Chapitre V

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La semaine qui a suivi, Niall s'est calmé parce qu'il semblait moins froid qu'avant et se remettait à rire pour n'importe quoi. Il était juste mon binôme de chimie, mais il devenait de plus en plus cool. Je n'avais plus très envie de lui demander de ré aller à une soirée parce que sa première expérience nous a, à tous les deux, laissés un gout amer. Il était toujours aussi bizarre mais je m'en foutais. Tout se passait bien et j'aimais aller en chimie parce qu'il m'aidait toujours, qu'il faisait remonter ma moyenne et que c'était cool. Il était gentil.
Je le voyais toujours autant avec ma sœur en train de se parler et ça m'intriguait toujours autant, je voulais savoir de quoi il discutait et même quand je lançais le sujet en chimie, il restait vague. « Je veux juste savoir qu'est-ce qui est aussi passionnant dans vos discussions », « Rien d'important », « Ma sœur te défend comme si t'étais de l'or », « T'as sœur est génial », « Elle est chiante  », « Mon frère ne fait que de parler d'elle à la maison, passe ton cahier de cour s'il te plait », « Gemma aussi, elle nous saoule avec Greg tu ne peux même pas t'imaginer ». Il a souri et s'est re concentré sur la chimie. Niall était comme ça, 10 minutes de discussion, 50 de chimie et une fois qu'il commençait la chimie, impossible de le déconcentrer. Et je trouvais ça saoulant parfois. Mais je le trouvais de plus en plus beau à chaque fois, quelque chose chez lui faisait son charme mais je ne savais pas quoi. Je devenais réellement bizarre. 


Une fois à midi, ma sœur s'est subitement mise à parler de Niall en plein milieu du repas. « Tout le temps quand je suis avec Greg dans sa chambre, on l'entend jouer de la guitare », « Il joue de la guitare ? » a demandé ma mère, « Ouais, tout le temps, il adore ça », « Et il chante aussi ? », « Aucune idée, je ne l'ai jamais entendu chanter ». Ma mère et ma sœur parlaient mais je n'étais pas intéressé, j'envoyais des messages à Liam pour parler de la prochaine soirée au lac. « Harry ? », « Hum ? », « Il joue de la guitare mieux que toi », « Je m'en fous », j'étais toujours sur mon portable quand ma mère m'a demandé de le ranger. « Tout se passe bien en chimie avec lui ? », « Ouais pourquoi ? », « Comme ça, je voulais juste savoir », « Il faut peut-être songer à arrêter de te préoccuper d'un gosse de 18 ans alors que tu as d'autres préoccupations à 23 ans », « Commences pas Harry », « On dirait vraiment un petit couple, tu ne penses pas maman ? Je crois même que tu passes plus de temps avec lui qu'avec ton propre copain », « La ferme », « C'est vrai quoi, si tu l'aimes tant que ça, marrie toi avec lui », « Pourquoi est-ce que t'en fais tout un plat ? On est juste amis », « Hm amant hm », « LA FERME », « Je veux pas être répertorié comme le frère dont la sœur s'est faite deux frères », « Harry, tu parles autrement d'accord, tu commences à devenir chiant là », « Désolé maman ». Gemma a littérallement pété un plomb en claquant sa fourchette et en gueulant fort comme un porc : « Harry, t'es vraiment stupide, Niall n'aime pas les filles, d'accord? Alors la dernière chose susceptible d'arriver serait lui avec une fille, et encore moins avec moi alors maintenant TU LA FERMES ». Je suis resté sur le cul. Je m'y attendais pas, il ne donnait vraiment pas l'impression d'aimer les garçons, il n'a jamais semblé proche de qui que ce soit. J'étais interloqué et d'un côté soulagé. J'étais étrange. « Je savais pas », « Maintenant tu sais, alors t'arrêtes de m'embêter avec ça. ».
Je ne le voyais plus de la même manière. Il était un peu comme toi, dans le sens où on cachait un peu notre sexualité. J'aimais aussi les garçons, mais j'étais bi. Enfin, je pense que personne n'est au courant alors je ne le dirai à personne. J'avais l'impression qu'on pouvait être encore plus proche, nous avions un secret un commun : notre sexualité. J'ai souri bêtement, et j'ai fini mon repas.


Un samedi alors que j'étais près du lac, à faire la fête, je me suis assis en face de l'eau, et j'ai regardé en face de moi. La musique me faisait mal à la tête, je n'ai pas bu, ni même fumé. Ce n'était pas la soirée du siècle, et ça me faisait un peu chier, je voulais rentrer chez moi. Je regardais le paysage sombre face à moi. Mon regard s'est arrêté sur l'autre côté du lac, qui se trouvait un peu loin. J'ai remarqué une voiture rouge, et une petite lumière très fine, peut-être un portable. J'ai reconnu sa voiture et j'ai lâché un juron, c'est pas vrai, qu'est-ce qu'il foutait là? Il arrivait toujours à m'impressionner avec la façon étrange qu'il avait d'être. J'étais sûr à 80% que c'était lui. J'ai hésité à aller le voir, j'ai longuement hésité mais ma conscience m'a demandé d'écouter mon cœur alors je me suis levé et j'ai marché, peut-être 10 ou 15 minutes, avant d'arriver de l'autre côté. Il fallait monter une sorte de pente et j'ai remarqué son dos de loin. Je ne connaissais pas ce coin, personne ne devait le connaître mais Niall si, forcément. La musique de l'autre côté ne se faisait pas entendre tant que ça, seulement des échos. Tout était très paisible de ce côté là. 

« Qu'est-ce que tu fais là ? », il s'est brusquement retourné, je lui avais fait peur et il a soufflé en lâchant un putain. Il était assis face à l'eau par terre, et je me suis assis à côté de lui, à quelques centimètres l'un de l'autre, en passant à côté de sa voiture. « Toi qu'est-ce que tu fais là », « Je t'ai vu », « Je suis repérable de là-bas ? », « Ouais, si on a un œil d'expert, ce qui est mon cas ». Il faisait incroyablement calme ici, et je trouvais cet endroit tout à fait en accord avec lui. « C'est bien de l'autre côté ? », « Bof, tout le monde boit et fume, pas grand-chose d'intéressant, tu viens souvent ici ? », « Parfois », « J'ai trouvé ta planque, c'est cool ». Il a souri et son regard est reparti vers l'eau. Ça m'apaisait un peu, et les autres de l'autre côté semblait d'un autre monde. Je me sentais con d'aimer autant cette endroit. On se jetait des regards parfois, mais c'était silencieux. Tout était silencieux ici. Je me sentais proche de lui, et je l'étais. J'ai retourné ma tête vers lui, mais pas lui, alors j'ai regardé l'eau une nouvelle fois. Une boule s'est formée dans mon ventre et je savais ce que je voulais faire. A cet instant précis, j'étais attiré par lui comme un aimant, je voulais l'embrasser, je le voulais. Je me suis mis à légèrement trembler. Il sentait très bon, et un moment nous nous sommes regardés en même temps. J'ai été pris d'un électrochoc, ma tête me disait de rester calme mais mon cœur me disait de poser mes lèvres sur les siennes parce que j'en mourais d'envie. J'en mourais d'envie putain. J'ai serré la mâchoire et Niall a dit « On est bizarre toi et moi », et ça, ça été le choc. C'était vrai, nous étions bizarre, cette situation était bizarre, le fait que nous étions proches était bizarre, tout était bizarre.  Il m'a regardé, sans détourner le regard une nouvelle fois. J'ai regardé un peu partout autour de moi parce que j'étais stressé, cette situation était stressante. J'ai reposé les yeux sur lui et il n'avait toujours pas détourné le regard, il me regardait fixement, un léger sourire sur ses lèvres. J'ai furtivement posé ma main sur sa joue et je l'ai embrassé. Mon ventre s'est rempli d'une sensation inexpliqué. C'était juste un petit baiser, un tout petit baiser. Ça m'a paru une éternité alors que ça n'a duré que quelques secondes, ses lèvres étaient douces. J'aimais le bordel que ça avait créé dans mon ventre et dans ma tête, ses lèvres donnaient envie. Le monde s'était arrêté, en quelques secondes j'avais pris gout à ses lèvres. Nous nous sommes dégagés en même temps en regardant en face de nous, très gêné. « Il est temps de s'en aller, je... je crois », « Ouais, je vais aller de l'autre côté ».On s'était levé. Personne n'osait regarder personne. J'étais extrêmement mal à l'aise, et lui aussi. Putain.
 
Je n'ai pas arrêté de penser à ce baiser. Ça hantait mes pensées, ça me rendait dingue. J'avais envie de l'embrasser, et pas seulement un petit bisou sur les lèvres, j'avais envie de l'embrasser correctement. Je repensais à leur douceur et ça me rendait dingue. Je ne me reconnaissais plus, j'avais l'impression d'être tomber sous le charme d'un mec dont je n'aurai jamais regardé si je l'avais croisé dans la rue. J'étais bizarre le reste du week-end, tout semblait bizarre autour de moi. J'appréhendais mardi, quand je serai avec lui en chimie. J'appréhendais vraiment beaucoup trop. Mais je savais que j'étais attiré par lui. J'étais irrépréssiblement attiré par mon partenaire de chimie.

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