Chapitre XIII

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« J'ai envie de me baigner », « T'es malade, elle est beaucoup trop congelé », et puis silence. C'était genre un avant gout sympa pour détendre l'atmosphère avant la tempête. « Je suis désolé de... te faire du mal », je ne pensais pas qu'on allait arriver aussi vite dans le vif du sujet. Je sentais mon cœur fondre. Je ne l'avais jamais senti aussi...sincère. Nous qui rigolaient toujours et qui ne prenaient rien au sérieux, c'était complètement différent à présent. « Dis pas ça », « Tout se retourne contre moi, c'est pas de ma faute». Cette phrase m'a faite mal. Mon sang n'a fait qu'un tour et je sentais la colère me montait au cerveau. « La ferme », je me suis levé et j'ai marché dans le sens inverse pour retrouver ma voiture, j'étais l'impulsivité incarnée. J'étais également énormément énervé contre lui, pour cette situation, pour son mensonge, pour tout. « Attends Harry, on ne peut pas discuter deux secondes normalement ? », « Qu'est-ce que tu veux à la fin Niall ? Tu m'as menti, tu veux que j'te suce aussi ? », je m'étais retourné, et il s'était mis debout. J'étais peut-être un peu trop violent dans mes propos mais c'était la réalité. Nous n'étions qu'à quelques mètres l'un de l'autre. « Quoi, t'aurais voulu que je te dise que ce n'était pas la peine de m'aimer parce que je n'étais qu'une merde et que j'allais finir par te laisser ? », « Ouais, t'aurais dû me dire ça, ouais », il n'a rien dit l'espace de quelques secondes, et j'ai aussitôt regretté mes paroles. « Je te l'avais dit de ne pas t'attacher », « Tu m'as juré que tu n'avais rien de grave également, tu m'as regardé droit dans les yeux en jurant, je te faisais confiance, je ne voulais pas te perdre comme ça », « Tout le monde finira par mourir de toute façon ». Je l'ai regardé assez méchamment puis je me suis retourné pour marcher vers les escaliers pour remonter sur la terre ferme quand Niall a posé sa main sur la mienne pour me retourner, et j'ai fini par exploser. « MAIS PUTAIN TU COMPRENDS QUAND JE TE PARLE? JE N'AI RIEN A FOUTRE DES AUTRES, C'EST TOI QUI M'IMPORTE ET TU M'AS MENTI, POURQUOI PUTAIN POURQUOI? JE VEUX PAS QUE TU CRÈVES COMME ÇA », il s'était reculé, et je voyais qu'il bouillonnait lui aussi. C'était ce que je pensais alors il était tant que ça sorte. « Mais qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Je voulais que tu m'aimes », « POURQUOI EST-CE QUE... », « C'EST TROP FACILE DE DIRE ÇA HARRY, MET TOI A MA PLACE, TU CROIS QUE C'EST FACILE POUR MOI, TU CROIS SINCÈREMENT QUE C'EST FACILE D'ETRE MOI ET D'ENTENDRE TOUT LE MONDE TE DIRE QU'AIMER QUELQU'UN C'EST IMPOSSIBLE PARCE QUE JE SERAI LE CON QUI FINIRA PAR MOURIR COMME UNE MERDE ET QUI ABANDONNERA SON PAUVRE PETIT COPAIN? PERSONNE NE COMPREND, T'ES PAS COMME TOUS LES AUTRES HARRY, T'ES PIRE FINALEMENT ». Il m'avait coupé le souffle. Je ne savais plus ce que je faisais, ni même si ce que je lui avais dit jusque-là a été pensé ne serait-ce qu'une seconde. Je voulais m'écrouler et pleurer parce que sentimentalement parlant, j'étais arrivé à bout. Je ne voulais plus être fort. On n'avait pas parlé une seconde de sa maladie, on n'avait pas évoqué ce sujet là et pourtant c'était pourquoi on se disputait. Je refusais de savoir la vérité. 

Pendant le trajet du retour, je n'ai pas osé parler, et lui aussi. Je ne pouvais pas croire qu'on en était arrivé là. Il y avait une semaine de ça, tout était parfait, je l'aimais, il m'aimait et ça suffisait. Alors pourquoi est-ce que maintenant ça ne suffisait plus ? Je me sentais extrêmement mal. Quand je suis arrivé devant chez lui, il est descendu, et je lui ai juste lâché un petit « Bonne nuit » amer auquel il n'a même pas répondu. Aucun regard. Je me détestais d'agir comme ça. Il ne méritait pas ça. Je l'ai vu entrer chez lui et je me suis remis à rouler vers chez moi. Pendant le trajet du retour, la petite voix au fond de moi me disait que je faisais une erreur, que je perdais encore plus de temps, que je l'aimais, et que ça devrait suffire pour faire demi-tour et le retrouvait. Mais il en avait clairement marre, de moi et de mes histoires à deux balles parce qu'il m'avait menti. Et au bout d'une petite minute, cette petite voix a eu raison de moi. Sur un coup de folie probablement, j'ai fait un demi-tour gigantesque pour retourner chez lui et heureusement qu'il n'y avait personne sinon j'aurais probablement percuté quelqu'un. Je respirais fort, et j'avais mal au ventre mais je m'en foutais, je savais ce que je voulais maintenant, ce que je voulais vraiment. J'en avais marre de trop réfléchir, de toujours penser, je devrais vivre et penser au jour le jour, et ça m'a pris une semaine pour le comprendre, je n'étais vraiment qu'un con fini. Je suis sorti de la voiture, et je me suis déchaîné sur la sonnette. Il était un peu moins de minuit et j'ai surement réveillé toute la maison, mais mon amour envers lui ne pouvait plus attendre, nous avions perdu un temps précieux, à cause de moi. Niall a ouvert la fenêtre et je me suis reculé, il était vraiment haut. « Qu'est-ce que tu fous putain? », au début je n'ai pas osé le répondre, et j'ai entendu une voix lui parlait, et il a juste répondu « C'est rien ». Quand il a finalement posé les yeux sur moi, j'ai ouvert la bouche. « Descends », « Rentre chez toi Harry », « Non, descends s'il te plait c'est important ». Il a soufflé et a fermé la fenêtre. J'ai attendu une minute avant qu'il n'ouvre la porte. Il avait encore son jean, et était torse-nu. « Je veux être avec toi »,je ne voulais plus perdre de temps, c'était la phrase qui tournait en boucle dans ma tête. « Moi aussi», sa voix était faible, « Je te propose qu'on reste ensemble, pour genre... toujours. On a chacun notre propre définition de toujours », « Tu en ai sûr ? ». Je voulais lui hurler que je l'aimais comme un fou, mais je me suis abstenu. Il parlait avec ironie et j'ai enfin revu son sourire. Je me suis approché de lui, qui était toujours devant sa porte sur le palier. « On va vivre comme si c'était la dernière fois qu'on se voyait, et comme si on se reverra le lendemain, tu vois? C'est cool, non? », j'ai souri. « C'est toi qui l'a dit Harry », « C'est une sorte de promesse, et je tiens toujours mes promesses». Toujours. Je ne savais pas combien de temps exactement il lui restait et je ne voulais pas savoir. Et je savais que ça allait me détruire un peu plus chaque jour mais je prenais le risque. J'ai rougi, et j'ai baissé la tête. Je ne pensais pas qu'on pouvait me changer, et il m'avait changé. J'étais prêt à tout par amour, c'était dingue. Ça donnait l'air d'être immortel et insouciant. « Merci de m'aimer », mais il est con ou quoi ? Il mérite d'être aimé, comme tout le monde. « T'es vraiment con », « Ta gueule », je me suis encore plus rapproché et c'est finalement lui qui m'a embrassé. Ce n'était pas comme la première fois où on s'était embrassé, pas comme quand on s'embrassait pendant qu'on le faisait, c'était différent. C'était le baiser le plus rempli d'amour de tous les baisers. Je ne voulais pas le laisser partir, et ce baiser sonnait comme une promesse. Ses lèvres étaient chaudes, et sa langue aussi. Il m'avait tellement manqué. Ses mains se trouvaient sur les joues, et mes mains sur les siennes. Il souriait et ça me faisait sourire aussi. Parfois, il s'arrêtait et regarder mes yeux avec un sourire et je déposais un bisou sur ses lèvres. C'était tellement fort comme sensation que je sentais mon cœur flancher de plus en plus. Je l'aimais à m'en tuer, et ça me tuerait pour de vrai. Le processus avait commencé, nos jours ensembles étaient désormais comptés. Et c'était ça, ce qui me détruisait le plus.

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