Chapitre -1- Une femme mystérieuse

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Là où je me trouvais, je ne pouvais pas apercevoir grand chose. Bien que mes paupières grandes ouvertes captaient chaque mouvement flou. Ils dansaient devant mon corps meurtri étalé sur le sol à la surface boueuse. Ma peau rentrait quelque fois en contact avec les fines et frêles plantes que je devinais enracinées profondément dans la terre.

Je tentais d'approcher ma main immobile vers mon visage amoché mais comme une traîtresse, celle-ci ne vint jamais. Je me focalisais donc à présent sur mon environnement, ma concentration semblait troublée par l'assassine douleur que j'éprouvais à la fois physiquement et mentalement.

Soudain, je remarquai une silhouette lointaine et imprécise marcher vers moi. Je n'étais pas seul! Si seulement je l'avais été... Plus la chose s'approchait, plus elle était nette, bientôt le petit point étrange à l'horizon avait deux jambes, deux bras puis de longs cheveux rose délavés qui descendaient en cascades jusqu'à ses pieds.

De ce que je pouvais distinguer, il s'agissait d'une femme d'environs 20 ans. Son visage était bouffi, de longues veines rouges coulaient le long de ses pommettes comme un chagrin indélébile et immortel. Une lueur rose habitait ses yeux perçant sans pupilles. Habillée d'un simple drap blanc, elle s'avançait dans l'épaisse brume tel un fantôme.

Quant elle fut assez près, la jeune femme approcha ses mains glacées et laiteuses de mon visage. Ses immenses griffes collées à mes joues descendirent tel un long fleuve tranquille vers mon cou et un frisson glacé me parcourut l'échine. C'est alors que, d'un geste bref et sans que je ne puisse comprendre elles se resserrèrent sur ma nuque et dans un dernier regard je vis son visage neutre et froid. Cette chimère s'évapora à travers mes yeux vides et sans vie...

•¤♧¤•

Une voix retentit dans le vide infini qui m'enveloppait, elle était douce et apaisante. Je tentai d'en trouver l'origine en vain, cette agréable mélodie m'était familière. Tout était flou dans ma tête, je n'arrivais pas à trouver du sens dans ce qu'elle me disait, mais j'étais sûr d'une chose, elle m'appelait.

Autour de moi tout était sombre, on aurait dit un gouffre où l'on tomberait à jamais sans pouvoir mettre pieds à terre.

Étrangement je n'avais pas peur, était-ce dû au cauchemar que j'avais fait plus tôt? À ce souvenir, je sentis à nouveau des mains me serrer le cou de toute leur force, jusqu'à l'entacher d'une couleur mauve. Mon souffle se coupa et mon cœur s'accéléra, je suffoquais.

Lorsque je fus sur le point d'agoniser la complainte s'intensifia et se rapprocha lentement de moi jusqu'à murmurer au creux de mon oreille dans un souffle chaud:

-Ombre... réveille toi, tu vas être en retard...

Les mains dénouèrent leur emprise et disparurent dans la brume froide puis mes yeux s'ouvrirent dans un élan de surprise, je relevai le haut de mon corps à toute vitesse et toussai à tous poumons expirant et aspirant de l'air comme un asthmatique.

J'approchai mes doigts frénétiquement jusqu'à mon cou et l'inspectai avec une grande précision comme pour vérifier que rien ne lui était arrivé. Ce n'était qu'un rêve, cette étrange femme n'existait pas. Elle n'était que le fruit de ma folie.

Il était habituel pour moi de faire des cauchemars mais ils n'étaient jamais d'une telle violence.

Puis je me souvins peu à peu de ce rêve et de cette voix rassurante qui m'appelait, je regardai autour de moi me doutant que cette partie n'était pas de ma création. Je vis alors au bord de mon lit, une jeune fille de 16 ans assise par terre.

Elle avait des cheveux fins noir s'arrêtant à ses épaules, ses yeux noisettes me fixaient soucieusement dans la pénombre de ma chambre, quelques taches de rousseur étaient parsemées sur ses pommettes rosées.

Deuil d'une euphorie -1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant