09 (Honor)

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« Jedi level sabotage

Voices in my head make up my entourage »

Quand une occasion nouvelle se présente, il y a trois étapes. Tout d'abord, l'excitation et l'envie de réussir qu'on peut presque visualiser pour les plus optimistes d'entre nous. Puis, quelques heures ou quelques jours après, les doutes commencent à se faire sentir : la peur de l'inconnu comme on dit dans le langage. On se pose plusieurs questions, certains s'en posant encore plus que d'autres, comme la peur du nouveau ou de l'échec. Pour finir, il y a l'étape du passage à l'acte. On prend son courage à deux mains et on saute les pieds joints dans cette nouvelle aventure. Ou on reste sur nos doutes sans oser quitter cette zone de confort pour se préserver, resté dans notre bulle, ou parce que les doutes ont pris le dessus sur notre raison.

Dans ma vie, j'ai souvent reculé au dernier moment non pas pour rester dans ma zone de confort, parce que j'en ais jamais vraiment eu de zone de confort, mais parce que mes doutes, ma voix intérieure, m'ont empêchés d'avancer. Tout cela influer principalement par ma famille, par mes proches, qui n'ont jamais cru en moi. Les études ce n'est pas fait pour toi et encore moins le droit tu ne vas pas y arriver. J'ai eu ma licence mais j'ai fini par abandonner parce que c'était plus possible mentalement de tenir et le domaine m'a beaucoup moins plu qu'au tout début. Tu as vingt quatre ans, tu as travaillé seulement deux mois, tu ne fais rien de tes journées, tu n'avanceras pas dans la vie comme tes cousins ou ta sœur. Non mais regarde les eux. Ils ne passent pas leurs journées enfermées dans leur chambre, devant leurs ordinateurs afin de pouvoir écrire.

Il n'y a qu'une seule chose sur laquelle ils ne jettent pas leur venin et c'est bien l'écriture. Je n'ai jamais fait lire mes écrits à personne parce que je sais très bien que les jugements reprendront de plus belle et me feront encore plus perdre confiance en moi. Mais contrairement au reste de ma vie, je ne me contente pas de rester à l'étape du doute pour l'écriture mais je n'hésite pas à sauter le pas pour pouvoir les publier sur Internet. Un petit succès dont je ne me vante pas spécialement parce que je ne suis pas comme ça mais qui ajoute un peu de lumière à ma vie bien compliquée en ce moment.

Mais quand je relis l'histoire que j'avais commencé à propos de Céleste et de son professeur, je ne suis pas si emballée que ça par cette histoire qui pourtant s'annonçait prometteuse. L'histoire est particulièrement stéréotypée, elle a été vu et revue des centaines de fois. Je ne suis pas adepte du stéréotype et je veux quelque chose qui sorte de l'ordinaire, ayant du sens pour moi mais sans pour autant tomber dans le déjà-vu. Et si j'étais convaincue hier, je ne le suis plus du tout aujourd'hui. Elle ne marchera pas. Elle ne fonctionnera pas. Je ne vais pas y arriver.

Je secoue la tête afin de pouvoir sortir de mes pensées négatives qui commencent à m'envahir à la suite de mon envie d'arrêter encore une fois une nouvelle histoire que je n'ai même pas eu le temps de commencer. Sans réfléchir, je prends la page où j'avais inscrit mes quelques idées de ma nouvelle histoire entre mes doigts, n'hésitant plus avant de l'arracher violemment de mon cahier. Je récupère ensuite le papier entre mes mains afin de le froisser longuement entre mes petits doigts.

'Putain ça m'énerve ... quand est-ce que je vais réussir à avoir une putain d'idée d'histoire qui ne soit pas déjà vu ? Quand est-ce que je vais pouvoir retrouver mon envie d'écrire comme avant et d'être fière de ce que je peux faire ? Quand ?'

Je me parle à moi-même avant de jeter le papier dans ma poubelle située sous mon bureau avant de prendre ma tête entre mes mains, complètement dépassée par tout ce qui vient de se passer. En plus avec mon entrée en formation, je ne vais plus avoir une minute à moi afin de pouvoir écrire et je sais très bien que ça va me manquer même si en ce moment, ce n'est pas la joie pour écrire.

'Tout va bien ? Tu parles toute seule maintenant ?' ma mère demande à l'entrée de la chambre.

'Oui oui c'est bon ...' je réponds, prenant un ton des pas plus agréables.

'Et tu me parles autrement ! Je ne suis pas ta copine Honor. Je suis ta mère.'

'Ca je ne risque pas de l'oublier' je marmonne pour moi-même.

'On passe à table. Viens donc mettre le couvert au lieu de rester toujours enfermée dans ta chambre à tourner en rond au lieu de travailler et d'être comme ta sœur ou ta cousine qui ne passe par leurs journées enfermées.'

'Quand tu comprendras que ce n'est pas évident de trouver du travail, qui plus est en pleine période de covid et que tu arrêterais cinq minutes de me prendre la tête sur me dire quoi faire ou non, tu me feras signe. Laisse-moi vivre ma vie et arrête de toujours tout vouloir contrôler. Tu m'étouffes.'

'Honor je t'ai dit d'arrêter de me parler comme tu me parles.' Ma mère hausse encore plus le ton.

Je soupire bruyamment, marquant un agacement de sa réaction, alors que je ne sais plus quoi dire pour me défendre car quoi que je dise, bien que je le répète, ça ne servira rien car ma mère est butée. Je décide alors d'opter pour la méthode que j'utilise, pas très fièrement, le silence total. Aucun regard. Aucun mot. Juste tirer la tête et attendre que ça passe. 

Only You (can fix me) | Sebastian StanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant