Chapitre XII

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Le lendemain, je voulais encore éviter l'inévitable : le cours de chimie. J'ai pensé toute la nuit à sécher ce cours là mais ma conscience m'a persuadé du contraire. Il fallait que je le revois, que je sente au moins sa présence. C'était vital, j'avais besoin de lui mais en même temps, je le détestais de m'avoir menti. Je crois que le fait de le perdre me braquait, je n'aimais pas ne pas avoir tous les pouvoirs, je n'aimais pas être en situation d'infériorité et c'était exactement ce qui se passait. Il était encore en retard, comme pratiquement tous les jeudis et mon cœur m'avait lâché quand j'ai entendu sa voix parlait avec celle du prof. Mes mains sont devenues moites, et il s'est affalé sur sa chaise, juste à côté de la mienne. Je sentais son regard sur moi, mais j'ai essayé d'agir comme s'il n'était pas là. Son parfum m'a percuté les narines, je me suis senti doucement faiblir. J'ai ouvert mon livre et j'ai commencé l'exercice donné. « Et c'est généralement là que la personne va finir par fuir », sa voix était douce, calme et je sentais son faux sourire au coin de ses lèvres. « Trouvant encore un prétexte stupide du genre 'je ne peux pas' pour me quitter », je n'aimais pas du tout ce qu'il était en train de faire, pour qui il se prenait? « Mais je pensais que tu n'étais pas comme eux tous ». Je l'ignorais tout en faisait semblant de travailler. Il avait un putain de culot de me dire ça. Je me suis retourné vers lui, et quand j'ai vu son visage... « Ferme ta gueule Niall je ne veux plus t'entendre », « Ou dire cette phrase moins agressive pour me quitter... ». Je ne pouvais plus lui faire face, je me suis levé, j'ai rangé violemment mes affaires en les entassant dans mon sac, en faisant tomber quelques matériaux et j'ai juste « Va te faire voir putain mais VA TE FAIRE VOIR », et je suis sorti. Le prof n'a pas compris ce qu'il se passait et moi aussi, je ne me comprenais pas, mais mes larmes menaçaient de couler et pour rien au monde j'aurais voulu qu'il les voit. Je me suis retrouvé dans une cabine de toilettes à pleurer les deux heures suivantes comme une merde. Je ne savais plus quoi faire. J'étais totalement perdu.


Deux jours plus tard, Gemma est entré dans ma chambre la nuit pendant que je rangeais mes affaires et son regard voulait tout dire. Je sentais le sujet Niall venir gros comme une maison. « Harry, maintenant tu me dis tout ce qu'il se passe, ou je vais chercher Niall maintenant et je vous séquestre jusqu'à ce que vous voulez bien ouvrir votre gueule ». J'étais étonné qu'il ne lui avait pas encore dit pour nous. « De quoi tu te mêles? Ce sont tes affaires? On est sorti ensemble, c'est tout». Comme ça, c'était fait. « Quoi ? », elle semblait tellement choquée qu'elle s'est assise sur mon lit, la main sur la bouche, le regard dans le vide. Je n'avais jamais prévu de l'annoncer à mes proches, quand j'aime une personne, je l'aime entièrement. Je n'en avais tellement rien à foutre d'être bi, j'avais le don d'aimer quelqu'un en regardant au delà de son sexe, moi. « Pourquoi », «Hein ? », « Pourquoi est-ce que tu ne me l'as pas dit ? », « Pourquoi je te le dirais? », « Pourquoi lui ? Je pensais que tu ne l'aimais pas », mes larmes me montaient, je ne voulais plus pleurer putain. Pourquoi lui ? Je ne savais pas... J'essayais de trouver une réponse plausible depuis des jours. « Parce que je l'aime bien », la réponse était simple : je l'aimais beaucoup. « T'avais pas le droit Harry », « Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Qu'est-ce qu'il vous arrive tous ? », « Pourquoi est-ce que tu ne me l'as pas dit putain Harry tu te rends compte ? », je ne voulais plus lui parler, elle me rendait encore plus fou que je ne l'étais déjà. « Sors de ma chambre », « Il va mourir Harry ». Je suis resté bloqué. C'était le mot qui tournait en rond dans ma tête depuis bientôt une semaine, et que j'essayais d'enlever à tout prix de mon esprit. Je la détestais. « Tu vas souffrir Harry, tu sais que j'affectionnes énormément Niall mais si tu l'aimes, tu vas souffrir», « Casse toi ».


Niall avait réussi à tout détruire autour de moi. Je suis devenu l'ombre de moi-même, j'avais mal partout, mais j'avais surtout horriblement mal au cœur. Je ne savais pas qu'avoir mal au coeur, au sens propre du terme était possible. Je ne voulais pas qu'il parte, je voulais être avec lui, mais je savais que ça allait être atrocement douloureux. Je ne savais pas quoi faire. Alors je pleurais. Et c'était ce que je faisais de mieux. Et tout d'un coup, j'avais tout compris. Du moins, je savais ce qu'il me restait à faire, et même si j'allais me détruire encore plus, je voulais aller jusqu'au bout. C'était beau de finir détruit ainsi, de finir détruit parce qu'on aimait quelqu'un et qu'il vous aimait aussi. Niall m'aimait, non? Je ne voulais plus perdre de temps, je ne voulais plus qu'on perde du temps, je voulais juste être avec lui pour toujours. Je me rendais compte que je ne pouvais pas l'abandonner, pas maintenant, pas comme ça. Je l'aimais, il m'aimait, et ça s'arrête là. Je n'étais qu'un con et les choses étaient simple.


Il devait être 22 heures quand je suis allé en voiture chez les Horan. J'ai sonné, et Greg m'a ouvert. « Tu peux appeler Niall s'il te plait ? », « D'accord », il m'a un peu dévisagé et avant qu'il s'en aille l'appeler, je lui ai demandé de lui dire de me rejoindre dans ma voiture. Je suis allé m'installer et j'ai allumé le moteur. J'avais peur de le revoir, mais j'étais content à la fois. Je ne voulais plus être triste. Même si la situation l'était, et énormément. Il a ouvert la portière et son doux parfum m'a transpercé les narines. J'ai bêtement souri, en regardant toujours face à moi. Il me manquait tellement. « Où est-ce qu'on va ? », « Quelque part », « A la planque c'est ça ? », « Non mais ça y ressemble ». On se parlait naturellement, comme si rien d'horrible ne s'était passé et j'ai souri. Ce qu'il s'était passé en chimie paraissait loin maintenant. J'ai roulé pendant une vingtaine de minutes et pendant le trajet, ni lui, ni moi avions dit un mot de plus, et j'avais l'impression que c'était beaucoup plus froid que je l'imaginais. Je me suis arrêté à un feu rouge, et il a posé sa main sur la mienne, tout en regardant le paysage dehors, à travers sa vitre. Il a doucement serré ma peau et j'ai fermé les yeux. La vie était sacrément folle. Arrivé sur la verdure et la rivière en face de nous, je l'ai pris par la main et nous nous sommes installés, pas loin de l'eau. Le Niall habituel aurait dit que cet endroit était génial et que je n'étais qu'un connard de ne pas lui avoir fait découvrir plus tôt mais le Niall de maintenant n'était pas aussi gai. Il faisait froid, et il tremblait. Nous étions assis, l'un à côté de l'autre et pendant de longues minutes, le silence a plané. Peut-être qu'il était trop fatiguée et que je l'épuisais encore plus? Nous écoutions le bruit de l'eau, je regardais attentivement le paysage en face de moi. Je venais souvent ici, avant, quand mes parents avaient divorcés et que ce n'était pas la forme. J'ai regardé Niall et ses yeux regardaient la rivière, il avait des yeux magnifiques. Je me suis rappelais la fois où il m'avait promis qu'il n'avait rien de grave à part le fait d'être un peu anxieux et angoissé par moment après notre premier baiser. Notre premier baiser était génial, j'ai souri. Il m'avait prévenu et je n'étais qu'un con qui a pensé que personne ne pourrait le détruire. J'ai fermé les yeux et je savais que maintenant, il allait tout me dire. Il allait enfin me dire la vérité.

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