Chapitre XVII

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Je n'abusais absolument pas et il savait très bien que je détestais qu'il ne me prévienne pas. J'ai vite pété psychologiquement les plombs à mon réveil avant que mon beau-père me dise qu'il était bel et bien parti. Il ne m'avait laissé aucun mot, ni message, j'avais trouvé ça bizarre.


J'ai énormément changé depuis que Niall est entré dans ma vie. Je ne sortais plus aussi souvent, majoritairement pour le voir. Les soirées ne m'intéressaient plus autant que ça et je m'étais renfermé encore plus sur moi-même. Niall était mon centre d'intérêt. Alors tout ce que je demandais, c'était qu'il soit réceptif. Un petit putain de message pour me prévenir, ce n'était pas compliqué.


Le soir même, ses parents ont refusés qu'il sorte. Il m'avait prévenu en m'envoyant un message, par lequel j'ai répondu un "Ok" froid et fade. Je mettrai ma fierté de côté demain, pour l'instant, j'étais encore énervé contre lui et contre tout le monde autour. Il avait eu un rendez-vous à l'hôpital cet après-midi, et ça n'arrêtait pas de tourner dans ma tête. Peut-être que les médecins se sont trompés, peut-être qu'il n'allait pas mourir aussi vite. Je me suis affalé devant la télé en pensant à toute cette merde.


 « Harry ? », « Hm ? », « Tu vas bien ? », « Hm », « T'en ai sur ? », « Hm », « Harry, je viens d'avoir Greg au téléphone»,j'ai enfin posé les yeux sur ma soeur. Il y avait un rapport avec Niall, ses yeux me le disaient. « Et alors? », « Il m'a parlé du rendez-vous de Niall aujourd'hui », « Et? Qu'est-ce qu'il a dit?», elle a reposé ses yeux sur la télévision. Ce n'était pas une bonne nouvelle, l'expression qu'elle arborait était triste. « Il ne va.... vraiment pas bien ». Ça voulait dire qu'il ne restait plus beaucoup de temps. Du moins, c'est comme ça que mon esprit a reçu l'information. Je détestais quand on ne me disait pas les choses clairement, même si ça faisait mal. J'ignorais combien de temps il nous restait mais je savais qu'il ne restait pas grand chose.



**


-Soit prêt dans cinq minutes, je viens te chercher

-J'peux pas

-Discute pas s'il te plait, prépare toi


Je supposais qu'il avait cédé parce qu'il n'avait plus répondu. J'ai marché jusqu'à chez lui, et je lui ai envoyé un message pour lui dire que j'étais là. Il est sorti et j'ai eu un haut le cœur. Il était rouge, avait des cernes gigantesques et avait perdu encore un peu de poids. Il n'avait pas pris la peine de coiffer ses cheveux et semblait horriblement fatigué, comme toujours. « Désolé, je sais que tu voulais dormir », « Non je suis pas fatigué », « On va faire du vélo », « D'accord», « T'es pas content ? », « Si, si, c'est juste que j'ai froid », « Moi aussi, je suis en t shirt si t'avais pas remarqué », « Je vais chercher des pulls, attends », « T'es sur que je rentre dedans ? ».


Il m'a prêté son pull blanc assez large alors il m'allait, et lui a juste mis une veste. J'étais content de sentir son odeur. Nous sommes allés prendre des vélos publics. Une poursuite s'est engagé entre nous deux. J'entendais son rire de derrière, il lui restait visiblement assez de force pour rouler à cette allure. Mais j'étais quand même plus fort et rapide que lui. « ATTENTION », c'était une voiture, « ATTENDS », il avait réussi à me dépasser,j'étais beaucoup trop derrière lui, « RALENTIS », je voulais l'embrasser. Il s'est arrêté et quand je suis arrivé à sa hauteur, j'ai posé mes lèvres sur les lèvres. Ses lèvres étaient froides. J'ai directement repris la course, en prenant une longueur d'avance considérable. « LE PREMIER QUI ARRIVE AU LYCÉE GAGNE », « GAGNE QUOI ?», « N'IMPORTE QUOI ». J'ai pédalé comme un dingue, comme un fou et je savais qu'il n'allait jamais me rattraper, ça me réjouissait. Je détestais l'échec. Je commençais déjà à réfléchir quant à ce que j'allais lui demander, je ne l'ai plus entendu. Je roulais trop vite et j'étais trop concentré pour retourner ma tête et l'apercevoir. Mais j'ai continué à pédalé pour arriver premier. J'ai pédalé à m'en tuer les jambes et quand je suis arrivé devant le lycée, je l'ai vu sur son vélo, juste devant le portail. Quelques jurons sont sortis de ma bouche. Comment il avait fait ce con ? « Je voudrais que tu m'emmènes dans une plage en Australie pour surfer », « Connard comment est-ce que t'as fait ? », « Ou... De la moto, j'aimerais bien rouler à 180 km/h, je voudrais ça finalement », « Mais j'avais une putain d'avance », « J'ai pris un raccourci », je l'ai encore insulté en le dévisageant du regard. Il avait l'air d'avoir si froid dans son gros gilet bleue. « Alors ? », « Alors on rentre il est bientôt une heure », « Déjà? », « Euh... Ouais?», déjà qu'on nous laissait traîner dehors aussi tard. En réalité, j'aurais pu rester des nuits entières debout avec lui à faire tout ce qu'il voulait mais, ce n'était pas réalisable.« T'as une moto ? », « Non », « Et bien trouves en une, et bientôt j'ai plus de temps ». Et même s'il l'avait dit sur un ton plaisantant, c'est comme si j'avais reçu un poignard au coeur. Il n'avait pas le droit, j'y pensais suffisamment pour qu'il me le rappelle. Et l'entendre de sa bouche était destructeur pour mon état.


Avant qu'on ne rentre et après avoir déposé nos vélos, nous sommes allés au parc juste à côté et il n'y avait personne. Et c'était mieux que la journée, l'air était fraîche, nous étions que tous les deux et c'était vraiment apaisant. On a marché main dans la main, et c'était rare parce que nous n'étions pas du genre à se tenir la main. Il avait pris la mienne pour me montrer une expérience bizarre avec mes doigts et il ne l'avait pas lâché. Quelques minutes plus tard, nos mains se sont décrochés. Nous parlions de nos familles. Il s'est mis à s'allonger sur l'herbe, mais je ne l'avais pas remarqué. « Harry ? », « Hm ? », je m'étais retourné et il était allongé sur le dos, les bras le long de son corps, les yeux fermés. Il était si magnifique. « Qu'est-ce que tu fais ? », « Tu crois qu'il y a quoi après la mort ? », je n'avais pas répondu. Je n'en savais rien, moi. Je me suis approché de lui, et je me suis assis à côté. « Tout est vrai, vraiment», « De quoi ? », « Quand on meurt, c'est comme si nous n'avions jamais existé », « Faux, quand on aime quelqu'un, il reste toujours... présent d'une façon ou d'une autre. Dans le coeur. Tu... Tu resteras toujours dans .... mon coeur», j'espérais qu'il n'allait pas ouvrir les yeux pour me regarder. Je n'étais pas du genre à me confesser, je trouvais ça horriblement gênant de le faire de vive voix. Il a souri. « Toi, oui. Ma famille aussi mais les autres ? Je sais qu'on s' en branle de moi et que ma mort ne touchera pas tant de monde que ça. Ils seront choqués quand ils apprendront que j'avais une maladie et que je savais que j'allais mourir. J'aurais quand même aimé avoir apporté quelque chose dans ce monde ». Il n'avait toujours pas ouvert les yeux, et je me suis allongé, en fermant les yeux moi aussi et ma main s'est doucement déposé sur la sienne. « Tu feras un discours à mes funérailles ? ». Il se foutait de ma gueule. Ma gorge s'est noué, j'essayais de retenir tant bien que mal mes larmes. Je voulais oublier le futur très proche et lui n'arrêtait pas de le ramener sur le tapis. Sois fort, Harry, merde. « Je t'en voudrais pas si tu n'en fais pas un », « J'ai pas envie que tu meurs et j'ai pas envie de faire un discouts à ta mort, pourquoi est-ce que tu resterais pas? La vie est cool par ici il parait». Je sentais ses yeux me fixaient maintenant. J'avais toujours les miens clos, et je savais que j'allais bientôt pleurer, j'essayais juste de repousser le moment du mieux que je le pouvais. « Harry ? », « Quoi ? », je refusais d'ouvrir les yeux. « Je t'aime beaucoup plus que tu ne le crois et que je ne laisse paraître ». J'ai senti une sensation très étrange dans mon ventre me secouait dans tous les sens. Je voulais hurler que je l'aimais bien que je pouvais même le croire. Il a posé sa tête contre mon torse et nous sommes restés dans cette position un bout de temps.

Je suppliais la vie de me le laisser, encore un peu plus de temps que prévu.

DestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant