03 (Honor)

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« Because of you
I'm ashamed of my life
Because it's empty
Because of you I am afraid
Because of you »

Dans une grande majorité de contes, la fin est toujours la même. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Dans la vraie vie, on ne vit pas toujours heureux et on n'a pas forcément besoin d'avoir des enfants. On pourrait même dire que celui qui a inventé la phrase ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants mériterait un bon coup de pied au derrière. Une grande partie de mes histoires se terminaient bien même si pour cette nouvelle histoire, j'aimerais que les choses soient un peu différentes pour mon énième alter-égo répondant au nom de Céleste pour le moment. Alors oui mes héroïnes sont de véritables guerrières et modèles de force pour moi mais non, elles ne finiront pas toujours heureuses aux côtés de leur amour de leur vie, après des épreuves de la vie, et de leur famille.

L'amour est un sujet que j'évoque assez régulièrement, pour ne pas dire tout le temps dans mes histoires. Il y a toujours une romance interdite, une romance impossible, dans chacun de mes récits. Une approche parfois complètement idéaliste de ce qu'est une relation amoureuse parce que les relations amoureuses ne sont pas du tout comme on peut le voir dans les films ou dans les livres. Dans la vraie vie, je n'ai jamais été aimée de la même manière que mes héros masculins sont tombés amoureux de mes alter-égos. Mes héroïnes sont belles, pleine de confiance en elles, une force mentale qui me dépasse. Voilà ce qui les a fait craquer. Ce n'est pas moi qui allais faire de même.

Mais au-delà de cette première raison, m'empêchant d'être aimée et d'aimer à mon tour, il en existe d'autres qui explique ma situation amoureuse à vingt-quatre ans quand mes amis ont déjà toutes eu un petit ami dans leur vie. Et cette raison remonte sans aucun doute à mon enfance, ou début d'adolescence. Un traumatisme encore présent aujourd'hui et qui ne cesse de s'empirer chaque année qui passe.

'Bien alors nous nous retrouverons dès demain à quatorze heures pour que vous puissiez découvrir vos mentors et un peu plus votre formation. Les étudiants inscrits dans les filières informatiques vous vous rendrez dans la salle de conférence au deuxième étage qui est beaucoup plus grande puisque vous êtes plus nombreux que les étudiants inscrits en filière gestion et ressources humaines. Je vous souhaite une bonne soirée et je vous dis à demain'

Mademoiselle Johansson me sort de mes pensées qui commençaient à devenir sombres avant de poser mon stylo dans ma trousse. Je n'ai de toute façon pas eu écrit grand-chose si ce n'est qu'une romance interdite entre un élève et son professeur, une idée d'histoire que j'ai déjà exploité un grand nombre de fois, et qui se terminera de façon plus triste qu'un simple et ils vécurent heureux et eurent de nombreux enfants. Je reprends mon sac que j'enfile sur l'épaule avant de prendre mon smartphone pour écouter de nouveau ma playlist personnalisée. Je laisse mon casque autour du cou, préférant attendre la sortie du bâtiment pour pouvoir m'évader dans mon univers musical préféré.

En relevant les yeux, je ne peux pas m'empêcher de relever les yeux vers les nombreux adultes nous observant quitter la salle avec un sourire sur le visage dont je ne parviens pas à déchiffrer la signification. Et au moment où je m'apprête à détourner les yeux sur mon smartphone qui vient de vibrer, je croise à nouveau le regard du mentor, à première vue, que j'avais croisé quelques minutes plus tôt. Je ravale de nouveau ma salive avant de détourner précipitamment les yeux, très mal à l'aise. Je ne sais pas pourquoi mais le simple fait de croiser son regard me met très mal à l'aise alors que je ne devrais pas. Sans doute parce que je n'ai pas été habituée à être regardée par les garçons. Je passe rapidement devant la table où tous les adultes sont situés avant de sortir de la pièce, mettant immédiatement mon casque sur les oreilles afin de pouvoir m'évader.

Je n'étais qu'à une dizaine de minutes de mon domicile mais j'avais envie que mon trajet dure des heures pour que je ne rentre aucunement chez moi. Depuis des années, dès que je suis chez moi, je me sens mal à l'aise et encore plus depuis que j'avais accepté de suivre cette formation sans en parler à mes parents. Tout simplement parce que je n'ai jamais parlé à mes parents de quoi que ce soit de ma vie puisque je suis toujours jugée. En permanence. Et depuis un an, c'était encore pire parce que j'avais eu une année très compliquée et très difficile professionnellement jusqu'à l'acceptation de ma candidature dans cette formation au double objectif : obtenir un diplôme reconnu par l'Etat et ensuite avoir un emploi. Et dans le domaine de la gestion et des ressources humaines, je n'allais pas manquer de travail au contraire. C'est donc avec le cœur lourd, et la conséquence d'un acte irréversible qui m'attend si je ne me sens pas capable de faire face aux critiques, que je franchis les portes de mon domicile pour leur annoncer la nouvelle. 

Only You (can fix me) | Sebastian StanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant