Chapitre XXVI

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Je me demandais si l'eau était aussi froide que la fois dernière. Très certainement. La cascade était toujours aussi impressionnante. Cet endroit faisait très peur quand je n'y étais pas avec Niall. Niall. Un mois pile qu'il était parti, je ne savais pas comment j'avais réussi à tenir. Je supposais qu'il arrivait à me donner la force autant qu'il arrivait à me rendre faible. Je pensais tout le temps à lui, peu importe ce que je faisais, où que j'étais : il était présent, dans ma tête. J'ouvre les yeux quand je me réveille le matin, sa tête claquait mon esprit. Il était tout le temps . La couleur de ses yeux est toujours gravée dans ma mémoire. Quand je pensais à lui, je revoyais ses yeux.


-Tu rentres maintenant, s'il te plaît Harry

-Je rentre bientôt

-Ne tardes pas, tu vas être mort de fatigue

-T'inquiètes pas maman


Le silence s'est abattu quand j'ai raccroché. Tout paraissait vide sans lui, rien n'avait plus aucune signification. Je me sentais seul, je me sentais compressés et incompris. « Je suis sûr qu'il te regarde de là-haut » ou « C'était quelqu'un de bien » était les deux choses que j'entendais le plus. Ils ne le connaissaient pas. Il fallait toujours qu'une personne finisse par partir pour enfin se rendre compte d'à quel point elle était importante.


J'étais en colère, je contenais une rage et haine incroyable au fond de moi. J'en voulais à tout le monde. Même à Niall. Il m'avait dit qu'il allait mourir mais ça ne m'avait pas préparé. Au contraire, cela n'avait juste qu'empirer les choses. J'ai regardé une dernière fois la cascade, je revoyais la scène du premier vrai baiser que l'on a partagé. Je n'avais pas assez profité quand j'avais la chance de l'avoir à mes côtés. Je n'étais qu'un con.



**



Mes parents avaient réussis à me convaincre que ces vacances en famille allaient me faire le plus grand bien. Je l'espérais. Je savais pertinemment que cela n'allait pas marcher mais pour ma mère et mon beau-père, je faisais bonne figure. « Je vais bien maman », « Sûr ? Tu verras, tu vas  te...détendre là-bas. Et t'amuser », j'ai légèrement souri. Peut-être. N'empêche que Niall me manquait toujours autant.


**


Etre loin de chez moi a été bénéfique finalement. Je ne le pensais pas, j'étais convaincu que tout ceci n'était qu'une perte de temps mais tout le contraire s'est avéré. J'ai commencé à songer à l'idée d'accepter la mort de mon petit-copain, je ne l'aurais jamais cru. J'y ai juste songé. J'avais beaucoup de mal avec le terme accepter. Comment pouvait-on accepter une mort ? Je n'avais jamais réellement perdu quelqu'un à qui je tenais auparavant.


Mes parents voulaient me prendre  rendez-vous chez le psy, mais je ne suis pas fou. « J'ai quand même le droit d'être triste », «  Oui. Mais maintenant ça fait plus d'un mois qu'il est mort, et tu es toujours autant dépressif Harry », « N'importe quoi », ma mère ne plaisantait jamais avec ça. Elle a fait des études en psychologie et y avait brusquement mis fin. C'était quelque chose qu'elle connaissait. « Tu ne parles plus, tu es insomniaque, tu es devenu complètement renfermé sur toi-même, on doit te pousser pour que tu daignes enfin à sortir et tu passes tes journées à pleurer. C'est ce qu'un adolescent normal de ton âge fait ? », « C'est ce que tout le monde fait quand ils perdent un être proche », « Même en t'emmenant ici, on aurait cru que ça allait changer les choses. Mais ça les a rendus pires. On avait cru que ces vacances t'aideraient à te sentir mieux », je ne savais plus quoi répondre. J'aimais plutôt bien être ici, loin de tout, je me sentais mieux et elle n'arrêtait pas de me rabâcher sans cesse que je ne faisais que chialer. « Tu crois vraiment que Niall aurait aimé te voir comme ça ? »

DestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant