassurant. Ce dernier répondit par un croassement impatient alors qu'ils s'approchaient du bois.

"Néates ?"

Le jeune arbrisseau n'avait pas bougé, il avait littéralement pris racine.

"- Pas trop fatigué d'avoir attendu ?

- Non non, j'ai eu la visite d'un couple de mésanges, je ne sais pas si elles sont encore là ? Et puis j'ai surtout eu peur quand vous avez quitté le village comme ça ! Qu'est ce qu'il s'est passé ?"

Mnémosyne et Jeena échangèrent un regard avant que la laefvi prenne la parole :

"- Nos têtes ont été mises à prix. Elles ont été placardées sur le panneau d'affichage devant la taverne.

- Mise à prix ? Ça veut dire quoi ?

- Ça veut dire qu'on nous identifie comme des personnes dangereuses pour tout le monde. Que si quelqu'un nous voit, il doit prévenir les autorités de nous arrêter, bref, qu'on est dans la merde." avait lâché Mnémosyne brusquement, visiblement nerveuse.

"Eh Mémo, t'inquiètes, tout va bien se passer ! On va se faire un bon repas et chevaucher toute la nuit, tu vas voir, ça va te plaire !"

Elle se mit immédiatement au travail, sortant la marmite et les ustensiles tout neufs de son sac. Cela ne valait pas les précédents, mais la sensation de cuisiner de nouveau avec de vrais outils de cuisine n'était pas sans lui déplaire. Les invocations d'objets, c'était bien pendant un temps mais c'était loin d'être très pratique à manier parfois.

Le plat fut simple mais savoureux grâce aux épices achetées plus tôt : du riz et des champignons. Oui, il s'agissait bien du même plat que ce matin, mais la diversité était un luxe qu'ils ne pouvaient se permettre pour le moment. Bien que la préparation et la dégustation ne furent pas très longues, ce fut un temps suffisant pour voir les ténèbres de la nuit s'imposer. L'air était doux mais une certaine fraîcheur qui se fit vite ressentir força les deux jeunes femmes à enfiler une petite veste avant de continuer à ranger leurs affaires.

Tous prêts au départ, sac sur le dos, vêtements chauds enfilés, les deux jeunes femmes se tinrent face au Sylcolosse qui commença son invocation. Une partie de la flore environnante vint se nouer en un gigantesque cheval de bois et de racines, quelques fleurs germant à la base de son encolure. Mnémosyne eut des yeux d'enfants alors que la monture végétale s'ébrouait suite à sa renaissance. Les quelques pétales qui voletaient dans la légère brise, lui firent, l'espace d'un instant, tout oublier. Un instant de flottement et de contemplation sans pareil, qu'elle eut rarement la chance d'expérimenter.

La jeune laefvi, ne voulant pas briser ce moment, avança doucement vers leur destrier tout en lançant un regard souriant à la jeune humaine encore admirative de la situation. C'est seulement quand elle reprit ses esprits qu'elle lui attrapa la main pour la hisser sur le dos du canasson, elle-même se postant à l'arrière, prête à renterrer les racines dans leur sillage.

La Couleur de l'IrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant