Chapitre XIV

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Les journées paraissaient plus courtes maintenant, et je suis devenu complètement malade. Je ne supportais plus le fait d'être loin de lui parce que j'avais peur qu'il lui arrive quelque chose, je me levais en plein milieu de la nuit et je l'appelais, et il ne me répondait jamais, ce qui était normal parce que son téléphone était en silencieux la nuit mais je flippais quand même. Et même si  je voyais que ça le saoulait, c'était plus fort que moi. Quand il nous arrivait de dormir ensemble, je vérifiais systématiquement qu'il respirait en voyant si son torse se gonflait, ou je mettais un doigt sous son nez pour en être sûr. J'en devais parano, et ça me mettait sur les nerfs  mais je ne montrais jamais rien. Cela faisait juste une semaine et demi que nous étions re ensembles, et je craquais déjà psychologiquement. « Harry », « Hm », « Ce n'est pas cette exercice », « Quoi ? », « Tu fais le 52 alors que c'est le 63 à faire, t'as perdu genre 20 minutes pour rien », « Et tu me le dis que maintenant ?», « Je viens de le remarquer ». En chimie au moins, j'étais sûr qu'il allait bien, parce que j'étais là et que je ne lâchais pas des yeux. Le bac était dans un peu plus de deux mois, et je savais d'avance que je ne l'aurais pas. C'était impossible, j'avais accumulé beaucoup trop de retard dans les révisions et je savais que je n'allais pas réviser, je me voyais déjà redoubler. Et le poids sur mes épaules qu'était Niall et sa mort presque imminente n'arrangeraient absolument rien. « Demain on sèche », « Hein ? », je m'étais retourné vers lui, confus. Lui, sécher, c'était genre impossible. « Demain, on va où tu veux sauf en cours », « Mais il y a le contrôle de maths, tu révises comme un fou pour le réussir ». Je trouvais ça toujours aussi stupide de travailler alors que ça ne servait à rien dans sa situation. « Je m'en fous », « Woah t'es malade ou quoi ? », petite blague, gentil de ma part. « Très drôle », il avait vraiment rigolé pourtant. « Ça me va, on va où ? », il a souri et s'est remis à travailler. Je voulais instinctivement toucher ses cheveux, comme j'avais l'habitude de le faire mais je ne pouvais pas, ça paraîtrait trop suspect. Il me facilitait la tâche parce que sécher les cours se trouvait dans le top3 des choses à absolument faire avec lui.



Le lendemain, il est venu chez moi à 9h et on a pris ma voiture pour aller je ne sais pas encore où mais j'allais trouver. «On va où monsieur Freud? », « C'est excitant de sécher ». J'ai rigolé, on aurait dit qu'il s'échappait de prison, alors que tout ce que nous faisions était de rater les cours. « Ouais, c'est carrément génial, je t'emmène où ? », « Où tu veux, roules, je veux juste être avec toi », il avait dit naturellement, en regardant à travers la vitre et en mâchant son chewing-gum. Nous n'avions jamais été réellement expressif mais depuis ce qu'il s'était passé, tout avait changé. Je l'ai regardé et j'ai pensé qu'il allait énormément me manquer quand il ne sera plus là mais j'ai ravalé cette pensée pour éviter de me mettre de mauvaise humeur dès le matin. Aujourd'hui, c'était une journée comme les autres, où deux êtres qui s'aimaient aller sécher les cours pour passer le peu de temps qu'il leur reste ensemble, alors le bonheur sera au rendez-vous, et rien d'autre. « Tu démarres ? » « Ouais ».J'ai pensé à plusieurs endroits, à vraiment tout Londres et j'ai finalement trouvé un truc génial à faire. Je ne savais pas si j'avais assez mais connaissant des contacts, ça allait passer sans problème. « On arrive bientôt ? », « Attends Niall tu m'en demandes trop, je ne suis même pas encore sûr et certain d'aller là j'ai envie de t'emmener, tout ce que je sais, c'est que ça va être loin », j'ai commencé à rouler sans lui dire quelle était notre destination.  Il était 11h30 quand Niall s'était enfin réveillé. Il avait dormi, et qu'est-ce qu'il bougeait beaucoup pendant qu'il dormait. « J'ai faim », « J'ai du chocolat dans mon sac si t'en veux », « Le sucré ça me dit trop rien, t'as pas un peu de salé? », « Non, prends du sucré en attendant », « Mais je dois aussi pisser alors on fait comment ? », « T'es toujours chiant en voyage? », « Non mais j'aime bien la tête que tu fais que je te fais chier », « Je fais quoi comme tête ? », il a mimé la supposé expression que je faisais et j'ai doucement rigolé. « N'importe quoi, on s'arrête dans pas longtemps ». Après avoir roulé, soit trois bonnes heures, on est enfin arrivé à la plage. Je me suis imaginé la réaction des parents de Niall en apprenant qu'il avait sécher, et qui plus est avec moi. Niall ne comptait pas donner de ses nouvelles à ses parents tant que j'étais avec lui, ils penseront surement que je ne suis pas quelqu'un de bien. Je me suis mis à leur place une demi seconde et imaginer leur fils quelque part, sans savoir où, et non à l'école alors qu'il n'était pas au top de sa forme, ça devrait être inquiétant, maladivement inquiétant. « Tu t'es pété le cul à rouler tout ce trajet alors qu'on a la plage artificielle qu'à 40 minutes de chez nous ? J'apprécie l'effort », « Ta gueule, tu verras bien », « On fait quoi ici, sérieusement ? », « Tu veux te baigner ? », « Bien sûr ». Il veut toujours se baigner. Je l'ai pris par la main et on a marché quelques minutes avant d'arriver dans une  cabine. Là où je réserverai deux places pour un cours de plongée. Quand Niall a entendu "plongée", j'ai senti son regard choqué et fou se plaquait sur moi. Je savais qu'il allait apprécier, il aimait tellement la mer. J'étais censé réserver bien à l'avance mais mon père connaissait le mec de l'accueil, j'avais des contacts par son bief et pour une fois, je remerciais mon père intérieurement. Tout le monde fait de la plongée en été. Et puis quand bien même il n'aurait plus de place, nous avions la plage rien que pour nous. Après avoir parlé avec le copain de mon père, j'ai réussi à avoir deux places mais à prix légèrement plus élevé que d'habitude. Niall a instinctivement posé les billets sur le comptoir. Alors c'est parti en couilles à base de Reprends ton argent putain c'est moi qui paye, c'était une surprise mais il ne comprenait toujours pas et persister. Et j'ai fini par jurer sur tout ce que j'avais de plus cher au monde que c'était moi qui allait payer cette foutue partie de plongée.

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